Chapitre 39

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~Lando~


Je m'efface pour laisser entrer Carlos et referme la porte lentement.

Je crois que mon cerveau s'est déconnecté à : "j'ai besoin de toi". Même si je suis conscient qu'il va mal et ça même sans la coupure qu'il a l'arcade, je ne sais pas si je suis prêt pour lui. Prêt à être là, à faire face avec lui et à trouver les mots pour qu'il se sente mieux. Je suis tiraillé entre l'envie de le prendre dans mes bras pour enlever cette lueur dans ses yeux et celle de lui dire que je ne suis plus cette personne, celle vers qui il peut se tourner et se confier.

Mais c'est Carlos : même si ma conscience me dit d'être prudent, je fonce tête la première vers lui.

Je me retourne, ses yeux et cette tristesse qu'il dégage me font frissonner. Je reste inerte face à sa posture et ses épaules voûtées, ce n'est pas mon capitaine combatif et déterminé, ce n'est pas celui qui savait comment me mettre à ses genoux en un regard. Ce n'est pas Carlos.

C'est dur de le voir comme ça, outre la blessure physique qu'il a à l'œil, c'est son comportement qui me rend nerveux, ce qui l'a mis dans cet état...

- Installe-toi, j'arrive, dis-je en lui montrant le canapé.

Je le laisse et pars en direction de la salle de bain en essayant de contrôler mon corps et ses réactions. Le voir comme ça déclenche en moi une envie de meurtre contre celui qui lui a fait ça, même si j'ai bien une idée du connard qui peut le mettre à cran, qu'il partage le même sang ne change rien.

J'ouvre l'armoire à pharmacie et sort de quoi le nettoyer et des pansements qui m'échappent. Je ferme les yeux et m'appuie contre la vasque en me sermonnant.

Carlos a besoin de toi. S'il faut être fort à un moment dans ta vie, Lando, c'est maintenant.

Je relève les yeux sur mon reflet dans le miroir, les traces de mon tabassage sont encore visibles et la fatigue se lit sur mes yeux. Je n'arrive pas à dormir. Le doc m'a refilé des somnifères, mais je ne veux pas dépendre d'une substance pour pouvoir plonger dans le sommeil. Je veux que ces images cessent de me hanter et que tout redevienne normal. Ma mère qui passe le plus clair de son temps chez moi a essayé de me faire comprendre que je dois en parler, que les victimes ont besoin d'exorciser. Je ne suis pas une victime. Je ne suis pas faible. J'ai juste besoin de temps. S'ils m'ont eu, c'est parce qu'ils étaient plusieurs, sinon jamais je n'aurais fini dans cet état. Je refuse de me laisser dominer par ce sentiment de peur et d'incompréhension, je ne serai pas leur victime.

Je me baisse pour ramasser les pansements et pars en direction de la cuisine prendre une bouteille d'eau avant de rejoindre Carlos dans le salon.

Il est assis sur le canapé, la tête baissée et les bras appuyés sur ses genoux. Je m'avance vers lui et m'installe sur la table basse en face de lui en déposant le matériel à côté de moi. Carlos relève la tête vers moi et ne dit rien quand je déballe des compresses et les asperge de désinfectant. Ça n'a pas l'air trop profond et ça s'est arrêté de saigner, mais une grosse traînée a séché sur sa joue.

Je me penche vers lui, ses jambes entre les miennes pour essuyer le sang et la larme qui coule de ses yeux. Il les ferme et serre les poings comme pour ne pas craquer, mais il en a le droit, il le sait. Avec moi, il peut se laisser aller.

- Ton père ? je demande quand je vois qu'il lutte pour rester maître de lui-même.

Carlos se laisse faire et hoche simplement la tête, pour répondre à ma question. Je passe et repasse les compresses sur sa peau à vrai dire je voudrais que mes doigts le touchent, je voudrais le prendre dans mes bras et le rassurer sur le fait que je suis là pour lui, même si j'ai peur et que je ne sais plus rien à présent, s'il a besoin de moi je serai là quoi qu'il se passe entre nous.

- Comment tu as fait ?

Je recule un instant pour prendre un pansement et souris en pensant à mes parents.

- Mon père peut être un gros con parfois, mais pour ça, il m'a toujours accepté. Je crois qu'ils savent que ce n'est pas un choix de ma part, mais que je suis comme ça et que je ne peux rien y faire. Ils m'acceptent parce que...

Je ne finis pas alors que Carlos plante son regard dans le mien. Lui dire que mes parents m'aiment n'est peut-être pas la meilleure chose à faire dans l'immédiat.

- Ils t'aiment. Je l'ai vu quand on a été chez eux, ils t'aiment quoi que tu fasses.

Je colle le pansement sur son arcade, nos visages sont si proches que je n'aurais qu'à me pencher un peu pour l'embrasser, pour retrouver le goût de ses lèvres.

- Je pensais...

The Hidden Face [Carlando]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant