Chapitre 40

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~Carlos~
 
 
Je sens une chaleur familière m'envelopper, je mets quelques minutes à reprendre mes esprits, le temps pour mon cerveau de comprendre à qui appartiennent les deux bras qui m'entourent. Dans un premier temps, un sourire naît sur mes lèvres, je me réveille comme n'importe quel matin depuis des semaines, après une longue nuit à connaître le paradis dans les bras d'un amant longtemps cherché et inespéré. Je me blottis contre lui à l'instant où le second temps vient me frapper. Je perds la trace de joie sur mon visage, et me fige tant la réalité me frappe de plein fouet, douloureuse, mais tellement réelle.

Je suis dans le lit de Lando après m'être « gentiment » fait exploser par mon paternel, suite à l'annonce publique de mon homosexualité. Rien ne va, c'est la merde totale dans ma vie. L'homme avec qui je suis à cet instant n'est plus à moi, comme le sont deux êtres qui s'aiment. On s'est fait beaucoup de mal, on souffre, et j'en déduis à nos deux corps nus collés l'un à l'autre que ce que l'on a fait va faire beaucoup plus de dégâts encore.

Tout est différent aujourd'hui, énormément de choses le sont. On n'aurait jamais dû coucher ensemble, être comme ça, faire comme si rien ne s'était passé, comme si tout était encore comme avant.

J'inspire profondément et tente par la même occasion de calmer la douleur qui naît dans ma poitrine. Des images de la veille me reviennent à l'esprit. Toute la nuit, nous nous sommes consolés l'un l'autre, en oubliant tout le reste et surtout les conséquences de ces heures passées ensemble, sur notre futur.

Je ferme les yeux et serre les poings avec force. Bon sang, qu'on me pardonne, mais j'en avais tellement besoin, j'avais besoin de Lando, j'en ai encore besoin, mais je comprends qu'il soit trop tôt. Je ne peux pas rester dans ce lit, à attendre que le mec que j'aime se rende compte de l'énorme connerie que nous avons faite sans être préparés, mais surtout sans s'être protégés, aucun de nous n'a réfléchi... Je ne veux pas avoir à vivre un autre rejet, ce serait beaucoup trop en l'espace de quelques heures. Si celui de mes parents, je m'y étais inconsciemment préparé depuis des années, celui de Lando, absolument pas.

Délicatement, je me tourne pour faire face au corps encore endormi de mon amant. Lando est allongé sur le côté, blotti contre mon dos avant que je ne me retourne. Ses cheveux sont en bataille, il a le visage détendu d'un homme qui a passé la nuit à s'envoyer en l'air comme il se doit, avec la personne qu'il désirait depuis un moment. Je retrouve cette expression chez lui qui me plaisait tant et qui me plaît encore. Et derrière celle-ci, j'y vois la peur et la crainte, dans ses bras qui sont autour de ma taille et qui me serrent contre lui, comme s'il craignait que je m'en aille encore et ça me brise le cœur de le voir dans cet état, par ma faute.

J'aurais aimé que ce matin soit différent, qu'il n'y ait pas dans l'air ce profond sentiment d'incertitude et de regrets. Parce que si je pouvais, j'attendrais que Lando se réveille et je lui dirais que j'ai davantage besoin de lui qu'un plan cul pour me consoler.

Sauf que je ne suis pas prêt, absolument pas prêt. Je veux réparer tout ce qui s'est passé avant de revenir vers lui, pour lui assurer qu'à présent, plus jamais je ne le blesserai comme je l'ai blessé pendant ces dernières semaines.

Je veux mériter à nouveau de pouvoir me réveiller dans le même lit que lui, sans cette tristesse qui m'habite.

Je me penche vers Lando et embrasse sa joue râpeuse, j'ignore les marques de son agression, je ne veux pas qu'elles m'influencent. J'ai envie de rester avec lui, mais je ne peux pas, et ça, tout ce qui marque son corps me ferait faire le mauvais choix pour l'instant.

Lando remue contre moi, et resserre sa prise autour de ma taille. Je me maudis si je le réveille...
 
—  Carlos ?
 
Je me maudis intérieurement en entendant la voix rauque de Lando, il a encore les yeux fermés et, le connaissant, il peut se rendormir instantanément.
 
—  Rendors-toi, il est tôt. Je ne bouge pas.
 
Je me sens comme le pire des connards en disant cela, sachant très bien que lorsqu'il émergera, je ne serai plus là. Lando ne pipe pas un mot, il se rendort immédiatement. Je reste immobile quelques instants, le temps de m'assurer qu'il est reparti dans les bras de Morphée, sa respiration devient lente.

The Hidden Face [Carlando]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant