MADNESS OBSESSION

12 - pupilles vertes

YSIA

Si je devais décrire cette douleur qui me ronge depuis maintenant deux jours , je dirai qu'elle envahit chaque partie de mon corps pour ne laisser que la peur et l'angoisse régner.

Les mains moites, assise sur ce lit, j'attends.

Je ne sais même pas ce que je suis entrain d'attendre. Ma mort sûrement.

Plus rien n'a de sens et depuis maintenant deux jours , j'essaie de calmer mon cerveau qui n'arrête pas de se repasser la scène de cette soirée.

La façon dont il m'a parlé , les mots qu'il a employés. Chacune de ses syllabes englobe mes pensées , les rendant un peu plus noirs chaque jour. Mes repas sont limités. Pas parce que ce Miguel ne me propose pas de manger mais parce que mon ventre ne veut plus rien accueillir. J'ai l'impression de me laisser mourir petit à petit, chaque jour.

C'est comme un automatisme...

Qui aurait cru que l'homme qui m'a sauvé la vie refasse surface, me maudissant un peu plus chaque jour parce que je respire le même air que lui. Il me déteste pour une raison inconnue et pour l'instant c'est la seule chose qui me donne envie d'en savoir un peu plus sur cette affaire.

Autrement, tout ce qui concerne cet Amir , je ne veux plus jamais en entendre parler. Je ne veux plus entendre son prénom sortir de la bouche de quelqu'un. Et le fait que maintenant, ma tête vaut un million d'euros me bousille l'espoir d'un jour sortir de cet appart en vie.

La porte s'ouvre dans un grincement, faisant tourner ma tête vers ce que j'imagine être la silhouette de Miguel. Il tient dans sa main une bourse, un énorme sourire sur son visage. Ça ne fait pas si longtemps que je suis enfermée avec lui mais à chaque fois que je vois son visage, il aborde un grand sourire.

Si son but est de me rassurer, on est loin de ça.

_ T'as pas mangé depuis hier soir, je me suis dit que tu aurais faim du coup je t'ai pris quelque chose.

Je le regarde sans bouger, ne voulant pas lui répondre. Mon ventre ne veut plus rien avaler, ce n'est pas faute d'avoir essayé. J'ai fini au toilette entrain de vomir hier soir.

Il s'avance doucement jusqu'à arriver devant le bord du lit. Il s'installe puis dépose le sac sur le lit, à côté de moi.

_ Si tu ne manges pas, je vais me faire tuer. C'est lui qui m'a dit de te ramener un truc.

Comme c'est lui qui t'as demandé de dormir dans la même pièce que moi...

Il ne me lâche quasiment jamais le soir, me laissant seule seulement la journée. On ne partage pas le même lit mais je ne pense pas que dormir sur une chaise soit son choix à lui. Est-ce que ce Alec est aussi violent pour qu'ils aient autant peur de lui ?

J'attrape la bourse de mes mains moites afin qu'il me laisse tranquille. Je sors son contenu et cette boule au ventre refait surface. Un sandwich comme depuis que j'ai posé un pied ici.

Il s'agirait d'innover.

Pour tout vous dire, j'attendais qu'il sorte de la chambre comme il a l'habitude de le faire, pour que je puisse me débarrasser de ce sandwich mais il ne bouge pas d'un centimètre.

Il voit l'incompréhension sur mon visage et son sourire s'agrandit.

_ Il m'a aussi demandé de rester un peu avec toi.

Je ferme les yeux quelques secondes pour essayer de canaliser le surplus de haine qui réside en moi. Le fait d'être restée seule pendant deux jours m'a aussi permis de développer une haine sans fin pour ce psychopathe. Le détester parce que ses phrases ressemblent plus à des énigmes qu'autre chose.