MADNESS OBSESSION

36 - Macarons

ALEC

Neuf ans.

Maintenant neuf ans que je suis enfermé dans cette chambre.

Mon cerveau réfléchi, pense, se pose des questions.

« Ta sortie est prévue dans un mois »

Un mois.

Je fixe la fenêtre en face de moi, le visage neutre pourtant dans ma tête, ça crie, ça hurle, c'est l'euphorie.

Sortir de ce cauchemar n'était que dans mes plus grands rêves, jamais je n'aurai pensé quitter ce lieu des enfers. Je les entends crier et il a beau être 00h00, les cris perdurent venant troubler le silence apaisant que nous offre la nuit étoilée. Car oui, les étoiles sont sorties, se frayant un passage entre les nuages pour venir m'offrir leur plus belle luminosité. Me montrant la lumière au bout du tunnel.

J'ai reçu cette information ce matin et si au début, je n'ai rien ressenti, il m'a fallu du temps pour réaliser ce que voulait dire, « ta sortie est prévu dans un mois ».

Je remonte mon pantalon, toujours aussi grand, un sourire s'affiche sur mon visage. Le premier depuis des années. J'ai envie de sauter, de courir, de cirer de joie. Exprimer ce sentiment que je ressens que très rarement et qui me donne une bouffée d'air frais.

_ Qu'est-ce qui te fais sourire comme ça ?

Je me relève rapidement au son de sa voix. Mon cœur accélère d'un coup et je ressens un surplus d'émotion que j'ai du mal a gérer.

Madame Miller.

Enfin.

Ça fait maintenant des mois qu'elle passe me voir que lorsqu'elle en a envie. Elle a fini par elle aussi me délaisser. Il m'arrivait même des fois de l'appeler via le téléphone disposé dans la chambre mais elle ne répondait jamais.

Elle est devenue froide, distante.

Pourtant les seules fois où elle vient me voir, elle me redonne espoir. Espoir qu'elle redevienne comme avant.

Mais c'est trop tard Alec, tu pars.

Tu quittes cet endroit, laissant derrière toi juste le souvenir de son joli sourire.

_ Répons, qu'est-ce qui te fais autant sourire.

Je ne bouge pas et ma voix reste bloquée au fond de ma gorge. Je ne sais pas comment je vais faire pour lui annoncer cette nouvelle. Comment va-t-elle le prendre ?

Est-ce que je devrais lui dire maintenant ou partir, gardant pour moi, tout ce qu'on a vécu.

_ Bien, je vois que tu n'as pas envie d'en parler.

Elle s'avance lentement, observant la chambre avec un regard calculateur. Elle cherche, je le sais parce que je connais toutes ses mimiques désormais.

Et quand elle s'arrête devant cette feuille qu'on m'a envoyée ce matin, je la laisse la lire parce que les choses se sont faites sans même que je ne prenne une décision.

Son sourire commence à s'évaporer dans l'air, laissant son visage strict, sérieux prendre place. Je baisse le regard, comme honteux de ressentir de la joie.

Comment est-ce que je suis censé être heureux si elle ne l'est pas. Mon bonheur doit dépendre du sien, c'est bien elle qui me l'a dit.

Ses mains commencent à trembler faisant, par la même occasion, trembler la feuille. Elle retire ses lunettes pour les poser sur la table à ses côtés.