20 - Hôpital psychiatrique

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ALEC


Les lumières clignotent.

J'ai peur qu'elles s'éteignent parce que ça voudrait dire que je ne pourrai plus voir ce qui m'entoure.

C'est effrayant.

Et plaisant à la fois.

C'est la première fois que papa me propose de sortir avec lui et même si je suis totalement épuisé j'ai accepté. Lui aussi doit être fatigué avec le travail et pourtant il a accepté de sortir.

Je ne sais pas où nous sommes.

C'est un jardin au milieu du vide. Une petite maison à moitié détruite se trouve au loin mais sans aucune trace de vie humaine. Il fait froid.

L'hiver est ma saison préféré. J'aime ressentir l'air frais envahir chaque parcelle de ma peau tandis que je me blottis dans ma veste. Pourtant aujourd'hui papa m'a interdit d'en mettre une.

Alors.

J'observe ma peau commencer à devenir bleu sous le vent hivernal tandis que papa avance vers la petite maison.

Il m'a demandé de l'attendre ici.

Au beau milieu de je ne sais où.

J'ai douze ans.

Douze ans et je ne suis pas fichu de tenir dans le froid. J'ai honte, papa a honte de moi aussi.

Maman...

Elle..

Je pense qu'elle n'a pas d'avis à donner sur ça.

Je vois la silhouette de mon père avancer dans ma direction, un objet à la main, traînant quelque chose derrière lui.

Le bruit de ses pas contre la neige apaise un peu plus mon cœur, gelé par le froid. Mes ongles commencent à bleuter. C'est horrible.

Horrible.

Il cherche à me faire détester les choses que j'aime le plus.

Puis plus il avance.

Plus je comprends.

Je comprends.

Et je me retiens de vomir. Parce qu'un homme ne vomit pas... Un homme n'a pas peur, il ne doit pas exprimer ses émotions. Il doit rester dans le silence et montrer qu'il a une totale confiance en lui.

Même si tu as peur.

Même si tu as froid.

Même si ça te dégoûte.

Tu ne dois pas.

Tu ne dois pas.

Tu ne dois pas.

Il jette la pelle en face de moi et lâche le bras qu'il tenait. Le bras de l'homme sans vie qu'il a traîné jusqu'en face de moi.

L'homme qui était caché dans cette petite maison et qui est mort pour une raison qui m'échappe.

_ Tu prends la pelle et tu creuses.

Je regarde le cadavre qu'il a à côté de ses pieds avec effrois. Malgré l'ordre qu'il vient de me donner, je ne bouge pas.

À cause du froid ?

À cause de la peur ?

Je ne sais pas.

MADNESS OBSESSIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant