33 - Traumatisme

85 11 0
                                    

YSIA




Les mains légèrement tremblantes, je reste bouche bée face à ses dires. Il a prononcé cette phrase avec tellement de simplicité. C'est comme s'il venait de dire la chose la plus banal possible.

Pourtant, c'est tout ce que j'ai cherché à savoir durant ces deux dernier mois en leur compagnie. Inaya a côté de moi essaie de suivre la conversation comme elle peut. Je vois qu'elle cherche à avoir les réponses à ses questions elle aussi.

En l'occurrence, savoir ce qu'à fait Alec pour me mettre dans cet état.

_ J'ai connu Alec à l'âge de six ans. On n'était pas forcément amis au début. On va dire qu'on a commencé à sympathiser quand on est entrée au collège.

_ Pourquoi il nous raconte sa vie ? Me murmure Inaya à l'oreille, coupant Hakan dans son élan.

Il aura beau la menacer par tous les moyens, elle ne cessera de continuer de le chercher. Inaya quand elle n'a pas peur, elle n'hésite pas à le montrer.

Mais cette fois-ci, c'est moi qui lui demande de rester silencieuse parce que certes, Hakan est entrain de nous raconter un bout de sa vie mais elle est primordiale pour répondre à mes questions.

Tant pis pour les paroles de Miguel qui me disait de ne pas chercher à savoir. L'information que m'a donné Alec en me faisant découvrir le contenu de ses cassettes n'a fait que nourrir ma curiosité morbide.

_ Je peux continuer ? Dit-il en fusillant du regard Inaya.

_ Oui vas-y, continue, lui dis-je en jetant un regard à Inaya qui finit par lever les sourcils et poser sa tête sur mon épaule.

Je regroupe mes jambes devant ma poitrine et m'installe convenablement afin d'écouter la suite de son récit.

_ Alec était l'enfant bizarre. Il ne parlait jamais et était toujours seul dans un coin. Lorsque toute la classe rigolait, lui affichait un visage neutre. Quand les autres étaient tristes, lui n'éprouvait aucune émotion. Moi comme les autres, on pensait qu'il n'avait pas d'émotion ou qu'il ne s'avait pas les exprimer.

L'image de son visage, neutre, sans âme, sans vie me revient en tête et c'est comme si je plongeais dans ce qu'il me racontait. Je l'imagine enfant, ce visage inexpressif. 

_ Il se faisait harceler. Que ce soit en primaire ou au collège. Pour ses habits, sa façon de se comporter. Pour sa voix, ses affaires, la pâleur de sa peau. 

Je me rappelle des paroles de Mona comme si elles étaient gravées dans mon cœur à jamais. 

Je bois ses paroles avec effrois, me demandant quand est-ce que j'allais découvrir quelque chose qui allait bouleverser toutes mes émotions. 

_ Je suis du genre à aller vers les gens même s'ils sont bizarres alors j'ai fait le premier pas. Je ne vais pas te mentir, être amis avec lui n'était pas la chose la plus divertissante. Il était ennuyeux, ne parlait jamais et il finissait même par pleurer tout seul sans aucune raison. 

Mon cœur commence à se briser en petit morceau. Même les gens les plus cruels ont une part de sensibilité. 

Vous voyez quand je vous parle d'une part d'humanité, c'est ce que je cherche en eux pour pouvoir me rassurer. Parce que la sensation que je ressens au fur et à mesure de ce qu'il me dit ne peut-être justifier que par cela. 

_ Sérieusement, je lui servais clairement à rien. Un poteau pouvait prendre ma place, ça n'aurait rien changé. 

Il laisse échapper un petit rire qui me fait sourire. Plus par gentillesse qu'autre chose. La boule dans mon ventre ne fait que croître au fur et à mesure qu'il continue, laissant mon visage à la recherche de quelles émotions exprimer. 

MADNESS OBSESSIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant