Les deux garçons sortirent dans la cour du palais et se dirigèrent vers la grille. Taichi ne cessait de blablater à propos des problèmes rencontrés en cuisine. Satori ne lui prêtait pas la moindre attention. Les cuisines, c'était le cadet de ses soucis. Non, tout ce qui occupait ses pensées, c'était la manière dont les étrangers, là-haut, avaient répondu à Kenjirō. Comment avait-il fait ça ? Sans même leur adresser un mot ? Ça ressemblait à un tour de mentaliste, d'illusionniste. Mais comment c'était possible ?
Et puis, au moment où ça s'était passé, une sorte de bourdonnement avait empli la pièce, une pulsation, comme si l'air vibrait. Y avait-il un rapport ? Est-ce que, si fou que cela puisse paraître, Kenjirō était capable de générer des vagues d'ultrasons à haute fréquence ? Et est-ce que, d'une façon ou d'une autre, les étrangers y répondaient ? Kenjirō n'était qu'un ado. Ok, un ado un peu déjanté, mais un ado tout de même. Et les étrangers ? De vulgaires sacs de pus sans cervelle. Comment auraient-ils pu comme ça, du jour au lendemain, apprendre à communiquer par ultrasons ? Peut-être qu'il y avait autre chose. Certains animaux par exemple, communiquaient autrement que par les sons. Ainsi Satori avait-il appris que certaines espèces d'insectes se servaient des phéromones. Les abeilles dansaient... Mais les aristocrates dégénérés qui étaient enfermés là-haut n'étaient pas des insectes, n'est-ce pas ? C'étaient des humains. Tout comme Kenjirō. Ok, les sang-bleu étaient tous infectés par le mal, mais cela n'enlevait rien à leur nature, qui restait humaine. Et Kenjirō ? Sûr que c'était un drôle de type, qu'il avait dû se manger une bonne tuile pour être aussi barré, aussi tordu. Mais après ? Il n'en restait pas moins humain. Forcément humain.Décidément, le monde tel qu'il allait était parfois difficile à suivre. Au point qu'il arrivait à Satori de regretter de ne pas être comme Taichi. Taichi ne réfléchissait pas. Jamais. Il se contentait d'accueillir les choses comme elles venaient... et de s'y adapter. Sans se prendre la tête. Pourquoi essayer de tout décrypter ? Pourquoi ne pas simplement être heureux ? C'était ça le truc, avec Taichi - fondamentalement, il était heureux. Du coup, il n'y avait guère plus à dire à son sujet. Bêta, mais heureux.
Est-ce que Satori lui-même était heureux ? Difficile de répondre. La plupart du temps, il était, un point c'est tout. Ni heureux, ni triste, ni déprimé. Juste présent, tout simplement. De temps à autre, il y avait des parenthèses de bonheur. Cinq minutes par-ci par-là, quand quelque chose de bien arrivait : la découverte d'une réserve de bouffe lors d'une maraude ou une bonne blague racontée entre potes. Alors, bam, ça lui sautait à la figure : Je suis heureux, là, ça fait du bien. Et puis, à peine le constat dressé, ça passait.
Était-il heureux à l'instant présent ?
Ni heureux ni triste. La balance pouvait pencher d'un côté ou de l'autre.- Y veut quoi Ryan ?
- Il a pas dit, répliqua Taichi.
- Qu'est-ce qu'il fout dans le coin ? Il a apporté des trucs à échanger ? Moi qui pensais ne plus jamais le revoir.
- Je crois pas qu'il soit là pour faire du troc. Y s'est juste pointé comme ça, avec ses chasseurs. J'imagine qu'ils passaient dans les parages. Il a juste dit qu'il voulait te parler.
- Il a dit à propos de quoi ?
- Négatif.
Et, bien sûr, Taichi n'avait pas songé à lui poser la question. Heureux, mais bêta. Qu'est-ce qui pouvait motiver cette visite ? Avant, Ryan venait tout le temps, des trésors plein les poches, des trucs qu'ils récupéraient lors de leurs incessantes maraudes. Ou bien des informations importantes. À présent, Satori ne l'avait pas vu depuis des lustres. Dans son souvenir, il y avait eu une embrouille. Pour une connerie. Genre, Ushijima avait promis de donner quelque chose à Ryan, avant de se dédire, prétextant à tort que le chasseur n'avait pas honoré sa part du deal. Un truc comme ça. Du Ushijima tout craché.
Qu'est-ce qui pouvait justifier que Ryan ravale son orgueil et revienne traîner par ici ?
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ENEMY Tome 5 : La fin
FanfictionNishinoya découvre que l'armée de Saint Georges se dirige vers le cœur de Tokyo. Il doit à tout prix convaincre les enfants de s'unir s'ils veulent survivre : la bataille finale s'annonce sanglante. Personne n'en sortira indemne...