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Les deux musées étaient côte à côte. Le musée d'Histoire naturelle, entièrement dédié aux merveilles du monde naturel et celui de la Science consacré à celles façonnées par l'homme. Osamu et Atsumu auraient été bien en peine de dire lequel ils trouvaient le plus intéressant.
Pour eux, le musée de la Science, c'était Disneyland. Après « La maîtrise de l'énergie » ils avaient traversé la division « À la conquête de l'espace » et se trouvaient maintenant dans la partie consacrée à « La construction du monde moderne ». Ils faisaient définitivement penser à deux gamins dans un magasin de jouets quelques jours avant Noël. Voiture, avions, moteurs, horloges, ordinateurs, vaisseaux spatiaux, trains à vapeur, motocyclettes, toutes les technologies étaient abordées, disséquées, expliquées. Jackson leur avait indiqué le passage depuis la salle précédente et elle les escortait, juste au cas où. Personne au musée n'était venu là depuis des lustres.

- C'est à ça que sont rendus tous ces trucs, dorénavant ? leur demanda-t-elle. Des pièces de musée ? Est-ce qu'un jour on sera capable de retrouver notre niveau d'antan ? De refaire marcher tous ces machins ?

- On peut le faire, répondit Atsumu.

Il était habillé tout en noir, de même qu'Osamu. Avec ce look, ils se ressemblaient. Certains les appelaient les « emos » ; pas Jackson car, selon elle, l'intérêt qu'ils témoignaient pour la science et la technique les excluait de facto de la catégorie. De son point de vue, ils n'étaient ni emos ni goths. Pas plus que punks, fayots, geeks, petits génies ou nerds... Non, ils n'étaient rien de tout ça. Ils étaient simplement eux-mêmes. Deux gamins passionnés par les sciences et la technique, par la façon dont les choses fonctionnent. Quel mal avait-il à cela ? Des enfants tels que Osamu et Atsumu allaient jouer un rôle aussi important que des guerriers comme Bokuto et elle si jamais ils parvenaient à recoller les morceaux et à revenir à la situation d'avant. Par conséquent, elle ne les quittait pas d'une semelle, les surveillait de près, histoire de s'assurer qu'ils ne finissaient pas au menu d'une bande de crevards.
Les voyant courir d'une vitrine à l'autre, des éclairs dans les yeux, un sourire radieux aux lèvres, elle esquissa un sourire.

- Alors comme ça, vous pourriez redonner vie à ces trucs ? demanda-t-elle.

- Pas tous, mais à certains, oui, répondit Osamu. Pour le reste, il faudrait d'abord travailler un peu. Et il y a tout ce qu'il faut ici, des livres, des articles, des fichiers, des manuels.

Jackson ne put s'empêcher de faire la grimace. Elle avait toujours détesté les manuels. Toutefois, elle était contente que d'autres trouvent un intérêt, voir du plaisir à les lire.

- Y a tout ce qu'y faut pour reconstruire, dit Atsumu.

- À condition qu'on soit pas rayés de la carte, nuança Jackson.

- C'est là que tu intervient, dit Osamu. Tu tailles l'ennemi en pièces pendant que nous on essaie de démarrer le moteur. On a tous un rôle à jouer. À nous la mécanique, à toi la dérouillée.

Jackson éclata de rire.

- Je ne suis donc bonne qu'à ça ?

- On a besoin des talents de chacun, dit Osamu. C'est comme ça. Sans diversité, point de salut. Si on était tous ingénieurs ou tous guerriers, ça servirait à rien. En revanche, si on s'unit, alors on peut être très forts.

Jackson n'écoutait pas. Son radar s'était allumé. Des mois d'affût, de chasse et d'extermination de crevards avaient aiguisé ses sens, l'avaient conditionnée. Subitement, elle était devenue un chien d'arrêt dressant l'oreille.

- Ho, ça va, ou quoi ? demanda Atsumu en la regardant d'un drôle d'air. Qu'est-ce qui se passe ?

Pour toute réponse, Jackson huma l'air et ferma les yeux pour mieux se concentrer.

ENEMY Tome 5 : La fin Où les histoires vivent. Découvrez maintenant