Ch 18 : Vent mélodique

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Yuan Lie marcha jusqu'au pied du géant de pierre et se dirigea vers le lieu de l'accident. Cime-d'Ail était la plus haute montagne de tout Yelang, avec un sommet plat qui devint le berceau d'un petit village. Il formait une forteresse naturelle et parfaite contre toute invasion. L'air frais qui y régnait et la vaste étendue d'herbes et d'arbres en faisait un endroit idéal pour les bêtes. De temps en temps, les villageois descendaient des pâturages de la montagne pour se rendre aux marchés des villages ou en ville pour troquer ou pour faire des emplettes. Le jour de sa mort, mademoiselle Lune descendait de la montagne lorsqu'un Yao prit naissance quelque part sur le flanc ouest et entraîna sa perte.

Kaze avait placé un dôme de brouillard pour éloigner les badauds et maintenir les lieux tels qu'ils étaient au lendemain de l'accident. Ce dôme s'évapora dès que le jeune homme s'en approcha. En inspectant les lieux, il releva des résidus de papiers brûlés, disséminés sous des rochers, avec des gribouillis dessus.

''Des talismans... Cet endroit doit être le lieu du rituel de purge. Les cultivateurs ont probablement déjà chassé l'esprit, surtout si l'on imagine la colère qu'a dû ressentir le chef de clan en arrivant ici et en découvrant le massacre de sa promise. Ce yao n'avait aucune chance.''

Un vent chaud printanier soufflait et Yuan Lie espérait trouver un indice qui puisse lui apporter un peu de lumière dans sa quête à résoudre avant que les indices ne disparaissent avec la chaleur, il releva donc tout ce qu'il observait.

''Les pierres et le sol sont encore mous à certains endroits, il avait plu à verse.'' Il scruta les environs et vit plusieurs paires d'empreintes de pieds dans la boue qui avait séché par endroit.

Il remarqua que le pan de la montagne qui s'était détaché s'étendait sur cent zhangs. Confirmant ses dires, il suivit le cours de l'éboulement lorsque, plus loin, il aperçut les restes du cadavre d'un cheval noir, écrasé sous des rochers, aux parois tachées de sang. L'odeur particulière d'animal mort imprégnait fortement l'air et la terre. Yuan Lie se fraya un chemin à travers les rochers sur plusieurs li et soudain, entre deux rochers, il repéra une parfaite empreinte laissée par un sabot de cheval. À cet endroit, le sol, étrangement, était sec et l'empreinte avait presque disparu. Or, elle était parfaitement protégée des vents grâce aux rochers qui l'entouraient. Il continua à chercher plus loin jusqu'à l'endroit où l'éboulement avait commencé, mais ne trouva pas d'autres indices. Finalement, il escalada la montagne pour chercher d'autres éléments, mais ne releva rien de plus concluant.

Il retourna à l'ancre qui avait été imprégnée par le Yao ayant causé l'effondrement. C'était un arbre. Il n'en restait qu'une souche partiellement brûlée, abattue à coups de sabres et d'épées. Yuan Lie s'imagina que les cultivateurs avaient tenté d'y mettre le feu pour compléter le rituel, mais le feu n'a pas dû prendre à cause de la pluie. Fou de rage et hors de lui, le fiancé n'avait pas baissé les bras, et s'était acharné à abattre l'arbre avec sa propre épée, jusqu'à ne laisser que des marques d'entailles et des copeaux sur la misérable souche.

Yuan Lie chercha autour, mais ne découvrit pas d'autres pistes. Il observa les alentours et réfléchit à une hypothèse en se basant sur ses observations.

'' La victime était à cheval et elle a tenté de fuir. L'empreinte sèche était protégée des vents, le sol auraient dû être boueux à sa place et la trace du cheval devrait être plus prononcée, mais elle est à peine visible. Ce qui signifie que là où mademoiselle Lune se trouvait, à ce moment, il ne pleuvait pas encore... Un éboulement sur toute la longueur est très étrange surtout avec la pluie qui n'est tombée que sur une partie réduite. La Création d'un esprit venant de s'ancrer n'aurait pas causé un éboulement sur une surface aussi étendue, alors que les traces de pluie se trouvent d'un côté seulement... Tout le flanc tombé aurait dû se creuser avec la pluie mais le tracé des chutes démontre plutôt que l'éboulement a suivi un cours linéaire... comme une vague qui suivait le parcours d'une personne s'échappant à cheval, pour tenter de l'ensevelir... jusqu'à y parvenir.''

Rien Que l'ÉternitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant