Ch 53 : Tu es à la fois mon bourreau et ma délivrance. (Partie 1)

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*Bonus*

Dans l'archipel de Yongdong, sur un îlot non loin du Mont Zhu où le couple Qian-Yuan avait établi leur demeure, le maître de maison arpentait les couloirs d'un pas rapide et tourna la tête pour regarder à travers une fenêtre en treillis. Son visage semblait contrarié et il lâcha un « ch ! » d'agacement en remarquant plusieurs bateaux au loin sur la mer qui venaient dans leur direction, tels des nuages sombres annonçant une tempête.

« Maître ! Maître ! » s'écria la vieille servante, semblable à une tortue effrayée qui accourait aussi rapidement qu'elle pouvait en glissant sur des patins de nettoyage, c'est-à-dire, pas très vite.

Qian Jingliu, déjà irrité à l'extrême d'avoir dû interrompre sa session de pêche avec Kaze, bougea l'index et lui lança discrètement un sort pour qu'elle parle avec la rapidité d'un cours d'eau dévalant une montagne.

« Maître, j'ai enfermé le dernier des serviteurs et toutes les servantes dans une autre pièce à part, mais je crains que cela ne les retienne guère. Ils se jettent contre les portes et les martèlent sans relâche. Ils déchirent leurs vêtements et profèrent des obscénités qu'ils souhaitent faire à votre épouse et me menacent de mort si je ne les libère pas. Maître, ce parfum qui se répand dans la maison les a complètement dérangés. C'est assurément un sortilège puissant pour les plonger dans cet état. Dans ma longue vie, jamais je n'ai vu pareille chose, un tel comportement indigne ! On dirait qu'ils ont jeté leur bon sens avec l'eau du bain ! »

Qian Jingliu la congédia et lui demanda de quitter l'île sans tarder, puis il se retourna sans dire un mot de plus. Ce que la domestique lui avait rapporté était, en effet, inquiétant et il se retrouva l'instant d'après dans le couloir menant aux portes de sa chambre. Dans toute la maison, une plaisante et puissante odeur fruitée et sucrée envahissait l'air, plongeant tous les hommes qui la respiraient dans un état d'excitation telle qu'ils perdaient toute retenue et toute pudeur. Ce parfum obsédant ne le laissait pas insensible et il la trouvait lui-même extrêmement agréable, comme une invitation destinée rien qu'à lui. C'était un message clair d'une promesse d'un monde inconnu de plaisirs.

Qian Jingliu suivit cette enivrante odeur mielleuse qui le mena sans surprise à la chambre dont l'entrée était verrouillée. Il remarqua les traces d'ongles qui avaient rayé le vernis et les craquelures dans la porte qui, heureusement, avait résisté aux assauts pour l'enfoncer. D'une simple pression sur la porte, celle-ci s'ouvrit et le laissa entrer.

Lorsqu'il entra dans la chambre, il fut accueilli non pas par son « épouse », mais par le bruit de voix étouffées, des plaintes indécentes, des soupirs hachés et des sons évocateurs qui le poussèrent immédiatement dans une colère folle. Les poings serrés, se promettant d'arracher de mille manières, la gorge de celui qu'il trouverait avec Yuan Lie dans leur lit conjugal, le Tigre s'avança, le cœur battant si fort qu'on aurait cru qu'il allait céder.

Le paravent aux paysages des Chutes Blanches offert par son père avait été tiré, dissimulant de sa vue perçante ce qui se trouvait dans le lit. Sans desserrer les poings, Qian Jingliu s'avança et contourna le paravent. Il tomba alors sur une scène troublante qu'il ne s'attendait pas à voir. Ce qu'il vit le surprit tellement qu'il ralentit sa marche et s'immobilisa, les yeux grands ouverts.

Les paupières mi-closes et la tête rejetée en arrière, poussant des gémissements plaintifs à travers ses lèvres entrouvertes, Yuan Lie était seul, allongé avec ses jambes fléchies collées à ses fesses, entièrement nu sur le lit et son corps penché légèrement sur le côté. D'une main, il caressait son membre de haut en bas, et de l'autre, il introduisait ses doigts en lui.

« ... Ling ! Ling-ge ! » geignait-il en haletant, sa tête en arrière, mordant sa lèvre inférieure jusqu'au sang.

Même si le Tigre n'avait pas marché à pas de loup, à cause de ses soupirs éreintés et de ses plaintes alanguissantes, Yuan Lie ne l'avait pas entendu arriver. Abasourdi, ce fut pour Qian Jingliu des mots et un spectacle des plus aguicheurs qui s'offraient à lui. Sur l'instant, le Tigre ne put rien faire d'autres qu'admirer son amant. Sa peau teintée, brillant d'un hâle doré, témoignait de la température de son corps qui était en proie au feu de l'excitation. Le creux de son dos dessinait un arc arrondi et étirait les striures en formes de vagues caressées par le vent sur ses côtes, donnant envie à Qian Jingliu de les toucher, de laisser ses doigts explorer toutes les crevasses de ces timides vallées. Le profil de son téton était contracté et dressé, incitant le Tigre à imaginer sa langue jouant avec cette petite fleur pour la rendre encore plus dure. Qian Jingliu devina que ses tétons devaient être aussi rouges que des cerises mûres, tout comme ses lèvres gonflées de désir. Son attention dériva et se fixa sur sa bouche lorsque Yuan Lie lécha ses lèvres de sa langue humide.

Rien Que l'ÉternitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant