Ch 52 : La fin et le commencement

58 12 11
                                    

Qian Jingliu et Yuan Lie n'avaient pas bougé et ne les avaient pas arrêtés. Ils respectaient tous les deux le souhait des deux frères. Yuan Lie se tourna immédiatement vers Qian Jingliu car les autres cultivateurs libérés de l'emprise du Coeur de Soleil approchaient aussi vite qu'une horde de chevaux sauvages.

« Je t'en prie, retiens-les un instant. Laissons-lui un peu de temps.»

Qian Jingliu acquiesça et fila vers le groupe mené par Zhu Yaling pour les retenir. Yuan esquissa un léger sourire et marqua une pause avant de dire à Yu Zhaocai pendant qu'il allongeait le corps de Mei Fang au sol :
« Je ne pourrais pas te dire de ne pas être triste, et même si je le faisais, ce serait impossible. Tu as agi par amour envers ton frère... Tu fais preuve de beaucoup de coeur. Même si ses actes étaient mauvais, ses intentions se voulaient nobles et il a, malgré tout, réussi à réunir des clans adverses et opposé en tout dans un but commun. Tu lui as évité l'humiliation, tu ne l'as pas tué par haine ou par vengeance, donc tu n'as pas à t'en vouloir pour cela. Il t'en est reconnaissant. »

Une expression de surprise s'afficha sur le visage de Yu Shengcai un court instant avant de disparaître. Yu Shengcai ferma les yeux et baissa la tête.

« J'oublie parfois à quel point tu peux être vif d'esprit, Yuan Lie, lui dit Yu Shengcai en affichant un sourire. C'est bien pour cela que je t'ai choisi...
— Tu es parieur, répondit-il en s'agenouillant également pour se mettre à ses côtés. Je peux être très lent sur des sujets importants... »

Yuan Lie jeta un coup d'oeil furtif à Qian Jingliu en pleine discussion avec Zhu Yaling. Soudain, un frisson désagréable lui chatouilla le long de sa colonne vertébrale.

« Mon devoir est accompli, semble-t-il, déclara-t-il en se détournant brusquement pour fixer Yu Shengcai. J'ai trouvé le meurtrier de Yīng Xuě, je veux dire, de mademoiselle Lune, et je l'ai révélé publiquement. La réputation de ton frère est détruite et... il baissa les yeux vers le corps sans vie, tu as obtenu vengeance. »

Yu Shengcai se redressa en rangeant le poignard teinté de sang. Il esquissa un léger sourire et offrit sa main pour aider Yuan Lie à se relever.

« Je te demande pardon pour le fardeau que je t'ai infligé, Yuan Lie, dit-il.
— Ne le sois pas, au contraire, répondit Yuan Lie en portant ses mains devant lui et en le saluant avec respect. C'est toi qui m'as permis de revenir, même un bref instant.
— Merci de m'avoir laissé le temps de lui faire des adieux. Hâte-toi d'aller faire les tiens. Adieu, mon ami.
— Ne sois pas pressé de m'oublier » répondit-il avec un léger sourire, avant de tourner les talons pour se précipiter vers Qian Jingliu.

Yuan Lie commençait à sentir l'air bouger autour de lui et à exercer une pression de plus en plus forte. L'air se comprimait contre lui et le força à terre. ''Merde ! Je croyais avoir plus de temps !'', s'insurgea-t-il en tombant de tout son poids sur ses genoux.

''Qian Ling !'' cria-t-il, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Il s'étranglait, incapable de parler, le souffle coupé.

Qian Jingliu se retourna immédiatement, tout à coup, saisit d'un mauvais pressentiment et se rua vers lui. Il l'attrapa fermement par les épaules en s'agenouillant, le visage saisi d'effroi, la peur dans les yeux.

« Sunjie ? Que t'arrive-t-il ? » rugis le Tigre en prenant son visage entre ses mains.

Le visage de Yuan Lie était devenu aussi dur qu'une noix de coco, sa nuque se raidissait comme si elle allait exploser à tout moment. Le Tigre sentit un frisson de terreur le submerger, il cria encore :
« Qu'est-ce que tu as, Sunjie ? Réponds-moi ! »

Yuan Lie luttait pour respirer et saisit les bras de son amant en tremblant. Ses yeux étaient injectés de sang et son visage se crispait sous la douleur. Il força péniblement de l'air à l'intérieur et à l'extérieur de ses poumons jusqu'à ce qu'il parvienne enfin à balbutier :
« Ling... Pardonne-moi... lui dit-il, sa voix hachée, en remontant une main tremblante sur l'épaule de Qian Jingliu pour attraper fébrilement une de ses longues mèches noires.
— Ton corps est tout raide ! Qu'est-ce qui t'arrives ? »

Rien Que l'ÉternitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant