Chapitre 28

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Point de vue : Adrian

Ne t'approche plus de moi. Ne me touche plus. Je ne veux plus te voir en dehors du procès et du travail. Va retrouver ta jolie blonde ou ta main. Et n'adresse plus jamais la parole à Cléa.

Les paroles d'Alana résonnent encore dans ma tête, suivies de l'impact entre le camion et sa voiture. Le feu était rouge. Et elle ne l'a pas vu parce qu'elle était trop concentrée à chialer en me regardant.

Je lui en veux pour son imprudence. Mais je m'en veux encore plus car c'est à cause de moi qu'elle s'est montrée imprudente. Je crois que c'est la première fois de ma vie que je ressens autant ce vide dans ma poitrine. Comme un trou béant qui déchire les organes un à un. Jusqu'à ce que son nom s'affiche sur mon écran de téléphone.

Elle va bien. Oui, mais pour combien de temps ?

En voulant faire tomber mon père, je me suis mis en danger. Mais comme ma mère était loin de tout, j'ai pris ce risque seul. Je me suis retrouvé dans l'une des plus dangereuses prisons du Mexique. Je m'y suis fait des alliés. Mais après ça ?

Je suis sorti au bout de deux mois parce qu'il n'avait pas trouvé de vraies preuves pour me tenir plus longtemps dans ce trou à rat. Avec les Mexicains et Américains que j'ai rencontrés à la prison, je leur ai expliqué ce qui m'est arrivé, et j'ai commencé à penser à un plan. Sans jamais penser que ça mettrait en danger une autre personne...

Menteur.

Bon, d'accord. Je savais que mon avocat serait potentiellement en danger. La chose à laquelle je n'avais pas réfléchi, c'est que cet avocat soit une femme magnifique, avec des yeux à en tomber par terre, un corps sublime et un caractère qui donne envie de l'étriper.

Mon cœur rate un battement quand je revois ses yeux noyés de larmes alors que j'étais en elle. Je ne me suis jamais senti aussi con. Parce que quand j'étais en elle, je me sentais si bien. C'était différent des autres femmes avec qui j'ai déjà couché, où c'était de la baise où je ne connaissais même pas leurs prénoms.

Alana. Elle, je la veux depuis que je l'ai vu entrer dans cette foutue cellule en taule. Je rêvais de sentir ses mains sur moi, d'entendre ses gémissements et mon prénom qu'elle murmure. J'arque un sourcil en voyant mon membre en accord avec mes pensées. Mais il redescend aussi vite qu'il a durci quand je repense à l'après. Le soutien-gorge. La blonde, putain je ne sais même pas qui elle est. Ses mots envers moi. La voiture. L'accident.

Je ne suis pas fait pour elle, ça c'est clair. Je ne la mérite pas et je devrais sincèrement laisser tomber. Elle mérite tout le bonheur du monde. Elle ne le trouvera pas avec moi. Elle ne trouvera que de la tristesse, du danger, de la colère. Je ne la mènerai pas au bonheur. Mais au néant.

De toute façon je sais très bien qu'elle ne me sert que pour faire beau à ce procès. Je n'ai pas besoin d'avocat, je n'irai jamais en prison. Pourquoi ? William Fuller a énormément d'influence, de réseau et de pouvoir. Ça, il aime le faire comprendre avec ses épaules droites, son menton relevé et son sourire narquois qui signifie « je vous domine tous ».

Connard.

Ce qu'il a oublié, c'est que je suis son fils, et j'ai du réseau, moi aussi. J'en ai même récupéré du sien, qui préférait s'allier avec moi plutôt qu'avec un salaud arrogant avide de puissance. C'est pour ça que je n'irai pas en prison. Moi aussi, je connais des gens haut placés. Et c'est déjà tracé : je vais le réduire en miette sans avoir mis un pied en taule après ce procès.

C'est aussi pour ça que je dois m'éloigner d'elle dès que j'en aurais l'occasion. Je ne peux pas la mettre en danger, elle et Cléa. Étrangement, quand je pense à ça, mon cœur se rétracte. Comme s'il ne voulait pas que je m'éloigne d'elle. Comme si j'en avais quelque chose à faire de cette chieuse, comme si je l'aimais.

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