Chapitre 38

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Point de vue : Alana

Je me retourne une énième fois dans le lit sans pouvoir fermer l'œil. Enfin, rectification : sans vouloir tomber dans le sommeil. Pourtant, je suis éreintée. Mon corps me hurle qu'il a besoin de repos, mon cœur se creuse en ayant besoin de sommeil. Mais j'en suis incapable, mon cerveau tourne à mille à l'heure sans cesse.

L'anxiété, la culpabilité, la colère, toutes mes émotions luttent dans mon esprit, me créant une fatigue mentale encore plus importante que physique. D'autant plus que si mes paupières se ferment, je sais pertinemment que les ténèbres se réveilleront pour m'envoûter et me faire basculer du côté obscur de la nuit. Depuis l'enlèvement de Cléa, je ne fais que des cauchemars et bien plus encore, des paralysies du sommeil. Ça m'angoisse à tel point que je n'ose plus fermer l'œil.

Avec un long soupir, je me dégage lentement pour sortir du lit sans réveiller Adrian. Il ne sait pas que je n'arrive pas à dormir ou, en tout cas, il ne m'en a pas parlé. Est-ce pour me protéger ? Je ne sais pas. Je n'ai pas envie qu'il m'en parle de toute façon, car mettre des mots là-dessus signifie en faire une réalité. Et je ne veux pas qu'on me force à dormir.

J'arrive dans la cuisine pour boire un long verre d'eau quand un bruit dans mon dos me fait sursauter. Heureusement, j'ai le réflexe de rattraper mon verre avant qu'il ne se brise au sol.

- Joli réflexe.

Le rouge me monte aux joues quand je me tourne vers Emilio qui est assis sur le fauteuil en face de la baie vitrée. Il n'a ni téléphone, ni ordinateur, il semble simplement admirer les lumières de la ville. Je bois mon eau cul sec avant de m'avancer et de m'asseoir sur le fauteuil à côté du sien. 

- Je ne voulais pas te faire peur.

Sa voix est calme, posée. Il ne m'accorde aucun regard, son esprit est fixé sur un point inconnu. Je hausse les épaules, les yeux rivés sur les buildings face à nous.

- Tu n'arrives pas à dormir non plus ?

Emilio laisse échapper un rire soufflé, c'est à ce moment qu'il pose ses yeux sur moi brièvement.

- Je ne dors pas beaucoup. Et toi ?

- Moi non plus.

Ses paupières se plissent un instant avant qu'il ne reporte son regard face à lui.

- Pourquoi as-tu choisi d'être avocate ?

Je souris immédiatement en repensant à mes études et mon diplôme. Il est vrai que ce ne sont pas des études de tout repos, j'ai eu l'occasion de collectionner les nuits blanches pour réviser et terminer mes devoirs. J'ai également versé de nombreuses larmes en pensant ne jamais y arriver. Pourtant, je suis nostalgique de ces années. J'avais des amis, on se soutenait. Il y avait une forme de compétition saine entre nous pour que nous puissions donner le meilleur de nous-mêmes.

- Ç'a toujours été dans mon instinct, de vouloir protéger les autres et faire la justice.

- Mh. Pourquoi pas policier dans ce cas ?

Je lui lance un regard amusé auquel il répond par un sourire moqueur.

- Ouais, t'as raison. Et ça te plaît ?

Je pensais répondre immédiatement par le positif mais je me surprends à hésiter. Face à mon silence, Emilio me regarde en fronçant les sourcils, attentif.

- Oui. Et non. Enfin...

Je me racle la gorge en cherchant mes mots, je ne me suis jamais posée la question moi-même, Emilio me déroute. Il a cette capacité à lire chez les autres et à comprendre leurs émotions sans même qu'ils aient besoin de parler.

LAWYEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant