Chapitre 18

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Point de vue : Adrian

Mes doigts tambourinent nerveusement sur la table et ma jambe ne cesse de bouger.

Nerveux à cause du procès ? Loin de là, je sais que je n'irai pas en taule ou du moins, pas longtemps. J'ai du lourd pour coincer ce salaud qui me sert de géniteur.

Un père.

Je pouffe de rire, passant ma main libre sur mon visage. Tu parles d'un père. Un alcoolique égoïste, une pourriture qui battait sa femme jusqu'à ce que je sois assez grand pour faire quelque chose.

Jamais plus je ne tolérerai ça. Il ne sait pas où elle, personne ne le sait, pas même moi. Je l'ai déposé un jour loin d'ici, dans un aéroport avec une enveloppe remplie de billets. Je lui ai donné de quoi changer d'identité et de quoi refaire sa vie ailleurs.

Ça m'a déchiré le cœur parce que je savais que c'était probablement la dernière fois que je la voyais. Ma maman, mon héroïne, ma vie.

J'aurais pu tuer mon père pour elle. Elle ne méritait en rien ce qui lui est arrivé, personne ne le mérite. Elle a toujours été une bonne épouse et une excellente mère, compensant l'incapacité de mon père.

Mais il fallait que je la sorte de là. Elle serait morte depuis longtemps. Alors je l'ai guidée à un endroit où elle pourrait partir où elle veut. La condition était que je ne devais rien savoir. Elle part d'un endroit à un autre, et m'envoie simplement des lettres de temps en temps pour me dire qu'elle va bien, qu'elle refait sa vie et prend de mes nouvelles.

Comme ça, même si on me torture pour savoir où elle est, je serai dans l'incapacité de répondre. Ce connard ne la retrouvera jamais. Je m'en assurerai personnellement.

Je suis habituellement quelqu'un de calme, qui ne stresse pas pour grand-chose. Mais il y a deux jours j'ai reçu une lettre de ma mère me disant qu'elle allait m'appeler. Elle sait ce qu'il se passe dans ma vie, et elle tenait à l'entendre de vive voix. Elle m'a écrit la date et l'heure.

J'ai acheté un téléphone prépayé pour que personne ne puisse écouter ou espionner ce qui pourrait se dire. Même si elle a changé d'identité, il serait facile de faire le lien avec ma mère.

Grace Fuller, maintenant appelée Abby Davis. Très commun, son prénom et son nom passent inaperçus.

Mon père peut avoir autant de réseau et de pouvoir qu'il veut, j'en ai aussi. Je suis son fils, j'ai mes propres hommes, mes propres renseignements : mes propres armes. Et je compte vite le désarmer pour reprendre le dessus.

Mon cœur bondit de sa cage thoracique et mes pensées s'évaporent au moment où le téléphone qui est posé sur la table depuis plus d'une heure se met à sonner.

Mes yeux le fixent, ma jambe cesse de bouger tout comme mes doigts. Je reste là. À fixer le cellulaire dont la sonnerie résonne dans ma tête. À ne rien faire.

Et si ce n'était pas elle ?

Et si elle était danger ?

Et si on nous écoutait ?

Et si c'était un piège ?

Je secoue la tête pour évacuer ces questions stupides et prend le téléphone d'une main tremblante. J'inspire profondément avant de décrocher et d'apporter l'appareil à mon oreille.

Un souffle me parvient de l'autre côté de l'appareil, j'ouvre la bouche pour dire quelque chose mais rien ne sort.

- A... Allô ?

LAWYEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant