Chapitre 41

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Point de vue : Adrian

Le silence dans l'habitacle est presque bruyant lorsque je coupe la radio. Cela fait déjà huit heures qu'on roule. J'ai fait une pause pour remettre du carburant il y a trois heures. Lio m'a proposé de reprendre le volant mais je veux conduire. D'une part parce que je n'arriverai pas à me reposer, d'une autre parce que je ne veux pas me retrouver à côté d'Alana. Pas après ce qu'elle m'a dit, pas après ce que je lui ai fait.

Mon corps est tel un automate, mes yeux fixent la route sans réellement la voir, mes mains gèrent le volant sans que j'en ai conscience. Mon esprit est trop obnubilé par l'être qui se trouve à l'arrière de la voiture. Ses paupières sont fermées, ses lèvres légèrement entrouvertes. Son visage est presque paisible, s'il n'y avait pas cette constante inquiétude sur ses traits et autour de ses yeux. Les plis de son front sont à peine visibles mais ils marquent bien sa fatigue et son angoisse depuis que Cléa a été enlevée.

Je n'arrive toujours pas à réaliser qu'un enlèvement d'enfant a eu lieu. On parle d'un des plus gros fléaux de ce monde, où seuls les cauchemars et films d'horreur en parlent. Je ne me suis jamais dit que je connaîtrai un jour le sentiment que provoque un enlèvement. Bien qu'elle ne soit pas de ma famille, le fait de toucher à un enfant, innocent et pure, touche toujours énormément. Et le fait que ce soit mon géniteur, ma famille, qui en soit la cause me rend fou. Jusqu'où est-il prêt à aller ? Qu'a-t-il pu faire pour aller jusqu'au kidnapping ? Je ne pense pas avoir tout découvert. Un simple trafic d'armes avec les cartels mexicains ne peut être la cause de ces actes immondes.

Et je ne pense pas non plus que mon intrusion dans cette fameuse banque puisse être l'objet de sa colère. Non. Il y a autre chose de bien plus profond et plus violent qu'un trafic d'armes pour qu'il en vienne à là. Ou il est simplement détraqué.

C'est fortement possible.

Cela dit, j'espère que ce n'est que ça. Car pire que le trafic d'armes, il n'est pas compliqué de s'imaginer jusqu'où vont des personnes pour du pouvoir et de l'argent. Trafic d'organes, d'humains... D'enfants.

Cette pensée me fait frissonner. Un début de migraine pointe le bout de son nez alors que je ressasse toutes mes connaissances à propos des affaires de mon père. La banque m'a permis d'en connaître davantage sur les fonds qu'il place illégalement, mais quand on a un gros réseau et de l'argent, on peut corrompre beaucoup de monde. Malheureusement pour moi, avoir braqué cette banque n'a pas assez ouvert la piste aux enquêteurs. Ils ont supposé que j'étais moi-même détraqué ou que je voulais jouer l'enfant pourri-gâté qui n'a pas eu ce qu'il voulait de son paternel. Ces incapables corrompus n'ont pas su lire au-delà des lignes.

Mes yeux se posent sur Alana lorsque j'entends un soupir sortir de sa bouche. Je meurs d'envie de la prendre dans mes bras, pour qu'elle dorme contre ma peau et sentir son cœur battre. La vision d'elle en train de donner de violents coups à ce mec me revient en tête. Je ne l'ai jamais vu aussi énervée. Je ne la pensais même pas capable de lever la main sur une personne. Il a dû mentionner Cléa, mais il a dû y aller violemment pour qu'elle en vienne à le défigurer.

Bon, ce n'est pas moi qui vais la réprimander, au contraire ça me démangeait bien trop les mains. Ce qui m'inquiète, c'est sa gestion des émotions. Elle semble ne tenir plus que sur une ficelle au bord d'un précipice dont elle ne remontera jamais la pente. Je ne sais pas si je serais en mesure de la protéger du vide, encore moins de la chute et des répercussions. Ce que je sais c'est que je ferai tout pour retrouver Cléa et les mettre en sécurité. Le reste, tant que William paie pour tout ce qu'il a commis, depuis ma mère à l'enlèvement d'une petite fille, je m'en contrefous.

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