LAWYER

Chapitre 36

Point de vue : Cléa

Je me réveille doucement quand je sens des doigts me caresser la joue.

- Réveille-toi, petit ange. Il est l'heure.

J'ouvre les yeux et vois ma nouvelle nounou. Katy. Elle m'a dit qu'elle venait de France. Et que j'aimerais beaucoup y aller. Je lui ai répondu que ma maman et Adrian m'y amèneraient un jour.

Ma maman me manque.

- Mmh... Où est maman ?

- Je te l'ai déjà dit ma puce, ta maman travaille dur en ce moment. Elle nous a dit de nous occuper de toi. Tu es bien ici, non ? Tu as tous les jouets que tu veux et l'espace qu'il te faut. 

J'aimerais lui dire que je serai mieux avec maman, mais je sais déjà ce que nounou me dirait. "Ta maman ne peut pas être tout le temps avec toi, petit ange, tu es mieux avec des gens autour de toi".

Mais... Ma maman n'est pas méchante. C'est la meilleure.

Je me lève quand même car mon ventre gargouille. Nounou m'amène au rez-de-chaussée dans la grande cuisine.

- Tu veux prendre quoi en petit-déjeuner Cléa ?

- Des céréales.

Je vois un chat marcher dans le jardin immense de la maison. C'est une maison beaucoup plus grande que celle de maman. Je peux me perdre ici.

- Il est où mon chaton ?

- Tonton Dani va le ramener.

- Quand ?

- Bientôt. Assieds-toi Cléa, s'il te plaît.

- Quand bientôt ?

Maman n'aime pas quand je me mets en colère parce que je n'arrive plus à parler sans crier. Mais là, je me mets en colère. Adrian m'a offert un chaton. Il est à moi. Et Dani n'est pas mon tonton.

Il m'a emmenée loin de maman.

Ça fait une nuit que je n'ai pas vu maman. Et j'ai dormi dans la voiture parce que la route était longue. Je pleurais mais Dani m'a dit que c'était pas beau de voir une fille pleurer. Ça m'a fait mal au cœur.

Adrian, lui, m'appelle princesse.

- Il va l'amener dans la journée. D'accord ? Maintenant, assieds-toi Cléa.

J'obéis juste pour qu'elle me laisse tranquille. Nounou est très gentille avec moi. Mais elle est souvent appelée par un monsieur qui me fait peur. Il me sourit et veut être copain avec moi. Mais maman m'a dit de ne pas parler aux inconnus, et ce monsieur me fait peur.

Il est souvent habillé en costume, et il est tout le temps au téléphone. Les personnes qui habitent cette maison l'appellent "monsieur". Je trouve que c'est une drôle de façon de parler à son papa. Il y a beaucoup de monde ici. Je ne sais pas vraiment si c'est leur maison.

Je mange mes céréales en pensant à maman. Elle est forte. Je dois être forte comme elle, comme Mulan et comme Raya. Mais je veux qu'elle revienne.

S'il te plaît maman, reviens.

Point de vue : Alana

Maman... Reviens...

Je me réveille en sursaut de ce cauchemar. Je voyais ma fille, à moitié transparente, m'appeler au loin. Des larmes ruissellent sur mes joues et mes mains tremblent. Je soupire.

Encore une sieste qui ne me repose pas du tout et qui me replonge sans cesse dans ce cauchemar. Ou dans cette réalité.

Après m'être étirée, je parcours la suite que nous avons prise avec Adrian pour aller vers la cuisine. Je meurs de soif. C'est tellement spacieux. Il y a deux chambres, avec un lit double king-size, une salle-de-bain attenante à la chambre pour chacune. De grandes baies vitrées offrent une vue imprenable sur Atlanta, au milieu des gratte-ciel. Le salon est moderne, accompagné d'une cheminée électrique et d'un écran plat incrusté au mur de marbre noir.