Chapitre 32

100 5 0
                                    




Point de vue : Alana

Tout mon corps semble courbaturé, il m'est difficile de bouger un membre sans avoir l'impression de peser une tonne. Ma gorge me fait mal à force d'avoir pleuré et crié. Je ne parle même pas de mes yeux qui me brûlent.

Mes paupières s'ouvrent lentement et je dois faire un effort surhumain pour redresser ma tête. Un gémissement de douleur m'échappe alors que ma nuque se tend. Je lâche un juron en remarquant qu'un peu de bave est resté sur ma joue et sur l'épaule d'Adrian.

Je fronce les sourcils. Je me suis endormie à force de pleurer, assise entre les jambes d'Adrian, contre son épaule. Il s'est endormi lui aussi, mais ses bras n'ont cessé de me maintenir fermement contre lui.

Ma haine laisse place à mes sentiments enfouis. J'ai l'impression que mon cœur fond à ce constat : il tient réellement à moi. Et je lui ai avoué que je l'aimais hier. Il paraissait si surpris que sur le moment, je n'ai pas réalisé qu'il était également soulagé. Comme s'il attendait ces mots depuis longtemps.

Je tente de me redresser mais aussitôt, les bras d'Adrian se resserrent pour me coller contre son torse. J'ignore les battements de mon cœur qui accélèrent pour essayer de me décoller de lui. Rien n'y fait.

Avec un soupir je décide de me laisser aller, la tête reposée sur son épaule. Son parfum berce mes pensées. Et pour un court instant, je me repose. Car je sais qu'une fois levés, on ne sera plus les mêmes. Distance, froideur et stratégie, on ne pensera qu'à ça pour retrouver Cléa. Alors, je me permets de profiter d'un court moment de repos, de respiration et des bras d'Adrian qui me rassurent plus que je ne veux l'admettre.

Amoureuse.

Je suis tombée littéralement amoureuse de cet homme qui, pourtant, provoque autant de haine que de désir en moi.

Je n'arrive pas à réaliser que je pourrais être heureuse avec lui si on vivait autrement, dans une autre vie. Malheureusement, c'est bien cette vie-là, avec de la violence, des mensonges, des trahisons et de la vengeance, dans laquelle on existe. Et je serai incapable de trouver le bonheur avec lui dans cette vie.

C'est impossible. Je le sais. Il le sait. Nous le savons aussi bien tous les deux. Et c'est ça qui nous déchire encore plus.

Le sursaut d'Adrian me réveille brusquement. Je le regarde, et remarque qu'il a les mêmes yeux paniqués que moi.

- J'ai cru que...

Sa voix rauque me tord le bas du ventre et je me relève précipitamment lorsque ses bras se desserrent.

- Merci.

Il se redresse en fronçant les sourcils.

- Pour ?

- Hier soir.

Il hoche simplement la tête, me fuyant du regard. Ses yeux se posent sur sa montre avec un soupir.

- Je vais chercher de quoi manger. Prends une douche, repose-toi. Parce qu'on devra s'activer après, pour...

Il s'interrompt mais je sais très bien ce qu'il allait dire. Pour retrouver Cléa. Me dire qu'elle a été kidnappée me semble toujours aussi impossible et douloureux. Ça me tord la poitrine d'un niveau que je n'aurais jamais cru possible.

Chaque fois que je pense à elle, c'est-à-dire à chaque seconde de la journée, c'est comme si la pointe d'un couteau venait s'enfoncer dans mon cœur pour le faire saigner à chaque fois plus profond. La haine et la volonté de reprendre ma fille me maintiennent debout, en vie, et physiquement apte. Mais mentalement ? Je suis juste une coquille vide prête à s'échouer contre les rochers à la première vague qui me prendrait trop fort.

LAWYEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant