Point de vue : Alana
Installée sur le siège conducteur de la Porsche Cayenne d'Adrian, je l'attends impatiemment. Il est parti acheter une boisson ou le magasin ? Je soupire, tapotant mes doigts contre le volant. Mes yeux se posent sur le logo avec le cheval cabrant. Il me laisse conduire sa voiture de luxe, je suis étonnée qu'il ait cédé aussi facilement.
J'ai vu la lueur de désir dans son regard quand je l'ai appelée "mon homme". Et oui, mon coeur, moi aussi je sais comment te faire vriller.
J'ai fait le plein d'essence comme Monsieur me l'a demandé si gentiment. Malgré l'ironie, je ne peux pas ignorer son attention et son intérêt pour moi depuis l'enlèvement. Des frissons parcourent mon corps, des orteils jusqu'au visage à la pensée de ce simple mot que je n'arrive même pas à prononcer. Cléa me manque terriblement. Ça fait déjà plus de 24 heures qu'elle m'a été enlevée sous mes yeux.
Adrian se montre gentil avec moi. Mais ce n'est pas une gentillesse simulée ou motivée par la pitié. Je vois dans ses yeux, dans ses actes et ses paroles qu'il est sincère. Il essaie juste de compenser, de me donner assez d'attention pour ne pas que je perde pied. Je pensais ce que j'ai dit ce matin. Je ne compte pas mourir ou me mettre en danger avant d'avoir retrouvé Cléa. Les seules personnes en danger seront ceux qui me feront obstacle.
Mes lèvres s'entrouvrent pour chercher de l'air, je me rends compte que je me suis enfermée dans la bulle de mes pensées, si fort que j'en ai oublié de respirer. Mes paupières se ferment alors que j'essaie de reprendre une respiration calme. Je serre le volant très fort pour propager la blessure physiquement, et ne plus penser à celle qui comprime la poitrine. Cette douleur... Cette plaie au coeur pourrait rendre une personne saine d'esprit complètement folle. C'est en train de me ravager la conscience.
Penser à ce mal, le laisser s'immerger dans ma tête me fait paniquer. Ma respiration se saccade davantage et j'ai beau essayer de prendre de longues inspirations, ça ne fait qu'empirer. Mes mains serrent tellement le volant que ça m'irrite les phalanges. J'ouvre brusquement les yeux, ma vision est floue. Mon regard se pose sur le rétroviseur central où j'aperçois mon visage inondé de larmes. Je ne les ai même pas senties couler. Mes yeux rougeâtres implorent qu'on me délivre de cette souffrance qui est en train de me tuer à petit feu. Ma lèvre tremble légèrement.
Que m'arrive-t-il ? Que suis-je devenue ?
Les yeux toujours dans les miens à travers le petit miroir, je perçois mes épaules monter et descendre au fur et à mesure que mon souffle rauque envahit l'habitacle.
Un cri de surprise m'échappe quand j'entends un coup à la vitre de la voiture, me faisant sursauter. Un visage apparaît brusquement et je m'agrippe à la poignée, les yeux écarquillés. Adrian m'interroge du regard, visiblement inquiet. Je déglutis en tournant le visage pour essuyer rapidement mes larmes. La voiture déverrouillée, Adrian se précipite sur le siège passager.
- Alana, est-ce que ça va ???
J'essaie de le fusiller du regard pour cette question plus que stupide mais, sans contrôler mon corps, je secoue la tête en réfugiant mon visage contre son épaule.
- Je suis là. Je suis là, mon coeur.
Sa main sur ma tête me maintient fermement contre lui. Son autre main caresse mon dos et je sens ses lèvres embrasser le haut de mon crâne tendrement.
Les yeux fermés, je me concentre sur ses caresses pour calmer ma respiration. Je réalise qu'il y arrive. C'est bel et bien lui qui m'aide à maintenir la tête hors de l'eau. Même si j'ai assez de rage en moi pour y arriver, je n'en serais pas capable sans lui. Il est mon point d'ancrage.
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LAWYER
RomanceAlana est une avocate, jeune mère célibataire d'une petite fille de trois ans. Adrian est un ancien PDG d'une grande entreprise de marketing, issu d'une famille riche et très connue, accusé de braquage à main armée dans une banque de Chicago. Il e...