Chapitre 31

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J'ouvre la porte de la chambre sans que l'un de nous deux n'ait prononcé un mot. Elle ne semble plus être présente mentalement. Seul son corps fonctionne correctement pour vivre. Ou plutôt pour survivre, car je doute qu'il ne reste de vie dans le sublime corps de cette femme.

Non mais tu t'entends parler ?

Je soupire en jetant mon sac sur le petit fauteuil qui se trouve dans le coin, et je me laisse tomber sur le lit en fermant les yeux une demi-seconde.

- Qu'est-ce qu'on fout là ?

Mes yeux se rouvrent immédiatement. Je pensais avoir oublié le son de sa voix, et elle-même aussi car elle est éraillée.

Je me redresse pour m'asseoir sur le bord du lit. Alana est debout, toujours près de la porte, les bras croisés. Je comprends qu'elle se protège. Et je n'ai qu'une envie quand je la vois comme ça, c'est de la prendre contre moi pour la rassurer. Bien entendu, je n'en ferai rien. Je dois la laisser tranquille, lui donner la distance qu'elle souhaite.

Mais, depuis qu'elle se montre distante et que ce qui est arrivé ce matin, mon coeur me fait comprendre des choses que j'ai refoulé jusqu'ici pour une seule et excellente raison : je ne veux pas de ces émotions.

Alors, comme je sais si bien le faire, bien que ça m'épuise, je le réprime en me forgeant un air arrogant.

- Ah oui, j'ai oublié de te dire qu'il n'y avait qu'un lit. On va devoir dormir ensemble, mon coeur.

Je tente le surnom pour tâter le terrain. Elle ne semble pas y prêter attention et ses sourcils se froncent. Et merde.

- Je n'en ai rien à foutre qu'il n'y ait qu'un lit. Ce que je te demande c'est : qu'est-ce qu'on fout ici ? Arrêtés, dans un motel pourri au fin fond du Kentucky ??

Je comprends qu'elle a regardé notre position sur la carte de son téléphone. Ne comprenant pas très bien sa question, je me lève et avance d'un pas vers elle en haussant les épaules.

- Et bien, il fallait qu'on s'arrête. Tu dormais, je commençais à m'endormir. Et vu l'heure qu'il est, ce n'est pas maintenant qu'on pourra -

Le bruit de son sac tombant au sol violemment me coupe instantanément dans ma phrase. Je relève les yeux pour les poser dans les siens et ça me glace le sang. S'ils étaient des armes, je serais probablement troué sur tous les centimètres de mon corps à l'heure qu'il est. Alana garde les sourcils froncés et une grimace lui déforme le visage. Je ne la reconnais pas, la rage, l'inquiétude et la culpabilité semblent totalement prendre possession de son esprit.

- Tu te fous de ma gueule ?

Son ton a monté d'un niveau et je comprends que j'ai mal agi. Mais je ne sais pas en quoi. Il fallait qu'on s'arrête. On ne sera pas productifs si on ne fait que rouler sans savoir où aller ni par quoi commencer.

Un rire sans joie s'échappe de mes lèvres et je lève les mains.

- Non, mais éclaire-moi ?

Ses poings se serrent et son corps se met à trembler sous la rage qui la consume peu à peu. Son esprit engendre tellement de haine, de frustration, de tristesse, de culpabilité, et de pression que son corps ne le supporte plus. Elle va exploser. C'est une véritable bombe à retardement, et je crois que je viens de couper le fil rouge.

- Adrian, ne joue pas avec moi. Je peux savoir pourquoi est-ce qu'on est arrêté dans un putain de motel dans un état paumé ??? - Sa voix augmente jusqu'à ce qu'elle ne fasse que crier - ALORS QUE MA FILLE A ÉTÉ KIDNAPPÉE CE MATIN ?

LAWYEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant