Chapitre 39

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Point de vue : Alana

Des voix me parviennent. Mes paupières semblent si lourdes et mes membres si engourdis. J'ai l'impression d'être sur un matelas, écrasée par un poids infini. Et mon cœur, pourquoi me fait-il si mal ?

Au fur et à mesure que mon esprit revient à la réalité, les voix sont plus nettes. Je garde une respiration calme, essayant de comprendre ce qui est arrivé.

- Il faut qu'on agisse, et vite.

- Quelle bande de fils de pute. Comment ils peuvent faire ça ?

- Regarde-la. Regarde ce qu'ils ont fait.

Dès l'instant où je reconnais la voix d'Adrian, une sensation de chaleur et de soulagement m'envahit. Mes paupières s'ouvrent lentement et papillonnent face à la lumière. Je reconnais immédiatement la chambre d'Adrian, je suis allongée sur son lit. Lui et Emilio me font face. De leur posture, leur visage et leur expression n'émanent que de la colère. Et de l'inquiétude.

- A... Adrian.

Sa tête se tourne vivement vers moi et il esquisse un petit sourire en se précipitant à mes côtés. Emilio me salue d'un signe de tête, se rapprochant également de moi. Je passe mes jambes sur le côté pour m'asseoir au bord du lit.

- Alana ! Ça va ? Tu nous as fait une bonne frayeur.

- Que s'est-il passé ?

D'abord confus, Adrian fronce les sourcils en m'interrogeant du regard, cherchant à comprendre ma question. Je me tourne alors vers Emilio qui, face à moi, me regarde avec bienveillance.

- Tu t'es évanouie après l'appel.

Ma gorge devient sèche et mes lèvres s'entrouvrent, bien que je ne me souvienne pas de l'appel, le fait de m'être évanouie m'annonce qu'il a dû être terrible. Mon cœur se comprime davantage, me faisant un mal de chien mais je tente de cacher ma douleur.

Je ne pense pas pouvoir supporter celle-ci bien longtemps, j'en viens à me demander s'il ne serait pas plus sage de me l'enlever directement.

- Quel appel ?

Je regarde Emilio et Adrian, qui ne semble toujours pas avoir la force de me parler. Son regard m'évite et ça me met hors de moi. Malgré mes jambes tremblantes, je me lève et me place près de Emilio, le regardant droit dans les yeux.

- Quel appel ?

Mon ton ne laisse aucune place à l'hésitation ou l'ignorance. Il a intérêt à me répondre avant que je ne détruise tout dans ce maudit hôtel.

Il soupire en croisant les bras contre sa poitrine.

- L'appel de Dani, Alana. Enfin, de Rick. Tu as eu Cléa au téléphone avant qu'elle ne pète un câble et vous dise des horreurs. Rick a rigolé et en a profité pour raccrocher. Tu t'es immédiatement évanouie à force de hurler et de pleurer.

Comme par flash, chaque parole, chaque rire, chaque pleure de Cléa me reviennent, de même que les mots de Dani. J'ai l'impression de mourir, qu'on me détruit de l'intérieur. Mes yeux sont toujours plongés dans ceux de Emilio mais mon regard est vide, je commence à voir trouble à cause des larmes.

Ma tête commence à tourner et je n'ai plus la sensation de mes jambes. Je m'apprête à m'évanouir de nouveau lorsque des bras me soutiennent par la taille.

- Je suis là, ça va aller mon cœur.

Ça va aller.

Ça va aller.

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