Chapitre 45

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H-2 - Propriété de William Fuller.

Ma jambe bouge toute seule, je n'arrive pas à réprimer mes tremblements. Je ne sais si c'est par le froid en ce milieu d'automne ou par le stress mais mon corps ne cesse de bouger. Nous sommes arrivés par l'arrière de la propriété de William depuis quarante-cinq minutes. Le moteur coupé, Adrian a fait en sorte d'être dans un chemin de terre entouré d'arbres pour ne pas être visible des potentielles caméras de surveillance.

D'une manière ou d'une autre, Emilio va s'en charger dès qu'on entrera. Il travaille déjà sur son ordinateur pour tenter d'entrer dans le système de sécurité de William.

On est obligé de rester deux heures encore dans cette voiture, dans le froid, pour attendre la nuit tombée. Le soleil commence à peine à se coucher et ça devient long. Je suis à la fois impatiente et soulagée des deux heures, c'est ce qui m'éloigne de ma fille et du combat.

Adrian est sorti il y a cinq minutes pour s'aérer l'esprit. La fin de l'histoire se rapproche, je le sais, je le sens mais je n'ai aucune idée de notre dénouement. Par un mauvais pressentiment, ma main attrape la poignée et je finis à l'extérieur de la voiture en une seconde. Uniquement régie par mon instinct, par mes émotions, je marche les quelques mètres qui me séparent de l'homme dont je suis tombée amoureuse alors qu'il n'était que mon client.

Mes yeux le scannent. Il se tient debout, droit comme un I en regardant les arbres devant lui, visiblement ailleurs. La capuche relevée sur son crâne m'empêche d'admirer ses cheveux soyeux. Ses sourcils sont légèrement froncés, sans gâcher la couleur enivrante de ses iris. Sa bouche merveilleusement dessinée est pincée, signe de sa profonde réflexion.

Cet homme grand, musclé, criminellement beau et avec un sourire resplendissant. Cet homme, qui m'a fait autant de bien que de mal depuis notre rencontre il y a de ça plusieurs semaines. Cet homme que j'ai voulu détester, en vain. Cet homme arrogant, prétentieux et narcissique cache un homme attentionné, intelligent et bienveillant.

Cet homme.

Adrian. Adrian Fuller - plutôt Adrian Hill. Comme le nom de jeune fille de sa mère.

Mon pouls s'accélère, je ralentis mes pas, savourant chaque détail de son visage. Vais-je continuer de le voir ? Le reverrai-je après ce soir ? Dans quel état finirons-nous ?

Quant à notre amour, notre relation plus que ambiguë, que va-t-elle devenir ? Nous savions dès le départ qu'elle n'avait pas réellement d'avenir. J'ai pourtant commencé à y croire. Car je l'aime. Plus que je ne l'aurais imaginé. Cet amour est réciproque. Pourquoi ne pas profiter de celui-ci ? La vie est si courte.

Sous la tonne d'interrogations qui me tombent sur les épaules, des larmes coulent le long de mes joues. Adrian tourne la tête vers moi et hausse les sourcils en remarquant ma tristesse.

— Pourquoi tu pleures, mon cœur ? Tu es triste.

Il murmure pour ne pas briser ce moment rempli de silence. Je m'arrête à un mètre de lui, le visage relevé pour le regarder. Les yeux dans les yeux, j'esquisse un petit sourire, qui n'en est pas moins sincère.

— Non, je ne suis pas triste.

C'est la vérité. Mes larmes coulent mais ce n'est pas de tristesse. Je suis simplement heureuse d'avoir pu avoir une petite relation avec lui. Heureuse d'avoir pu mettre ma confiance en un homme. Heureuse d'avoir pris conscience que je peux être heureuse.

Même si j'aurais préféré que ça soit dans d'autres circonstances - bien évidemment, Cléa n'aurait pas été enlevée. Je sais aussi que ce n'est pas de sa faute. Alors non. Même si ça doit se finir ce soir, qu'importe l'issue entre nous, je suis heureuse que ça soit arrivé. Lui et moi. L'amour de nouveau présent dans mon cœur.

LAWYEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant