Chapitre 5 : Ryan
Lorsque les présentations sont terminées et que les professeurs nous invitent à sortir après des minutes interminables pour moi, je soupire avant de me dépêcher de quitter la salle avec un seul objectif en tête : aller lui parler.
Malheureusement, j'étais trop stupide de penser que j'arriverais à la rattraper alors qu'elle s'était mise dans les premiers rangs tandis que j'étais tout au fond.
J'étais aussi idiot de penser que j'allais passer une heure et demie à écouter sagement les professeurs parler. Je n'ai presque rien retenu. Seulement quelques informations que j'ai réussi à écrire entre les lignes remplies de son prénom.
Nina.
Et ce qui devait arriver arriva. En quittant l'amphithéâtre, aucune trace de cette fille. J'ai pourtant marché vite, presque couru même mais aucune trace de Nina. Le temps que je traverse tout l'amphi, elle a eu le temps de s'en aller. Maintenant, elle est peut-être à l'autre bout du campus. Et je suis persuadé qu'elle me fuit parce qu'elle a peur que je recommence mes conneries. Et je la comprends totalement.
Tu auras un an pour lui parler, Ryan.
Tu as raison, petite tête ! Hélas, c'est maintenant que j'ai besoin de la voir.
Parce que je suis le genre de personne qui brûle de l'intérieur quand il y a un problème et qui veut le résoudre à tout prix avant d'exploser mentalement.
Sachant que nous n'avons pas encore cours aujourd'hui, je vais devoir attendre demain. Je quitte l'université le cœur lourd et avec un étrange pressentiment en moi.
En marchant pour rejoindre mon arrêt de bus, je sors mes écouteurs de ma poche et les enfonce profondément dans mes oreilles afin de me couper du monde extérieur. Je laisse les paroles de la chanson Diamonds de Sam Smith me bercer dans le froid de ce mois de septembre qui vient à peine de débuter mais qui est déjà plein de surprises pour moi.
Mon bus arrive dans une dizaine de minutes alors je patiente en observant les alentours. Nombreux sont les passants qui marchent vite en prévision de l'averse car la pluie tombe déjà en fines gouttes mais ça ne va pas durer. J'observe tous ces gens en me demandant curieusement ce qu'ils font. Moi, j'attends de rentrer chez moi. Mais eux, que font-ils ? Où vont-ils ?
J'aime d'ailleurs l'idée que mon arrêt de bus est le point de convergence de vies diverses qui s'entrelacent, chacune portant sa propre histoire et son propre destin.
Y en a-t-il, comme moi, tourmentés par des potentielles conneries qu'ils auraient fait par le passé ?
Évidement. Je ne dois pas être le seul. Peut-être le seul dans cette ville, mais pas le seul dans le monde. Mais y a-t-il d'autres gens comme Nina ?
Une goutte de pluie tombe sur mon nez et me ramène à la réalité et je me rends compte qu'il pleut effectivement de plus en plus.
Je me réjouis en me rappelant que mon bus s'arrête presque devant chez ma tante et mon oncle. Au moins, je ne me ferai pas tremper très longtemps si l'averse éclate avant que je ne sois arrivé.
En parlant de bus, le voici qui arrive. Je me précipite à l'intérieur et m'assois sur le premier siège que je trouve avant de regarder par la vitre le paysage qui se met à défiler.
Mon passé a refait surface d'un coup. Comme ça, aussi vite qu'un éclair, il est venu me dire bonjour. Et je sens qu'il n'est pas prêt de repartir. C'est comme les histoires d'amour. Vous tombez vite amoureux, vous oubliez en quinze ans, voir jamais.
Mes tempes sont douloureuses. Ou bien est-ce mon cœur qui a mal ? Je ne sais pas. Une drôle de sensation a envahi mon corps entier. Je secoue la tête pour tenter de chasser toutes ces mauvaises pensées mais impossible de ne pas revoir le visage de Nina dans mon esprit. Ce visage si délicat que j'ai meurtri à de nombreuses reprises. Ce visage que j'ai fait pleurer plusieurs fois.
Néanmoins, je suis tellement perdu au milieu de tous ces souvenirs que le trajet jusqu'à chez moi se passe vite. Quand nous nous arrêtons au bout d'une dizaine de minutes, je sors du bus à la vitesse de l'éclair et rejoins l'appartement de ma famille dont l'accès se fait par une petite ruelle un peu étroite mais calme.
Mon oncle et ma tante sont déjà rentrés quand je passe la porte d'entrée. Je troque ma paire de baskets contre mes chaussons, salue mon oncle qui regarde la télévision et ma tante qui s'active à faire à manger dans la cuisine puis je traverse le couloir qui mène à la chambre. Je m'enferme puis me prends la tête dans les mains.
Bon sang, bon sang et bon sang !
Je ne pouvais même pas prévoir ça. La dernière personne que je voulais voir en arrivant à l'université est là et il s'avère qu'elle est même dans ma filière. Même ville, même établissement, même filière. Quelles étaient les probabilités, vraiment ?
Pourquoi maintenant ? Tout ce que je voulais, c'était recommencer, tourner la page sur le passé. Je pensais même que l'université était le bon moyen de tout recommencer. L'université est un moment marquant et qui nous fait débuter une nouvelle vie en tant qu'adulte. De plus, personne ne me connaît et personne ne sait ce que j'ai fait. Personne ne peut me juger à l'université sur ma popularité ou non au lycée. Personne ne peut savoir si j'étais plutôt comique ou réservé. Personne ne sait si j'étais du genre à ramener des bonnes notes ou si j'étais plutôt mauvais en cours. Mais à vrai dire, si je suis à l'université aujourd'hui, c'est que j'en suis capable, non ?
Et voilà que le passé décide de revenir me hanter. Fichu destin. Nina... elle avait cette lueur dans les yeux, comme si elle allait me détruire d'un simple regard. Si elle avait eu un fusil dans les mains à ce moment-là, je suis certain qu'elle m'aurait tiré dessus sans hésiter.
Ou alors elle aurait tellement tremblé que son cœur n'aurait pas supporté.
Décide-toi, Ryan ! Tes pensées sont contradictoires ! Tu ne réfléchis même plus correctement !
Je ne peux pas la blâmer. Elle pourrait me traiter de con, d'imbécile, de tous les noms que je ne pourrais même pas lui en vouloir. Je me rends compte à quel point j'ai été odieux, stupide même, au collège et pendant une grande partie du lycée aussi. J'aurais dû penser aux conséquences de mes actes. Elle n'aurait jamais dû subir ça. Mais le passé est derrière moi. Ce qui est fait est fait et il n'y a pas de retour possible. Mes actes sont indélébiles dans sa pensée.
Je soupire profondément, avec sûrement une belle expression de regret sur mon visage puis commence à faire les cents pas dans ma petite chambre d'appartement.
Franchement, Ryan, tu ne pouvais pas imaginer que tout serait facile. Tu as fait des erreurs monumentales, et maintenant, tu dois faire face aux conséquences.
Stupide voix qui a raison ! Tu as toujours raison sur tout !
Je dois aller lui parler. Histoire d'en avoir le cœur net. Sur ce qu'elle pense. Sur tout.
Mais elle pense que tu es un connard, voilà tout ! Elle ne voudra plus jamais te parler, Ryan, réfléchis !
Demain est un nouveau jour. Peut-être qu'il sera le début de quelque chose de différent. Peut-être que je pourrai montrer à Nina que j'ai vraiment changé. Et si elle ne veut pas me pardonner, au moins, je saurai que j'ai essayé.
Parce qu'il faut toujours tout tenter dans la vie.
Je soupire et m'empare de ma guitare afin de jouer quelques notes qui me transporteront ailleurs l'espace d'un instant.
Parce que là, j'ai bien besoin d'un divertissement.
N'oublie pas la petite étoile du vote ⭐⭐⭐ si tu as aimé ce chapitre ainsi qu'un petit commentaire si tu le souhaites pour me faire part de tes impressions. 🌹🌹🌹
VOUS LISEZ
Does Love Need Forgiveness ?
عاطفية« Le passé refait souvent surface quand on ne s'y attend pas... » Nina, dix-huit ans, fait sa rentrée à l'université. La jeune fille est bien décidée à travailler dur afin de réussir haut la main son année. Rien ne semble la perturber, mise à par...