Does Love Need Forgiveness ?

Chapitre 3 : Ryan

Chapitre 3 : Ryan                                                                                         

On ne rencontre jamais quelqu'un juste par un pur hasard. Selon moi, tout est calculé. Tout est bien planifié. Et si une personne refait surface dans votre vie, c'est qu'il y a sûrement une bonne raison à ça. Comme un fantôme qui est contraint de revenir sur Terre pour finir sa mission. Peut-être que deux êtres qui se revoient doivent achever quelque chose d'important ensemble. Peut-être qu'une longue discussion s'impose entre ces deux personnes afin de mettre les choses au clair. Peut-être que c'est comme une guerre ? Tant qu'il n'y aura pas d'accord, l'adversaire refera toujours surface.

Je pensais ne jamais la revoir mais elle est là, devant moi, toujours avec cette apparence chétive, timide, avec ses petites lèvres roses, ses cheveux bruns tombant en cascades sur ses fines épaules et son visage de porcelaine. Elle aurait pu passer inaperçue au milieu de tous ces étudiants si mon regard ne s'était pas posé par un pur hasard sur elle.

Un pur hasard, n'est-ce pas ?

Un putain de pur hasard !

Détends-toi, Ryan.

Je n'en reviens pas. Elle était la dernière personne que j'imaginais croiser, encore moins ici et pourtant, la voici à quelques mètres de moi, dans un amphithéâtre rempli d'étudiants.

C'est ridicule. Je suis juste en train d'halluciner, c'est tout.

Pourtant, c'est bien réel. C'est elle. J'ai cligné des yeux plusieurs fois, des fois que ma vision et mon cerveau me jouent des sales tours, mais c'est réel.

Je suis immobile, paralysé par la surprise et tout mon passé ressurgit devant moi, à mes pieds, me frappant, me narguant, m'humiliant.

Quelque chose en moi vient d'exploser. Peut-être mon âme ou peut-être mon cœur, je ne sais pas vraiment.

Je suis incapable de réagir et elle non plus, apparemment, car elle se contente de me fixer avec stupeur. Le temps se suspend et j'ai l'impression qu'une éternité se passe avant que nos regards emmêlés ne se quittent. Je la vois m'observer encore une fois, pas sûre de ce qu'elle a vu, puis elle finit par tourner les talons et aller se placer à l'autre bout de l'amphi, sûrement en priant pour avoir halluciné. Ou priant pour que je ne la suive pas. Ou les deux.

J'hésite à la suivre mais reste là où je suis, de multiples pensées fusant dans ma tête.

Ce n'est pas le moment, Ryan. Contente-toi d'apprécier ta rentrée.

J'obéis à la petite voix intérieure qui a bien souvent raison et m'installe vers le fond de la pièce déjà bien remplie d'étudiants.

Je n'en reviens pas.

Je pose mon sac et sors un stylo et une feuille, juste de quoi noter les dates et informations importantes qui vont être données tandis que les derniers arrivants s'installent.

Je n'en reviens pas.

Je n'en reviens vraiment pas.

Je ne vais pas m'en remettre.

Tout mon corps est tendu sous l'effet de l'étonnement, de la stupeur. Même gagner au loto ne m'aurait pas autant choqué. J'en suis sûr. Rien ne peut faire le poids face à la réapparition de cette fille, la victime de mes tourments, de ma brutalité enfantine.

J'aurais dû emmener ma balle anti-stress car le crayon que j'ai actuellement dans les mains va sûrement bientôt finir cassé en deux.

Je suis seul et c'est peut-être tant mieux car j'aurais été capable d'embêter Caleb et de lui demander dix mille fois s'il a vu cette fille. C'est stupide car Caleb ne l'a jamais rencontrée. Il n'aurait même pas pu me confirmer que c'est bien elle. Mon meilleur ami du lycée m'aurait simplement sorti des blagues pourries qui m'auraient irrité davantage.

Pitoyable.

Ryan, tu es pitoyable.

Les différents professeurs de notre filière se rassemblent sur l'estrade et s'échangent quelques mots. Le brouhaha des élèves se mélange à la chaleur de l'endroit et au cliquetis de certains stylos.

Je triture nerveusement mes bijoux, tantôt ma chaîne en argent qui orne mon cou, tantôt mes bagues en or tandis que ma jambe droite tressaille.

Déstresse, Ryan, tu te mets dans tous tes états juste pour une fille, rien ne va plus.

Cette fois, la petite voix en moi n'a pas raison. Elle a tort. Ce n'est pas juste une fille.

Si seulement ça pouvait être le cas !

Moi qui pensais passer une rentrée apaisée avec rien qui ne pouvait m'arrêter, revoilà que mon passé douloureux refait surface et que les souvenirs les plus amers, ceux que je pensais enfouis à jamais, reviennent me perforer la poitrine. Et le pire, c'est qu'elle doit actuellement être aussi déstabilisée que moi.

Un professeur se racle la gorge puis entame sa présentation ainsi que celle de ses collègues. J'essaie de les écouter mais je ne peux m'empêcher de balayer les environs du regard afin de la chercher. Je finis par la trouver au bout de quelques minutes d'observation et quelques regards croisés. Elle est tout devant et sa chevelure brune dissimule une partie de son visage d'ange.

Elle est tout devant et je suis tout derrière.

Cela pourrait presque sonner comme une phrase poétique !

Ma main droite attrape mon stylo afin de noter les dates clés de cette année dont les examens. Mais au lieu d'écrire les bons numéros, ma main se met à écrire quatre lettres. Quatre lettres simples qui forment un nom si délicat.

N

I

N

A

Nina.

La fille que j'ai harcelé au collège et en seconde.

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