Chapitre 30 : Nina

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Chapitre 30 : Nina

Le réveil a été difficile mais je n'ai jamais été aussi soulagée que quand les infirmiers m'ont annoncé que mon père allait bien et qu'il s'était réveillé. Il va devoir être gardé en observation quelques jours encore, ce qui fait que j'erre seule dans l'appartement, comme une âme coincée entre l'Enfer et le Paradis.

Je ne suis pas allée en cours de la semaine. J'étais trop secouée pour espérer suivre les cours convenablement.  Après tout, j'ai failli perdre mon père et je devais lui rendre visite souvent.

Je sais qu'il va m'être difficile de rattraper les cours, surtout que je ne connais personne dans ma filière.

En vérité, si.

Je retournerai en cours quand mon père sortira de l'hôpital. Selon les médecins, il avait des problèmes cardiaques préexistants.

Je ne m'en suis jamais rendue compte. Je pensais qu'il allait bien. Il boit beaucoup, certes mais jamais vraiment dans l'extrême. Il ne fume pas, du moins je ne le pense pas. Il a toujours l'air mal mais je pensais qu'il n'étais comme ça qu'à cause de maman. Alors qu'en réalité, il souffrait peut-être de quelque chose.

Et je ne m'en suis jamais rendue compte.

Jamais.

Il faut croire que mon père ne me fait jamais attention mais moi, est-ce que je fais réellement attention à lui ? C'est mon père mais je le repousse. Je dis du mal de lui.

Et hier, il a failli mourir par ma faute. Parce que si j'avais fait attention à lui, peut-être qu'on aurait pu éviter le pire. Mais et lui, fait-il attention à moi ? Après tout, j'aurais très bien pu me suicider à l'époque où tout allait mal. Jamais il n'a remarqué que j'étais dans le mal. Jamais il n'a remarqué que sa fille rentrait en pleurs de l'école.

Je dois absolument faire quelque chose sinon, je vais devenir folle.

Je déambule dans le salon, j'erre dans les couloirs, je marche en rond dans ma chambre. Je suis seule et perdue dans mes pensées dans un appartement qui semble plus vide que le néant. Je ressens un vide oppressant qui semble pourtant remplir chaque coin de la pièce. Je m'arrête devant la fenêtre de ma chambre, le regard perdu dans le lointain, tandis que les lumières de la ville scintillent dans la nuit. Une part de moi se sent impuissante et vulnérable face à l'incertitude de la situation.

Que vais-je devenir ?

Alors que je continue de marcher sans but, mon téléphone sonne pour m'annoncer un message, éclairant quelques secondes la pièce. Ce doit être Scarlett. J'hésite tout de même avant d'allumer l'écran puis mon cœur fait un bond.

« Dis-moi quand je peux passer te voir, j'aimerais te donner les cours que tu as loupé. »

D'abord, je relis le message trente-six fois avant d'être sûre de ce que je lis puis je me décide à lui rédiger une réponse simple qui m'évitera d'avoir affaire à lui.

« Dépose-les moi dans ma boîte aux lettres. Tu sais sûrement où elle est. Merci. »

Alors que je pensais qu'il m'écrirait un simple « Ok », mon téléphone sonne encore deux fois et je crois à une mauvaise blague.

« J'insiste. J'aimerais te voir. Voir comment tu vas. »

« S'il te plaît, Nina. »

Une larme solitaire roule sur ma joue mais je ne me laisse pas dégonfler, je réponds un « non » catégorique puis j'éteins mon téléphone.

Je me sens mal lorsque je refuse mais c'est pour notre bien à tous les deux.

Ryan.

Alors que je lutte pour rallumer mon téléphone, un souvenir amer me revient en mémoire.

Dans un coin isolé de la cour du collège, je me tiens seule, absorbée dans mes pensées alors que je feuillette un livre. Soudain, une ombre se projette sur moi, me tirant brutalement de ma tranquillité. Ryan, le visage tordu par un sourire narquois, se tient devant moi, toujours aussi imposant et effrayant.

— Alors, c'est quoi ce que tu lis là, la fille solitaire qui a tué sa mère ? demanda-t-il d'un ton moqueur, ses yeux pétillant de malice. 

Je tente de l'ignorer, d'ignorer ses remarques blessantes, replongeant dans mon livre avec des tremblements intenses accentués par un froid mordant.

— Eh, j'te parle, Nini.

Je cligne des yeux devant ce surnom trop bizarre et surtout humiliant.

— Tu sais, personne ne veut traîner avec toi. T'es trop bizarre, insiste-t-il, ricanant alors que ses camarades se joignent à lui. Trop petite, pas très jolie, trop maigre ! Tu ne manges pas parce que ta maman te manque, c'est ça ?

Je m'efforce de rester calme, ne voulant pas donner à Ryan le plaisir de me voir bouleversée. Pourtant, je pleure déjà. Il persiste, se rapprochant dangereusement, ses paroles empreintes de mépris et de cruauté.

— Tu ferais mieux de te trouver de nouveaux amis, Nina, au lieu de lire des romans pourris et cucul à l'eau de rose. L'amour, ça n'existe même pas en plus !

Sa voix résonne dans l'air, emplie d'une malveillance sournoise qui me fait frissonner jusqu'au plus profond de mon être.

Il s'éloigne et je pense qu'il ne viendra plus m'embêter pour aujourd'hui.

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Does Love Need Forgiveness ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant