Chapitre 10 : Nina
J'ai peut-être été trop brutale. Trop dure.
C'est la première pensée qui me traverse l'esprit en rentrant chez moi ce soir. Comme quoi, je dérape, je deviens folle, je me noie dans une grand folie.
C'est juste un gros con qui a mérité tout ce que je lui ai dit, du début à la fin.
Peut-être que j'ai vraiment été trop dure avec lui. Oui, il a fait des choses horribles par le passé, mais est-ce que ça justifie ma propre violence ? Surtout que mes tendances rancunières n'arrangent rien.
Je soupire profondément, fixant un point au loin puis me mords la lèvre inférieure.
J'ai ressenti toute cette colère remonter en moi dès que je l'ai vu, comme si rien n'avait changé. Mais ça a changé. J'ai changé.
Et lui dit avoir changé aussi. Mais est-ce vrai ?
Non.
Il est toujours le Ryan qui m'a harcelée au collège.
Mes pensées sont de plus en plus loufoques à mesure que je réfléchis. Je mets alors un terme à tout ça et décide d'aller regarder quelque chose à la télévision pour me divertir. Puis je me souviens que mon père ne paie plus Netflix alors je me résous plutôt à essayer de jouer quelques notes sur mon clavier, cadeau de mes parents pour mes dix ans.
Les notes se répercutent dans ma tête en écho et je pense que je pourrais presque écrire une chanson à Ryan, disant combien je le déteste en rimes. Au lieu de ça, je cherche une vidéo sur Internet et essaie de jouer une chanson que j'adore, mais au lieu de réussir à imiter l'artiste qui fait le tuto, je m'énerve, frappe les pauvres touches qui n'ont rien demandé à personne et abandonne pour m'allonger sur mon lit et pester.
Comme si les trois mots « Je suis désolé » allaient lui permettre de se faire pardonner !
Je serre les poings, montrant ma frustration au néant de ma chambre.
Il a ruiné une partie importante de ma vie, et maintenant il est là, comme s'il pouvait effacer tout ça avec un sourire et des excuses pathétiques. Il n'a aucune idée de la douleur qu'il a causé.
Je suis sûre qu'il n'en a aucune idée.
*
Le lendemain matin, je décide de me lever plutôt. Je ne sais pas vraiment ce qui m'a motivée à mettre mon réveil de bonne heure. Peut-être le destin. Je me prépare comme d'habitude et prends mon petit déjeuner accompagnée de la voix mélodieuse de Tate McRae qui demande à une certaine personne quel est son problème.
What's your problem ? You think that you're a God. You came and fucked my life up when you knew that I was lost...
Je soupire quand je réalise que les chansons disent exactement la vérité, reflètent parfaitement la réalité de ce monde.
Je me rends à la salle de bain pour me coiffer puis sors de chez moi après avoir attrapé mon sac de cours. J'ignore pourquoi mais pendant quelques secondes, je fixe la porte de l'appartement de nos voisins en restant immobile avant de reprendre ma route. En marchant, j'imagine même que si je marche sur certains endroits, je vais mourir.
Pathétique. Je perds la tête.
Je marche rapidement pour rejoindre mon arrêt de bus. Quand je le repère au loin et qu'il ne me reste donc que quelques pas à faire, je m'arrête subitement. Ma vision est souvent trompeuse, surtout au loin mais là, je sais que je l'ai bien vu.
C'est une blague ?
Ryan est au même arrêt de bus que moi.
Ryan. Même arrêt. Même arrêt de bus.
Oh, très cher destin, pourquoi me fais-tu ça ?
C'est incroyable, vraiment. À chaque coin de rue, il est là, comme s'il pouvait juste s'insérer dans ma vie à sa guise. Comment ose-t-il penser qu'il peut simplement revenir comme si rien ne s'était passé ?
Détends-toi, Nina. Il est juste à son arrêt de bus parce qu'il habite pas très loin. Pour le coup, ce n'est pas de sa faute.
Mais il est partout ! Dans mon université, dans ma promo, dans ma classe et au même arrêt de bus ! Pitié, Karma, si tu m'entends, arrête ton complot contre moi !
Je prends sur moi et avance vers l'arrêt de bus mais prends soin de m'arrêter tout de même loin de lui. Même alors qu'il n'a rien fait, sa présence m'insupporte.
Quand il se tourne dans ma direction, je réajuste ma capuche sur ma tête et enfonce encore plus profondément mes écouteurs dans les oreilles tout en baissant les yeux sur mes chaussures blanches à moitié salies par la terre.
J'attends quelques secondes ainsi jusqu'à qu'il ce se présente devant moi.
Oh non !
Je retire l'un de mes écouteurs afin de mieux entendre mes propres paroles et lui lâche :
— Je ne veux pas te parler. Rappelle-toi. Je t'ai dit que tu pouvais aller voir ailleurs. Et ne me force pas à devoir changer de bus parce que j'en serais capable. On est dans une grande ville, je peux toujours prendre une autre ligne. Au pire, il faudra que je fasse un détour.
Je me tourne et regarde dans une autre direction mais Ryan insiste.
— S'il te plaît, Nina.
— Ne prononce pas mon prénom.
Son expression de marbre pourrait presque me donner des frissons.
— Je sais que c'est difficile à entendre, mais je ne peux pas m'empêcher de ressentir le besoin de m'excuser. Pas parce que je pense que des mots peuvent effacer ce que j'ai fait, mais parce que tu mérites au moins ça.
Je souffle, exaspérée.
— Tes excuses ne changent rien. Elles ne peuvent pas réparer ce qui est cassé.
— Je ne cherche pas à réparer. Je veux juste que tu saches que je regrette sincèrement chaque erreur que j'ai commise.
Je médite un instant, ne sachant plus trop quoi dire. Pourtant, après quelques infimes minutes de réflexion, je lance :
— Et après ? Tu veux juste que j'accepte tes excuses et c'est tout ? J'ai dû mal à ne pas croire que tu veux quelque chose d'autre. Tu veux que je pleure pour toi ? Hors de question.
— Je ne cherche pas ta pitié, Nina, enchaîne-t-il. Je veux seulement que tu comprennes que j'ai changé, que je ne suis plus la même personne.
Et moi, je veux que ce dialogue se finisse car chaque mot pèse lourdement sur ma conscience.
— Je n'attends rien de toi, continue-t-il. Je veux simplement que tu saches que je suis prêt à faire ce qu'il faut pour me racheter, même si ça signifie que tu ne me pardonneras jamais.
Je suis perdue.
Que suis-je censée comprendre ?
Je le regarde intensément mais je ne sais pas comment je suis sensée réagir. J'ai encore du mal à réaliser que je suis en train de lui parler. Je trouve même ce dialogue bien moins désagréable que le précédent.
— Donc si je comprends bien, tu veux que je te pardonne ? C'est tout ? Je suis sûre que c'est uniquement pour que tu aies la conscience tranquille. Tu as juste les boules d'aller en Enfer.
Il grimace.
— Non, pas du tout ! Enfin, si je pouvais ne pas y aller, ça m'arrangerait mais je le fais pour toi, Nina. Parce que je sais que j'ai fait des choses pas cool.
Il marque une pause, le regard plein de détermination.
— Je ne vais pas abandonner, Nina. Pas tant que tu ne sauras pas la vérité.
Il s'éloigne et bizarrement, je ne suis ni agacée, ni en colère. C'est comme s'il m'avait presque envoûtée.
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Does Love Need Forgiveness ?
Romansa« Le passé refait souvent surface quand on ne s'y attend pas... » Nina, dix-huit ans, fait sa rentrée à l'université. La jeune fille est bien décidée à travailler dur afin de réussir haut la main son année. Rien ne semble la perturber, mise à par...