Does Love Need Forgiveness ?

Chapitre 23 : Nina

Chapitre 23 : Nina

Merde ! Merde, merde, merde !

J'ai mis mon réveil plutôt aujourd'hui. Pourquoi ? Je ne sais pas. Peut-être pour me torturer.

Il faut croire que j'aime me faire du mal. Le réveil m'a piquée mais je pensais que c'était une bonne chose de venir à l'université avant tout le monde. Pourquoi ? Je ne sais pas non plus.

Sauf qu'en faisant ça, j'étais loin de me douter que je me retrouverais avec Ryan, qui a fait la même chose que moi. La même chose que moi !

Fichu karma !

Quelles étaient les probabilités qu'il se lève tôt comme moi et qu'il vienne à la cafétéria comme moi alors qu'il n'y a personne ? Il a besoin de réfléchir, lui aussi ? Réfléchir à ses conneries, peut-être ?

J'essaie de prendre la fuite mais il s'interpose. J'essaie de faire demi-tour mais il me retient en faisant barrage de son corps. J'essaie encore de fuir mais impossible. Ryan est déterminé à me garder dans cette cafétéria.

Je recule alors mais mon dos vient heurter de plein fouet le mur. Ryan recule aussi face au choc que cela m'a fait.

Durant quelques instants, c'est comme si le temps se figeait. Rien ne se passe et je me demande si je ne suis pas en train de faire une sorte de malaise. Puis Ryan ouvre la bouche, mais seulement pour dire mon prénom.

— Nina.

D'abord, je ne réagis pas et me pince secrètement le bras pour être sûre que je ne suis pas juste dans un rêve étrange.

Puis j'essaie de fuir à nouveau mais Ryan me retient en posant ses deux mains sur mes bras.

— Tu ne pourras pas me fuir éternellement, Nina.

Je n'entends plus rien. Le contact se sa peau contre la mienne provoque comme un feu d'artifice dans mon ventre et une voix en moi voudrait le supplier de garder ses mains sur mes bras.

Que se passe-t-il ?

Mon Dieu.

Pourquoi ?

Je me sens défaillir et il me retient. Oh mon dieu.

— Nina, Nina.

— Ne me touche pas. Je t'interdis de me toucher !

Ces simples mots prononcés par ma bouche si innocente ont tout de même un réel effet sur la personne en face de moi qui se retire subitement. Pourtant, Ryan reste tout de même à quelques centimètres de moi tandis qu'un flash-back me revient en mémoire, flash-back qui a laissé une sacrée empreinte dans mon esprit.

Je suis dans la cour du collège, bien remplie à cette heure-là. C'est la pause déjeuner. Je ne suis même pas allée manger, je n'avais pas faim. Ryan s'approche de moi, une lueur de méchanceté dans les yeux. Je ne l'avais même pas vu venir.

Ryan, sans un mot, s'approche de moi. Il est vraiment grand et il me fait terriblement peur. Ses pas résonnent dans ma tête tandis que le soleil lui donne une silhouette plus importante en éclairant ses contours.

Sans crier gare, Ryan m'attrape fermement le bras, ses doigts serrés comme des étaux. Je tente de me libérer, mais mes efforts sont vains face à sa force.

Son visage de brute se rapproche du mien et son souffle chaud est désagréable. Ses sourcils sont froncés et sa mâchoire carrée est tellement serrée que j'ai l'impression qu'il va en casser ses dents. Il me regarde intensément et je me sens mal. Tellement mal que j'en ai la nausée.                                                                                                                                                                                          Pendant de très longues secondes, il se contente juste de me fixer méchamment, rendant l'atmosphère encore plus tendue qu'elle ne l'était déjà.

La tension monte. Les spectateurs silencieux autour de nous, mes camarades, me regardent, impuissants. Il n'y aucun surveillant dans la cour. Ils sont tous dans le bureau de la vie scolaire mais je sais que quand l'un d'eux sortira, Ryan m'aura lâché.

Puis, dans un élan de rage aveugle, Ryan me pousse violemment contre le mur du collège, son corps heurtant la surface dure avec un bruit sourd. Une douleur lancinante m'arrache un cri que Ryan étouffe aussitôt avec sa grosse main brutale. Des larmes de douleur et de désespoir embuant mes yeux alors que je lutte pour reprendre son souffle.

Puis Ryan me libère et s'en va aussi vite qu'il est arrivé, me laissant seule, en pleurs et le dos abîmé, devant les regards plein de pitié de mes camarades.

J'avais tourné la tête pour ne plus que ses yeux rencontrent les miens mais là, il m'invite à le regarder et je le fais.

— Nina, s'il te plaît. Tu ne pourras plus me fuir éternellement.

Je respire, tente de me calmer et lance :

— Justement, j'espérais que si mais apparemment tu es décidé à être partout où je suis !

Ryan serre les dents mais ne se laisse pas faire par ma répartie. Au contraire, ce qu'il me dit ensuite me donne encore l'envie de vaciller :

— Tu ne dois pas avoir peur de moi. Ni être dégoûtée ? J'ai changé, je t'ai dit. J'ai tout fait pour que ce changement soit efficace. J'ai lutté.

Tout mon corps tremble. Si je voyais moi-même mon expression actuellement tempétueuse dans une glace, je suis sûre que je prendrais peur. Je suis incapable de bouger ne serait-ce qu'un petit orteil et encore moins de respirer. Les mots que je veux prononcer restent bloqués à la barrière de mes lèvres. Ça s'annonce mal pour le reste de cette discussion intense !

— Je suis surtout outrée, j'explique lorsque j'ai retrouvé la parole qui semblait avoir fait un détour dans une contrée lointaine.

J'ai envie de me cacher dans un coin mais au lieu de ça, je trouve le courage d'ajouter :

— Je suis outrée que tu aies autant d'audace à vouloir te faire pardonner après les merdes que tu m'as fait.

— Je le sais, Nina. Et je sais que je ne le referai plus. Veux-tu que je me mette à genoux pour toi ? S'il le faut, je le ferai sans hésiter. Je sais que tu dois encore douter et que tes doutes me concernant te suivront longtemps mais sache que je ne te ferai plus jamais du mal. Je pourrais pleurer devant toi ou faire n'importe quoi pour que tu acceptes un jour de me faire une place parmi les gens que tu ne détestes pas.

Sur ces belles paroles - je dois bien l'avouer - il me laisse et s'en va et je suis incapable de dire combien de temps je reste collée au mur à me refaire toute cette discussion dans ma tête.

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