Chapitre 13 : Ryan

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Chapitre 13 : Ryan

J'ai coupé ma musique et éteint tout ce qui est susceptible de me perturber. Mes bougies, la télévision, ma radio. J'ai même fermé la fenêtre qui donne dans la ruelle sombre et étroite pour atténuer le bruit des voitures passent à ras des murs. Hors de question d'être perturbé par le moindre son, même si je suis conscient que n'importe quoi peut me déstabiliser comme un craquement de mon parquet ou de l'appartement lui-même.

Quelques secondes passent et défaitiste, je pense qu'elle ne décrochera pas. Je pense que c'est peine perdue et je m'apprête à laisser tomber pour aller prendre une douche brûlante pour espérer que l'eau m'apaise. Je fixe même mon fond d'écran, une photo de moi courant pour rattraper un ballon, rappelant ma passion pour le sport. Pourtant, mon numéro lui est encore inconnu, je devrais donc rester positif. Elle ignore que Ryan, le gars qui l'a harcelé au collège, est en train de prier des dieux qui n'existent même pas pour qu'elle accepte de lui parler quelques minutes au téléphone.

Quelques minutes précieuses. Le temps nous est compté.

Alors que je pensais que c'était tout à fait foutu, une voix résonne à l'autre bout du fil et mon angoisse se mêle à de l'excitation.

— Allô ?

Je respire un bon coup et prononce son prénom :

— Nina ?

Son prénom résonne comme un écho dans ma chambre et aussi dans mon cœur comme si c'était une sorte de grotte.

J'entends des grésillements à l'autre bout du fil et supplie le destin pour qu'elle ne raccroche pas. Pas avant que je lui fasse part de mon idée, potentiellement claquée au sol.

— Comment as-tu eu mon numéro de téléphone ? Tu me stalkes ? Tu sais déjà presque où j'habite et dans quelle classe je suis, n'est-ce pas suffisant ?

Non, ce n'est pas suffisant.

Me rappelant l'injonction de sa meilleure amie, je bredouille une raison.

— Qu'est-ce que tu veux ? soupire-t-elle.

Elle n'a toujours pas raccroché. Je ne considère pas ça de gagné mais on est pas mal.

On est vraiment pas mal, n'est-ce pas ?

— Je veux te proposer un jeu.

Un ricanement amer parvient ensuite à l'autre bout du fil. Je serre les dents à en briser ma mâchoire et mes mains empoignent violemment ma couverture. Si j'avais eu de la porcelaine dans les mains, elle se serait brisée tellement je serre. Si j'étais fait de verre, j'aurais explosé. Si j'avais eu du sable devant moi, il se serrait envolé tant je respire fort.

— Un jeu ?! s'exclame-t-elle. Tu crois sincèrement que j'ai envie de jouer à un jeu avec toi ? Non mais tu vas où ? S'il y a bien une personne avec qui je ne veux pas jouer, c'est toi, Ryan.

Elle parle vite et insiste durement sur la seule consonne de mon prénom qui est un son dur.

— Écoute, laisse-moi t'expliquer. Tu es libre de refuser mon idée mais laisse-moi au moins t'en parler en détails, s'il te plaît.

Laisse-moi t'approcher un peu plus pour montrer que j'ai changé...

Elle ne répond pas, et je considère que la voie est libre alors je prends le devant et me lance dans une explication bien préparée mais qui va tout de même être particulièrement maladroite.

— Je te propose un jeu. Un marché, si tu préfères. Je ne veux en aucun cas te forcer ou te froisser mais je veux te prouver que je mérite un pardon. Alors voilà mon idée. J'aimerais organiser différentes activités avec toi. des activités où je serais totalement transparent sur mon passé. Et des activités qui prouveraient que je mérite d'être pardonné. Le jeu repose sur ta volonté de comprendre ma perspective et d'accepter mes efforts de changement.

Does Love Need Forgiveness ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant