Chapitre 14 /!\

576 68 116
                                    

« La prêtresse : Il n'est pas de pouvoir plus puissant que celui du cœur, et cette magie, mon bien-aimé, vous la possédez encore. »

– Moon Sungpio, La dame de la lune.


Dès lors que Jimin avait déclaré que chacun pouvait rejoindre les siens, son lieutenant était allé poser ses armes à la caserne et s'était éclipsé. Il n'avait plus de famille depuis l'adolescence, mais il restait quelqu'un à la capitale qu'il souhaitait voir. Il sillonna les rues de Noria sans prêter une quelconque attention à ce qui l'entourait, trop impatient de retrouver enfin son amant.

Il se moquait des passants, des effluves appétissants, des beautés architecturales, des rires et des cris d'enfants. Son être tout entier était tourné vers ce poète de deux ans son aîné et dont il savait à présent que grâce à lui, la population se l'arrachait.

Il avait connu Kim Taehyung un an et demi plus tôt, alors que l'automne débutait à peine : Jimin avait atteint le rang de général, et pour célébrer ce grade, sa famille avait embauché le jeune auteur afin qu'il compose un panégyrique. Taehyung avait accepté à seule condition de rencontrer Jimin et de l'observer quelques jours durant dans son camp à la frontière sawaï. Parce qu'il était de notoriété publique que l'artiste demandait toujours à côtoyer ceux à propos de qui il écrivait, sa requête lui avait été accordée.

Jungkook n'avait pas pu le lâcher du regard deux semaines durant : doué d'une grâce naturelle qui s'exprimait dans le moindre de ses mouvements, il trouvait Taehyung envoûtant, et aussitôt il avait désiré le faire sien. Adepte des relations charnelles sans lendemains, le lieutenant avait fait quelques avances au poète qui avait cédé et l'avait invité sous sa tente une nuit, peu avant son départ.

Leur nuit la plus mémorable, d'après eux. Ils s'étaient étreints des heures durant, leurs deux corps en sueur, taisant leurs gémissements de leur mieux. Une explosion de volupté. Rentré chez lui, Taehyung avait composé le panégyrique demandé par les Park, ainsi que le texte grâce auquel il était devenu célèbre à la sortie de son recueil. Ce poème avait éclipsé le reste de son œuvre, et depuis, les deux amants se retrouvaient dès que possible, se donnant corps et âme l'un à l'autre lors de moments enfiévrés pendant lesquels ils dormaient peu.

Jungkook arriva devant un bâtiment dans lequel il entra pour rejoindre les combles. Plusieurs appartements avaient été aménagés ici, et il frappa sans hésiter à la porte de la mansarde de Taehyung, que celui-ci avait réussi à rendre charmante et confortable en dépit de ses maigres revenus. Un pas lent résonna à l'intérieur accompagné d'un soupir las, puis le battant s'ouvrit.

Taehyung, ses cheveux bruns plus longs que la dernière fois qu'ils s'étaient vus, affichait une mine fatiguée et était encore vêtu de sa tenue de nuit, un pantalon et un t-shirt à la propreté douteuse, en dépit de l'heure avancée – il travaillait souvent toute la journée, raison pour laquelle il ne comprenait pas l'intérêt de s'habiller. Ses yeux mi-clos s'écarquillèrent quand il découvrit son bien-aimé sur le seuil de sa porte, et dans un réflexe qu'il ne chercha pas à réfréner, il se jeta à son cou.

« Jungkook ! Je ne savais pas que tu rentrais aujourd'hui !

— Bonjour à toi aussi, Taehyung.

— Je suis si heureux de te voir, comme mes nuits sont moroses sans toi !

— Et les miennes le sont tout autant sans toi. Comment vas-tu ? »

Le poète recula et admira le beau guerrier qui enflammait son imagination autant que sa libido. La musculature de Jungkook le rendait fou, de même que son regard de braise et son visage innocent. Son hanbok laissait deviner une carrure puissante, et déjà l'artiste ne rêvait que d'une chose : le lui retirer. Il se ressaisit en s'écartant du passage pour offrir à son visiteur d'entrer. Jungkook l'en remercia d'un signe de tête.

L'œil du Phénix [Yoonmin/Namjin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant