Chapitre 42

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« Partager une même souffrance rapprochait les âmes plus que tout autre chose. »

– Yon Palik, Les hommes d'ombre et de lumière.


Tétanisé, Yoongi ne parvenait plus à effectuer le moindre mouvement. Tout son être désirait se rebeller, mais il n'arrivait plus à bouger. Il jurerait même que ses yeux avaient cessé de cligner à partir du moment où il avait senti cette lame froide contre son cou.

Lorsque Jimin ressortit de la chambre, Yoongi discerna une ombre derrière lui qui s'apprêtait à le happer. Un éclat lui indiqua la présence d'une arme entre ces mains inconnues. Le général par chance, sa perception accrue par l'adrénaline, remarqua à la fois la situation du Phénix et son regard horrifié par-dessus son épaule. Il réagit au quart de tour : il s'agenouilla, tête baissée, et vit passer le sabre à l'exact endroit où se trouvait sa nuque moins d'une seconde plus tôt. Sa dague serrée dans son poing, il leva le bras d'un geste magistral : la pointe se ficha dans le menton de son adversaire qui tituba.

Yoongi, concentré sur le duel, paniqua en sentant que celle qui le maintenait contre elle tentait de s'éloigner, lui en otage, le fer toujours contre sa gorge. Décidé à répliquer, le mage plongea de façon discrète la main dans les ténèbres entre lui et son assaillante. Il en tira son arme de secours qu'il planta dans la cuisse de son ennemie. La femme cracha un juron, et Yoongi se paralysa lorsqu'elle mit sa menace à exécution : le tranchant glissa le long de sa carotide afin d'y tailler une plaie béante.

À peine le toucha-t-elle que son pouvoir protégea le Phénix. Le froid de l'ombre lui caressa la gorge sans qu'il comprenne ce qui se passait. Pas de lame, peu voire pas de douleur. Il était encore vivant.

Un grognement étouffé résonna derrière lui en même temps qu'il sentait s'écouler contre sa nuque et son dos un flot de liquide chaud. La Sawaï lâcha sa dague, vacilla puis s'écrasa sur le sol alors que, horrifié, Yoongi bondissait contre le mur le plus proche. Son cœur battait à tout rompre, d'importantes nausées menaçaient de le faire vomir, pourtant il osa, du fait d'une curiosité morbide, observer le cadavre qui se vidait à présent de son sang à une vitesse écœurante.

Jimin venait de récupérer son arme quand le Phénix, tremblant de peur, tourna son attention sur lui. Le général contempla la dépouille, puis son ami, et l'interrogea du regard.

« Je ne... ce n'est pas... Je...

— Très clair, Yoongi, j'écrirai cela dans mon rapport.

— Que s'est-il passé ?

— Je l'ignore. Je ne vois même pas les couleurs de ces soldats. Ils ont assassiné les Scorpions.

— Par Hiemis ! »

Un sanglot s'éleva soudain de la chambre d'où venait Jimin. Ce dernier se replaça aussitôt en position de combat, avant de se détendre en reconnaissant ce timbre jeune. Tous les Sawaï n'avaient pas péri. Il poussa la porte de la pièce, et il se tourna vers son ami qui refusait à présent de rester seul où que ce soit.

« Yoongi, éclairez la chambre, je vous prie. »

Il ne se rendit compte qu'il avait oublié de le prévenir qu'au moment où une faible lumière s'empara des lieux. Yoongi découvrit avec horreur le carnage perpétré ici et, incapable de retenir plus longtemps les nausées qui lui retournaient le cœur, il fit volte-face pour vomir contre un mur.

Trois des quatre personnes qu'ils avaient vu entrer dans cette chambre gisaient à présent, le visage effrayé et la gorge tranchée, au milieu de draps qui trempaient le sol d'une mare d'écarlate. Une fétidité atroce se répandait, des relents de mort émanaient des corps, et le sang, en plus d'empuantir l'atmosphère, l'alourdissait. On en éprouvait presque la chaleur, la texture visqueuse.

L'œil du Phénix [Yoonmin/Namjin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant