Chapitre 3

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« Ils assimilaient le blanc à la pureté de leur lignée comme de leur âme, descendants d'un phénix de neige, leur peau aussi immaculée que leurs cheveux et leurs prunelles. Peuple intellectuel, ils avaient étudié des siècles durant la symbolique de cette couleur, qu'ils considéraient comme preuve de leur ascendance divine autant que de leur bonté de cœur. »

– Yon Palik, Les hommes d'ombre et de lumière.


Lorsque Yoongi ouvrit les paupières, il éprouva aussitôt une écrasante fatigue. Son crâne continuait de cogner ; un râle de douleur lui échappa. Un coup d'œil autour de lui révéla que l'on avait éteint les candélabres, l'endroit éclairé par la seule lumière de la cheminée centrale. Il était allongé sur la méridienne, sur le dos, ce qui lui provoquait une souffrance ténue mais ininterrompue à laquelle il tenta de se soustraire en se tournant sur le flanc.

Il aperçut Jimin à l'instant où ce dernier referma la tente derrière lui alors qu'il en franchissait l'entrée.

« Heureux de vous revoir parmi nous, Yoongi, le salua-t-il.

— C'est un plaisir pour moi aussi, le railla l'autre.

— Pouvez-vous me dire ce qui vous est arrivé ?

— Aux dernières nouvelles, je me suis évanoui. Peut-être n'était-ce pas encore assez évident.

— Évanoui ? Je ne m'en étais pas douté, ironisa à son tour Jimin. Ce que je souhaite savoir, c'est pour quelle raison vous avez défailli. Votre dos vous fait encore souffrir, et j'espère qu'il ne s'agit pas d'une infection. J'attendais votre réveil pour que vous puissiez discuter avec le médecin, il vous donnera les recommandations nécessaires à...

— Peu importe, tout va bien. Je n'ai pas besoin de davantage de soins. Mes blessures guérissent bien, ma perte de connaissance n'était due qu'à des maux de tête. Je n'ai plus été nourri correctement depuis des mois, est-ce bien étonnant que je n'en sois pas remis au bout de vingt-quatre heures ?

— Pardonnez ma sollicitude, je me demande encore pourquoi je me suis inquiété pour vous, quel idiot.

— Votre bêtise vous est toute pardonnée, général. »

Jimin le foudroya d'un regard. Yoongi lui adressa un rictus moqueur auquel l'autre répondit sans hésiter.

« Et vous, au lieu de laisser échapper du venin de votre bouche, vous devriez peut-être songer à la remplir de cette nourriture dont vous avez tant manqué pendant des semaines.

— Pour une fois que vous me faites une suggestion intelligente, je pense que je vais m'y plier.

— Comptez-vous encore vous asseoir ? Cela ne m'a pas eu l'air de vous avoir réussi.

— Je pense en effet que je vais manger allongé, mon dos continue de me faire souffrir.

— Pas étonnant après ce qu'il a enduré. Combien de temps avez-vous gardé vos stylets ?

— Au total, au moins trois semaines je dirais, quoique je pense que certaines de mes « nuits » n'étaient rien de plus que de profonds évanouissements, auquel cas il s'agissait peut-être plutôt de quinze à vingt jours. »

Il avança une main vers le plateau ; Jimin l'approcha davantage pour lui faciliter la tâche. Yoongi en tira un fruit qu'il mangea sans précipitation, tant pour le savourer que pour éviter à son estomac de le rejeter sous prétexte qu'il avait perdu l'habitude d'une pareille quantité de nourriture.

« Dites-moi, Yoongi : pour quelle raison vous a-t-on infligé ce châtiment ?

— À votre avis ?

— Prisonnier trop remuant ?

L'œil du Phénix [Yoonmin/Namjin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant