Chapitre 17

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« La prêtresse : Mon cœur est sincère, je n'ai aucun secret pour vous. Nos âmes sont en parfaite symbiose. Je vous aime plus que tout. »

– Moon Sungpio, La dame de la lune.


Yua était déjà debout depuis plusieurs heures à observer l'aurore iriser le ciel de teintes pastel quand on frappa à sa porte. Elle reconnut sans mal la façon qu'avait Mincheol de réclamer la permission d'entrer, qu'elle n'avait de toute façon pas à lui accorder puisqu'il n'attendait pas un mot de sa part pour déverrouiller puis pousser le battant. Il apparut sans l'entrebâillement avec un plateau de victuailles pour le petit déjeuner, qu'il alla poser comme à son habitude sur la table de la pièce.

« Mademoiselle Yua... »

Ils n'étaient pas supposés parler, de sorte qu'entendre sa voix alerta aussitôt la Phénix, qui se tourna pour lui offrir toute son attention, le cœur gonflé d'espoir.

« J'ai obtenu... quelques renseignements, hésita-t-il tout bas.

— Quoi donc ? »

Il se mordilla la lèvre, jeta un regard angoissé en direction de la porte entrouverte, et repoussa une mèche brune derrière son oreille. Yua lui trouva l'air plus innocent que lors de leur dernière conversation, sans doute parce que le stress lui conférait des allures d'enfant égaré. Ses vêtements noir et écarlate – toujours les mêmes, ceux des serviteurs – s'usaient à mesure que s'écoulaient les jours, et Yua se demandait parfois combien de temps il les porterait avant d'obtenir un uniforme neuf, si d'aventure on comptait lui en fournir un. Un peu trop amples au niveau de la taille, que Mincheol avait fine, sa tunique formait des plis qui donnaient l'impression qu'il pourrait s'y emmitoufler, accentuant cette impression de faire face à un homme plus jeune qu'il ne devait l'être.

Peut-être avait-il glané ses renseignements grâce à cette discrétion naturelle qu'il possédait, désireux de passer inaperçu : la tête rentrée dans les épaules, le pas léger, l'air renfermé. Parler d'affaires confidentielles ne gênait pas devant lui, car il était invisible, ignoré de tous.

« J'ai entendu des bruits de couloir, admit Mincheol malgré son hésitation. Rien n'est sûr, mais...

— C'est déjà bien, le coupa-t-elle, dites-moi tout.

— Eh bien, on raconte que le Prince est furieux d'avoir été dupé par le fils de votre chef, il s'est rendu compte que vous lui aviez menti.

— Par Hiemis, comment s'en est-il aperçu ? gronda la prêtresse pour elle-même.

— Aucune idée, mais il n'a pas apprécié. On parle de votre ressemblance peu flagrante, mais aussi de vos noms trop différents, et... il aurait réussi à faire parler plusieurs Phénix qui auraient avoué le véritable prénom de votre jumeau.

— Alors vous aussi, vous êtes au courant. Vous savez qui nous sommes.

— Dès la première fois que je vous ai vue, j'ai su à quel peuple vous apparteniez, alors j'ai voulu en apprendre plus. Les cuisinières sont de bonnes conteuses, le saviez-vous ? Et elles en connaissent un rayon sur les contes et légendes liées aux Cinq Peuples.

— Mon frère a-t-il été retrouvé ? s'inquiéta soudain Yua.

— Je n'en ai pas eu vent. On prétend que si l'on vous a coupé les cheveux et forcée à voir les généraux, c'était justement pour qu'ils gravent dans leur mémoire à quoi ressemblait votre frère. Je ne sais rien de plus pour l'instant.

— C'est déjà énorme. Merci pour tout, Mincheol.

— Je vous en prie, mademoiselle. Bon courage.

— À tout à l'heure. »

L'œil du Phénix [Yoonmin/Namjin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant