Chapitre 20

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« Le général : La fin de la guerre est un rêve.

La prêtresse : Est-ce mal ?

Le général : Non, il est beau de rêver, mais tout rêve s'achève au lever du soleil.

La prêtresse : Que voulez-vous dire ?

Le général : Que tant que les hommes existeront, la guerre existera. Chaque jour, partout, jusqu'à la fin des temps. »

– Moon Sungpio, La dame de la lune.


Le camp arixien était silencieux, la nuit l'avait plongé dans une torpeur apaisante. La lune brillait par-delà quelques rares nuages – mais au loin ils s'amoncelaient et approcheraient tôt ou tard, Jimin savait que la pluie ne tarderait plus. Assoupi, le général profitait cette fois du lit, que Yoongi avait insisté pour lui laisser.

Parce que pas un bruit ne perturbait les lieux, Jimin se redressa dès lors qu'il entendit un cri strident – un cri qu'il connaissait bien. Il se précipita vers la fenêtre qu'il ouvrit en grand et, tendant dehors un morceau de viande séchée, il siffla. Un violent battement d'ailes le prévint de l'arrivée imminente de Samran, qui se posa face à lui peu après. Il grimpa sur le rebord auquel il s'agrippa à l'aide de ses serres, et Jimin décrocha le papier fixé à sa patte.

Un message de Jungkook, aussi concis qu'à l'accoutumée : « Nous n'avons croisé que peu de révoltés près de la forteresse, se sont sûrement enfuis, avons éliminé tous ceux qui restaient. Forteresse libérée, aucun homme mort en chemin, deux blessés au combat. »

Jimin se hâta de porter la missive au général Moon qui le félicita et fut prodigue de louanges envers Jungkook. Soulagé de cette bonne nouvelle pour sa part, le jeune homme retourna d'un pas lent à sa chambre où il trouva Yoongi réveillé, l'air perdu et stressé.

« Jimin, que se passe-t-il ? s'inquiéta-t-il. Je... vous...

— Tout va bien, le rassura l'autre en refermant derrière lui. J'ai reçu un message de mon lieutenant pour me prévenir que la mission avait réussi. Vous n'avez rien à craindre, vous êtes protégé ici. »

Yoongi hocha la tête et baissa les yeux sur ses mains, qu'il avait serrées entre ses jambes croisées en tailleur. Jimin se rendit compte à cet instant qu'il avait vu son aîné dans cette position à plus d'une reprise, et il constata avec une étrange tendresse qu'il s'agissait sans doute d'une habitude.

« Rendormez-vous, souffla-t-il, les jours qui viennent risquent d'être bien remplis pour vous comme pour moi. »

Yoongi, bien qu'hésitant, obéit une fois certain qu'il n'avait à craindre aucun danger, et Jimin l'imita.

Au matin du lendemain, le général renvoya Samran en direction des troupes de Jungkook avec à la patte un message pour inciter son lieutenant à le tenir au courant de l'issue de l'affrontement qu'il comptait lancer contre le village de révoltés. Son aigle s'avèrerait plus pratique pour leurs échanges dans cette contrée difficile.

Yoongi s'entraîna avec Jimin jusqu'à l'heure du déjeuner. Quand enfin ils cessèrent, le Phénix observa sa main droite avec une moue curieuse à propos de laquelle son cadet l'interrogea.

« Je trouve juste cela étrange, répondit-il.

— Quoi donc ?

— Ma main : je jurerai que la dague était en train de fusionner avec ma peau, mais non. J'ai juste des marques douloureuses à la base des doigts.

L'œil du Phénix [Yoonmin/Namjin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant