Chapitre 8

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« La prêtresse, dans un soupir : Je ne comprends pas la guerre.

Le général : Parce qu'aucune raison ne justifie qu'un homme en tue un autre.

La prêtresse : Alors pourquoi guerroyer, mon amour ?

Le général : Pour éviter que dans sa bêtise, un homme vous tue. »

– Moon Sungpio, La dame de la lune.


Une nuit claire et sans nuage régnait sur le campement n° 7. La lune, perchée au sommet du firmament, déversait une lumière pâle sur les alentours, que des torches aidaient à éclairer pour les veilleurs. Malgré la présence de cette vingtaine d'hommes amenés à circuler aux abords camp, pas un bruit ne troublait le sommeil de Yoongi, qui s'était endormi plus vite que jamais après avoir réussi à passer une partie de l'après-midi à tourner en rond dans la tente de Jimin. Son dos ne le faisait presque plus souffrir, et s'il n'avait pas tenté de courir, il n'en demeurait pas moins ravi de ses progrès.

Il se réveilla en sursaut quand un cri déchira le calme nocturne. Son cœur s'emballa, et tous les sens en alerte, il se redressa sur la méridienne. Un mouvement près de lui attira son attention : Jimin, qui avait bondi de son matelas, enfilait déjà les pièces principales de son armure par-dessus ses vêtements de nuit.

Sans que le Phénix s'en aperçoive, il glissa aussi à son poignet un bracelet qu'il gardait toujours dans une de ses poches, et ce geste lui serra la poitrine autant qu'il le motiva.

« Que se passe-t-il ? demanda le blessé.

— Les Scorpions devaient passer à l'attaque sous peu, répondit le général qui veillait désormais à parler de leurs ennemis en des termes plus familiers à Yoongi. Je pense qu'ils sont à nos portes... ou plutôt qu'ils sont déjà entrés sans attendre notre autorisation.

— I-Ils... ils veulent...

— Vous récupérer, sans aucun doute. Mais je ne les laisserai pas faire, et mes hommes savaient que nous risquions d'être attaqués cette nuit. Je mettrais ma main au feu que notre cher lieutenant Jeon n'a pas fermé l'œil de la nuit dans l'attente impatiente de cette petite visite. »

Un rictus confiant aux lèvres, son jingum entre les mains et ses autres armes à la ceinture, Jimin adressa un bref regard à Yoongi.

« Ne bougez pas d'ici, le garde devant la tente ne s'éloignera pas. Au moindre problème, criez. »

Son interlocuteur, hébété, se contenta d'opiner sans savoir quoi ajouter. Devait-il lui offrir un mot d'encouragement, répondre à son sourire ? Il n'en eut pas l'occasion : le chef fila d'un pas leste, le corps mis en valeur par les lanières qui lui ceignaient le buste et les cuisses, à peine protégé par les quelques pièces métalliques qu'il avait trouvé le temps d'assembler en quelques secondes. Yoongi frémit, et ignorant d'où provenait ce réflexe, il plongea la main dans son ombre qui ondula autour de son poignet. Il en sortit un bijou.

C'était une boucle d'oreille surmontée d'un saphir dont le bleu glacé rappelait la couleur des yeux du Phénix. La toucher le rassurait, lui procurait un sentiment de sécurité.

Jimin rejoignit en peu de temps l'entrée du camp, aussi véloce que Samran quand il piquait. Son cœur battait à toute allure, un flot d'adrénaline se déversait dans son corps pour le réchauffer et aiguiser ses sens. Les adversaires, comme il l'avait imaginé, avaient déjà franchi l'enceinte, et ils avançaient peu à peu à mesure que s'amoncelaient les blessés. Tout de suite, le général remarqua qu'ils ne cherchaient pas à exécuter à tout prix les Arixiens : les soldats sawaï les mettaient hors d'état de nuire puis poussaient pour s'enfoncer davantage entre les tentes. Aucun doute : ils n'étaient pas venus tuer leurs voisins, ils étaient venus reprendre ce qui leur avait été volé. Sans doute se dirigeaient-ils vers l'infirmerie, située dans le bâtiment où l'on gardait le matériel apporté de la capitale – et notamment les armes. Ils risquaient d'y recevoir une bien mauvaise surprise.

L'œil du Phénix [Yoonmin/Namjin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant