Chapitre 40 Fabio 1/2

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— Ce n'est pas possible ! crié-je en mon fond intérieur.

De les voir tout à l'heure bras dessus, bras dessous, j'ai eu l'envie étrange de faire un massacre, je me suis ressaisi de justesse.

Mais maintenant, cette image me hante. Il faut absolument que j'efface ça de ma mémoire. Il m'était impensable, il y a moins d'une heure, d'imaginer cela possible. Pourtant je savais qu'il devait passer la journée ensemble, ce n'était pas une nouveauté pour moi, c'est juste, que j'avais l'espoir que ma voisine se ravise. Comment peut-elle le préférer à moi ?

Je dois arrêter de me prendre pour le prince charmant, ce que je ne suis pas. Manu, lui, pourrait l'être s'il n'avait pas un cœur de pierre.

Il est très vite passé à autre chose après le mort de ma sœur. Je crois ne jamais l'avoir vu pleurer. Qui peut se relever du jour au lendemain après une telle épreuve comme si rien ne s'était produit ?

Le simple fait de me souvenir de cette époque ravive en moi l'appétence de rage qui dormait au plus profond de mon âme. Je serre les poings et tente de me canaliser. Je me rappelle soudainement ce que me répète en boucle Claudia, le deuil est très différent d'une personne à une autre, que je ne dois pas minimiser la souffrance d'autrui.

Cependant, il m'est impossible de penser que l'ex fiancé de ma sœur ait été à un moment sous terre après la dure réalité qui s'est imposée à nous suite au malaise de Joana dans la salle de bain. Quel homme peut rester de marbre face à une telle révélation ?

Je n'en connais qu'un ! Et croyez moi, j'aurais préféré ne jamais côtoyer ce genre d'individu.

Je secoue ma tête de droite à gauche, puis de gauche à droite, pour effacer de mon esprit ce désir de représailles, mais ce n'est pas si évident.

Le portrait de Luisa resplendissante de bonheur au bras de ce barbare m'obsède jusqu'au creux de mon estomac, réveillant les nausées, tout en poursuivant son chemin jusqu'à mes tripes qui s'affolent. Je suis complètement hors de moi et totalement pris au piège de ce sentiment de dégoût.

J'essaye de respirer tant bien que mal, et me convaincre que je ne ressens rien pour la belle du dessus, mais mes pensées ne cessent de me montrer que j'ai tort. Malgré cela je m'obstine à vouloir l'oublier.

— Alors ferme-la ! Et endors toi, espèce d'idiot ! m'efforcé-je de me raisonner en hurlant ces mots dans la pièce tout en me secouant.

Mais les heures défilent et je n'arrive pas à trouver le sommeil. D'un bond, je quitte mon lit et file direction la cuisine me faire une tisane. Je suis vraiment fatigué, si je dors deux ou trois heures par jour, c'est beaucoup. Depuis qu'elle est là, je suis devenu un insomniaque.

Parfois, je me surprends à dormir debout, ne rigolez pas, ce n'est pas une blague. Rien qu'hier, pendant que je pâtissais, j'ai eu une absence. Alors que de règle générale, ces choses-là ne m'arrivent jamais. C'est très flippant !

Cette fille a le don de me rendre fou !

Ma tasse à la main, je m'assieds sur mon canapé et allume la télé. C'est l'heure du journal télévisé. Toutes les chaînes racontent la même chose. Il faut encore faire des sacrifices, comme si on n'en avait pas déjà tant faits.

La politique du pays est aux restrictions. Comment faire augmenter l'économie, si on nous coupe presque les vivres ? Je ne sais pas à quelle école, ils sont allés ceux qui nous gouvernent, mais en tout cas, ils sont complètement débiles ! Je suis sûr que je ferais mieux qu'eux !

Je zappe d'une chaîne à une autre mais rien y fait, ici le journal dure en moyen une heure, voire plus, quand ils ont beaucoup de trucs à rabâcher. Parfois, il vaudrait mieux qu'ils se taisent. Mais ça au moins le mérite de m'endormir ces conneries. Je me sens plonger dans le sommeil. Enfin...




Publié le vendredi  1er Mars 2024

La suite de ce chapitre est prévue pour demain. 

Bonne journée ! 

PS : Je participe au concours Fyctia "Spring Break" avec une petite nouvelle de 5 chapitres qui s'intitule : Sauter dans le bain

Si le cœur vous en dit, venez me soutenir et découvrir cette histoire. 

Merci d'avance

L'appart du Troisième (nouvelle version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant