Chapitre 25 Luisa 1/2

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Je flâne un peu dans les ruelles réfléchissant à la conversation que je viens d'avoir avec Maria. Cependant, mon attention est souvent déviée par les rires et les cris des passants qui m'entourent. J'ai même eu l'impression de croiser le regard de mon voisin au loin, mais je ne pourrais pas l'affirmer. Parfois, j'ai la sensation de perdre la tête, de voir des choses qui ne sont pas la réalité, une simple invention de mon imagination débordante. Si seulement, elle pouvait être abondante lorsque je suis devant mon ordinateur, afin de trouver une belle fin à mon histoire... mais non. Elle se contente juste de me mettre à l'épreuve. Et surtout à me rendre dingue.

Je suis à deux pas de la supérette quand j'entends quelqu'un m'appeler. Est-ce encore mon imagination qui me joue des tours ?

— Luisa... Luisa... perçois-je de mieux en mieux, sans deviner d'où vient cette voix.

Mais qui ça peut-il bien être ?

Je cherche autour de moi, quand je distingue à une vingtaine de mètres, une silhouette qui ne m'est pas inconnue, c'est Carla. Mais celle-ci ne semble pas m'avoir vu. Elle s'installe à une terrasse de café avec aucun signe envers ma personne. J'en conclus donc qu'il ne s'agissait pas de la jolie demoiselle, quand soudain :

— Luisa, ma jolie ! me surprend un individu par derrière, au milieu de tout ce brouhaha, en déposant sa main sur mon épaule.

Ce qui me fait sursauter. Je m'accroche à ma charrette comme si ma vie en dépendait, par crainte que mes jambes ne me lâchent par tant de frayeurs.

Je me remets doucement de mon trouble et me retourne pour faire face à celui qui ose m'aborder en pleine rue. Et ma stupéfaction est encore plus grande lorsque je découvre qui il est. Je ne m'attendais pas à tomber sur lui. Je dois dire qu'à chaque fois que nous nous rencontrons, c'est dû au hasard. Hormis, le jour où j'ai couru dans tout le quartier à sa recherche afin qu'il me parle de son ami, mon voisin insupportable.

— Avo ! Vous m'avez fait peur, le sermonné-je.

— Je suis désolé mais ça fait plus de trois minutes que je t'appelle, tu étais dans les nuages ? Je ne suis plus très jeune, tu sais, pour m'obliger à faire un sprint. Ne m'entendais-tu donc pas ?

J'avais la tête ailleurs et tout ce bruit alentour ne m'a pas aidé. Comment aurais-je pu le percevoir ? Mon esprit est tellement encombré. En effet, malgré mes interruptions dû au boucan, je ne cesse de penser à Maria et à notre discussion. J'ai l'impression qu'elle avait mis ses derniers espoirs sur mes épaules. Je suis si attristée de la décevoir. Je manque de force pour combattre son fils. Il est bien trop ancré dans sa bulle, sa tristesse, pour en ressortir sans aide d'un professionnel.

Je ne suis pas psychologue. Il faut qu'il se fasse assister par un médecin. C'est son unique chance de survivre.

Il n'y a aucune honte à cela. De nombreuses personnes font appel à un psy de nos jours en Europe. Moi-même j'en consulte un, lorsque je sens que tout chavire autour de moi. C'est signe que je parviens encore à déceler mes failles.

— Je suis désolée. Je suis préoccupée, l'informé-je.

— Qu'est-ce qui t'arrives ma belle ?

Je ne sais pas si je veux l'embêter avec mes problèmes. Il est vrai qu'il est de bons conseils mais je vois bien que je l'ennuie parfois avec mes mélodrames. Peut-être car le plus souvent ça ne traite que d'une seule et même personne.

Je ne finis pas ma réflexion que je sors sans m'en rendre compte :

— Je suis perdue. Je ne sais plus quoi faire.

— Viens t'asseoir et raconte moi ?

Nous nous posons sur des marches d'escaliers d'un grand immeuble, et sans comprendre pourquoi, je me mets à pleurer toutes les larmes de mon corps. Avo me prend dans ses bras et me réconforte du mieux qu'il peut.

— Luisa, rien ne mérite que tu te mettes dans un tel état. Ma jolie, la vie est bien trop courte pour la vivre à pleurer. Que s'est-il passé ?

— Je n'en peux plus !

— Fabio ? en déduit-il.

Pour qui d'autre pleurerais-je ?

— Oui, sangloté-je.

— Qu'est-ce qu'il t'a encore fait ?

— Rien qu'il ne fait d'habitude. Mais je ne le supporte plus.

Je ne sais pas pourquoi je pleurniche. Il a déjà fait pire qu'hier soir. Depuis des semaines que je le côtoie, je devrais être habituée à son mauvais caractère. Mais non ! Je ne le supporte plus ! La coupe est pleine au point de déborder, je ne vois pas d'autre explication pour justifier mon mal-être. Je suis à bout.

J'ai cru qu'il pourrait s'assagir au fil des jours en apprenant à me connaître. Si seulement, il avait essayé de venir vers moi avec de bonnes attentions... au lieu de ses attaques incessantes. Je sais qu'il a souffert. Sa mère me l'a assez répété. Cependant, rien ne justifie son comportement abject.

Je dois me rendre à l'évidence, il ne changera pas. Il n'arrêtera jamais de me tourmenter.

D'ailleurs, pourquoi suis-je si touchée par ce que me fait subir ce mec ? Je devrais plutôt oublier qu'il existe et ne pas le laisser s'incruster ainsi dans ma vie.

— Ne serais-tu pas amoureuse de lui par hasard ?




Publié le vendredi 22 septembre 2023

Alors que pensez vous de cette conversation entre Avo et Luisa. Avo dit-il vrai ? 

A demain pour la suite de cette conversation.

Bon week-end !  

L'appart du Troisième (nouvelle version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant