Chapitre 45 Luisa 1/2

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J'ai à peine mis un pied sur la piste de danse que Carla m'interpelle :

— Tu as vu comme il la regarde ?

Je sais pertinemment de qui elle parle. Pas besoin de les désigner. Fabio n'a d'yeux que pour la serveuse. Il faut dire qu'elle a tout pour elle cette fille. Elle a un corps de rêve et un visage parfait, une magnifique bouche et de merveilleux yeux en amande. Impossible de passer à côté. Je ne peux pas rivaliser !

— Je n'ai vu que ça. Il est incroyable !

Il pourrait au moins faire semblant de s'intéresser à nous, au lieu de nous faire passer pour deux idiotes.

— Incroyablement sexy ! atteste ma collègue de danse.

Elle ne peut pas être sérieuse pour une fois ?

On sait qu'il est beau gosse, mais c'est un crétin qui en a rien à cirer de nous. Je n'aurais jamais dû l'autoriser à venir. Je sens que la soirée va être pénible. Supporter le Don Juan de pacotille est déjà une épreuve en soi, mais une Carla déchaînée qui lui trouve plein d'excuses s'est vraiment insupportable.

— Je dirais stupide !

— Tu dis ça, car tu es jalouse.

Non ! Je dis ça car c'est la pure des vérités. Il n'a aucun sens de la bienséance. Sa courtoisie, il l'a mise au placard. Cependant, je refuse de polémiquer sur ce sujet avec elle. Elle n'est pas totalement impartiale en ce qui concerne cet odieux personnage.

Nous oublions Fabio pour un temps, et nous nous mettons à danser quand un gars m'attrape par l'arrière et me fait virevolté. Surprise, je me prends les pieds l'un dans l'autre et me retrouve à terre. Il se met à rire comme un dadais, au lieu de m'aider à me relever. Quel imbécile !

Les hommes de ce bar sont vraiment tous des crétins, ils sont là seulement pour s'en faire une. La galanterie, ils ne connaissent pas.

Carla me tend sa main et m'aide à me remettre sur mes pieds.

— Tout va bien ? me demande t-elle inquiète.

— Non ! Je viens de prendre un coup sur ma fierté.

Je ne dis pas que c'est de ma faute. Je dis seulement que ce n'était pas le moment pour que ce type de chose m'arrive, surtout en présence de mon stupide voisin du dessous. C'est toujours pour ma pomme !

— Si ce n'est que ça ? Ça va ! me répond-elle avec le sourire bien dessiner sur son jeune et joli minois.

— Je viens de me ridiculiser, et toi, tu fais comme si rien ne s'était produit ? m'emporté-je contre elle plus que de raison.

— Luisa ! Le plus important, c'est que tu vas bien. Tu n'as mal nulle part ?

Je vérifie chaque parcelle de mon corps et me rends compte que je n'ai pas de douleur.

— De ce côté, tout va bien.

— C'est le plus important ma belle. Le reste on s'en fou ! De toute façon, il n'était pas très mignon ce mec.

Je viens de me faire remonter les bretelles par une gosse de vingt-cinq ans. Je n'y crois pas. Ce n'est pas moi qui suis sensée lui faire la leçon ? En tout cas, elle a entièrement raison sur ce point. Je n'ai pas à me sentir ridicule. Ça arrive à tout le monde de tomber. Mon handicap ne fait pas tout.

Après ma voltige ratée, je décide de retourner à notre table. Avant même de retrouver l'emplacement, un rire tonitruant reconnaissable de loin me parvient aux oreilles sans grande difficulté. Je me dirige donc vers lui et prend place sur le fauteuil juste en face de ce gars qui n'a aucune vergogne à se moquer du malheur des autres. Moi, qui voulais me remettre de mes émotions, on repassera. Qu'est-ce qu'il y a de si euphorique ? Il n'a jamais vu une femme trébucher ?

L'appart du Troisième (nouvelle version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant