Chapitre 2 Fabio 3/3

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Elle est arrivée. Elle est déjà là ! Il n'y a plus aucun doute là-dessus. Elle fait un boucan pas possible.

Pourquoi, aujourd'hui, personne ne veut que je dorme ? Pour commencer il y a cette fille qui ronfle dans ma chambre, et maintenant, celle du dessus, qui selon les dires de ma génitrice, pourra peut-être m'aider à y voir plus clair sur ma propre existence. Car cette nouvelle locataire est passée par pire que moi, m'a-elle affirmé.

Mais la vie des autres ne m'intéresse pas. Moi, ce que je veux, c'est que l'on me fiche la paix, et que l'on me laisse vivre comme je l'entends.

Les souffrances de chacun sont différentes d'une personne à l'autre. Alors pourquoi m'ennuyer avec ces inepties ?

Ma mère a géré la douleur autrement que moi, alors qu'il s'agissait de son enfant, de sa fille chérie. Je n'insinue pas qu'elle ne souffre pas. Elle préfère seulement le cacher au regard des autres et pleurer seule au fond de son lit. Tandis que moi je suis un vrai sadique. Je veux que tout le monde endure la situation.

Pourquoi serai-je le seul à ne pas aller bien ?

Toutes les personnes qui ont côtoyé ma frangine, de près ou de loin, sont un peu responsables de sa mort. Aucun d'entre eux n'est venu m'alerter de son état. Ils sont tous coupables, autant, que je le suis.

Elle va me rendre dingue avec ses bruits assourdissants. Que peut-elle bien faire ? Elle est sensée s'installer, pas refaire l'appartement ?

Si elle continue, je débarque chez elle et la mets dehors à coups de pied. Moi, je veux dormir !

Les minutes défilent et le raffut qui s'était atténué reprend de plus belle, ni une, ni deux, je saute de mon canapé, prends mes clefs et monte à l'étage.

Arrivant devant la porte, j'ai un mouvement de recule. Il m'est difficile d'être au troisième sans trembler. J'angoisse. Et si je ne parvenais pas à me contenir ? Mais toutes mes craintes s'évaporent lorsqu'un affreux crissement résonne de derrière la cloison de bois. C'est le vacarme de trop. Je sonne. Puis, je tambourine comme un dingue. J'attends une petite seconde. Et ne voyant rien venir, je retape comme un forcené. C'est à ce moment précis, que j'entends un bref :

— J'arrive !

Et je toque à nouveau pour la faire venir encore plus vite.

Et quand elle ouvre enfin la porte, je suis scotché.

Je ne m'attendais pas du tout à ce genre d'individu. C'est fou comme elle me fait penser à Joana... pardon, à ma sœur. C'est flippant !

Je ferme les yeux, les frotte avec mes mains, en espérant que ce ne soit qu'un reflet de mon imagination, puis, les ouvre de nouveau, ma stupeur est amoindrie. Certes, elles ont beaucoup de similitudes, mais elles n'ont pas les mêmes traits. C'est surtout sa façon de se tenir, ses cheveux attachés en un chignon décoiffé au-dessus de sa tête et son regard intensément sombre comme l'était celui de ma sœurette, dont elle tente en vain de me dissimuler de peur ou bien de timidité, qui font que j'ai cru voir un fantôme en face de moi.

C'est tout de même déroutant !

Mais cela ne me perturbe pas plus que de raison, enfin, juste un peu, avant de me souvenir du pourquoi de ma présence ici.

Je suis sur le point de lui dire ses quatre vérités lorsque mes yeux se posent sur son sublime corps. Je ne peux retenir la prolifération de quelques frissons le long de mon échine. C'est étrange ! Cela me coupe instantanément dans mon élan. Je reste muet. Aucun son ne sort de ma bouche, restée grande ouverte.

L'appart du Troisième (nouvelle version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant