Chapitre 2 Fabio 2/3

361 36 15
                                    

Elle est là, toujours assoupie, et rien ne la réveille. Elle s'appelle Linda, enfin je crois.

C'est elle qui est venue vers moi la nuit dernière. Je n'étais pas vraiment disposé à rentrer avec quelqu'un, mais elle a su me convaincre avec ses petits yeux noisette qu'elle sait utiliser à bon escient. J'ai craqué et je dois dire que je ne l'ai pas regretté. Cette fille est très douée de son corps, elle le manipule à la perfection, sans compter ce qu'elle peut faire avec sa langue. Elle m'a carrément offert trois fois l'extase. Mais à présent, elle squatte ma chambre, et je déteste ça.

La prochaine fois, il faut absolument que je leur demande si elles sont de grandes dormeuses, car il m'est impossible de m'endormir auprès d'elles. Je suis du genre solitaire, sans attache, qui aime se retrouver seul au fond de son lit.

Quoi de mieux après une soirée bien arrosée, une partie de jambes en l'air, six heures de travail et une course déchaînée à travers la ville que de regagner, après un bon petit-déjeuner et une douche bien méritée, sa chambre pour s'emmitoufler bien au chaud sous sa couette sans personne qui vous saoule ? Rien, en ce qui me concerne.

Mais aujourd'hui, ce matin, je vais devoir me contenter de mon canapé. Il est hors de question de m'allonger aux côtés de cette fille qui prend une grande partie de mon matelas et dont je ne sais quasiment rien, ni même son nom.

Je suis comme ça. Un vrai salopard, comme certaines le disent, et j'adore ça.

Je n'étais pas ce genre de mec il y a trois ans en arrière, ou, plus précisément, il y a deux ans, six mois et vingt deux jours. J'étais un homme heureux, bien dans mes baskets, l'homme idéal à en juger par certaines femmes. J'avais tout ce dont un homme désirait. Un travail passionnant. Une fiancée adorable. Une soeur insupportable mais que j'affectionnais. Et, tout a disparu du jour au lendemain.

Pourquoi la vie est-elle si injuste ? C'est la question que je me pose tous les jours depuis cette nuit fatidique qui m'a pris une part de moi à jamais, et par la même occasion, ma vie si parfaite.

Les gens croient savoir ce que je ressens, mais en réalité personne ne me comprend. J'ai perdu un bout de mon coeur, le seul être qui me comprenait avant même que je le sache ou que je le dise. Elle lisait en moi à livre ouvert. Elle était une partie intégrante de mon existence. Ce lien qui nous unissait, était incompréhensible aux yeux des autres. Seuls les jumeaux fusionnels peuvent connaître ce sentiment.

Aujourd'hui, je n'ai plus personne à qui me confier. J'ai bien ma mère, mais je n'arrive pas à lui faire entendre ma souffrance et le calvaire dans lequel je suis, plus bas que terre.

Je me demande parfois, pourquoi suis-je encore en vie ? Tellement j'ai mal au plus profond de mon âme, de mon corps, de mon cœur.

La douleur disparaîtra avec le temps, m'ont répété plusieurs personnes soucieuses de mon bien-être, mais les mois défilent et je ne parviens pas à me défaire de cette emprise insupportable.

Je me sens responsable, voilà tout ! Comment vivre avec la culpabilité ? Avec la mort de sa sœur sur la conscience ?

J'ai beau essayer de me convaincre que je n'y suis pour rien. C'est trop m'en demander. C'est plus fort que moi. J'aurais dû m'apercevoir. Son comportement avait changé. Ses vêtements plus larges. Sa mine triste qu'elle camouflait derrière des faux sourires. Comment ai-je pu ne rien voir ? C'était pourtant devant mes yeux. Elle n'a pas perdu deux ou trois kilogrammes, mais bien une dizaine. Elle n'avait plus que la peau sur les os, alors, qu'elle était une belle femme en chair avec des courbes parfaites.

Saloperie de vie !

Et, pour couronner le tout, ma mère, qui ne se soucie aucunement de ma douleur, décide de louer l'appartement du troisième pour la énième fois.

Elle m'a dit qu'on avait besoin d'argent, que la pâtisserie ne fonctionnait pas très bien depuis quelques mois. Les clients se faisaient de plus en plus rares. Seuls quelques habitués restaient fidèles au poste.

Mais moi, je m'en contrefiche de la boutique, ainsi que de l'argent. Je ne veux personne dans l'ancien appartement de ma sœurette. Et je vais tout faire pour que cette fichue locataire déguerpisse le plancher, dans les plus brefs délais, comme tous les autres avant elle.

Il faut vraiment que j'arrête de me répéter. Je dois agir ! 




Publié le samedi 6 mai 2023

La fin du chapitre sera publié demain. 

L'appart du Troisième (nouvelle version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant