— Luisa ! crié-je en me réveillant tout essoufflé.
Je viens de faire un terrible cauchemar dans lequel je voyais ma pauvre voisine du dessus se noyer sans pouvoir lui venir en aide. J'étais paralysé. Aucun de mes membres ne répondait. Pourtant, l'envie de sauter dans le ravin pour la sauver était bien présente. J'étais hors de moi sans pour autant pouvoir me jeter dans le vide. Je ne comprenais pas ce qui se passait.
D'ailleurs, je m'empresse de bouger mes mains et mes jambes pour être certain que je ne suis pas en train de vivre un mauvais rêve.
— Ouf ! m'extasié-je en sentant mes pieds bouger.
Je suis soulagé. Il ne s'agissait que d'un horrible délire de mon esprit. Rien de tout ce que j'ai vécu n'était vrai. Dieu merci ! Je peux toujours marcher.
Il m'est impossible de m'imaginer perdre l'usage de mes jambes un jour. Cela marquerait la fin de ma vie. Il me serait complètement insupportable d'exister uniquement grâce à l'assistance d'une tierce personne. Je tiens trop à mon indépendance. Comment pourrai-je tolérer un tel calvaire ? La simple idée que cela puisse m'arriver, j'en ai la chair de poule.
Je secoue mon cerveau de droit à gauche et vis versa afin de me débarrasser de cet inquiétant trouble dans lequel je suis plongé.
— Ce n'était qu'un songe ! Uniquement une histoire inventée de toutes pièces, me répèté-je en boucle.
Néanmoins, rien de ce que je dis ne me rassure. J'ai la sensation que mon cœur bat plus fort et plus vite. Ça résonne dans tout mon organisme. Je ne parviens pas à effacer de mon esprit la dernière image de mon cauchemar : Luisa en train de partir à la dérive, alors que chaque partie de mon corps me lâchait une à une. J'essaye à nouveau de bouger mes membres. Ce qui provoque en moi un malaise, je me sens si fébrile que j'ai du mal à me lever. Je tente de prendre une grande inspiration, mais c'est peine perdue.
Que se passe t-il ?
Je fais de l'hyperventilation. J'ai le souffle court. J'ai très chaud subitement. Je me redresse difficilement sur le canapé dans lequel je me suis assoupi, me concentre sur mon réconfortant environnement que j'ai moi-même décoré, dans l'espoir que cela suffise à me ramener sur terre. Je tiens cela de mon amie Claudia. Je vais tout de suite savoir si elle ne profère pas d'âneries. Au bout de dix secondes qui m'ont semblé durer une éternité, les battements se calment suivis très rapidement par ma respiration. Il me faut tout de même quelques minutes pour me sentir réellement mieux.
J'ai encore les jambes flageolantes quand je décide de mettre mes pieds à terre. Je sais pertinemment que je m'apprête à faire un parcours du combattant en me levant de mon assise. Je me rassieds immédiatement. Cependant, je n'ai pas de remède miracle à ça, et en plus une envie pressante m'annonce que je n'ai pas d'autre choix. Je dois me mettre debout. Je vais devoir me glisser jusqu'à mes toilettes, même si pour cela je dois me retenir à mes meubles et longer les murs.
Je finis par me lever doucement de mon canapé, le livre écrit par Luisa qui était posé à côté de moi tombe au sol. Je réfléchis à deux fois avant de me décider à me pencher pour le ramasser, et dans la précipitation, bien évidemment, je me cogne la tête sur ma table basse.
— Aïe !
Ça m'apprendra à ne pas faire attention !
Je me frotte vigoureusement l'endroit endolori, puis je me propulse sans que je le remarque dans ma salle de bain. Ma vessie est pleine à craquer. Elle est sur le point de lâcher tout son contenu. Ça en devient même douloureux de me retenir. Je baisse mon caleçon et me vide jusqu'à la dernière perlée.
Ça fait un bien fou ! Encore une minute et je me serai fait dessus.
Cette envie de pisser a eu le mérite de me faire oublier mon mal de crâne et mon satané rêve pour un instant.
Je tire la chasse d'eau et je reçois une goutte d'eau sur la main, puis une sur la tête, une autre sur le nez... Et là, je me demande, si je ne suis toujours pas en train de dormir ? Comment peut-il pleuvoir à l'intérieur sinon ?
Je lève mes yeux au plafond et je constate malheureusement qu'il s'agit d'un dégât des eaux du dessus.
Je me précipite au troisième, toque comme un forcené à la porte de l'appart de ma soeur.
Pourvu qu'il ne lui soit rien arrivé ? Je m'inquiète de plus en plus ne voyant personne venir m'ouvrir et quand j'entends de derrière cette porte un :
— Aïe ! de douleur.
Je suis comme un fou et je voudrais défoncer cette maudite paroi pour sauver la belle demoiselle en détresse. Je frappe à nouveau comme un tyran, comme si la porte allait s'ouvrir par enchantement.
Ce qu'elle fait la seconde d'après, je reste paralysé en voyant une Luisa ensommeillée. Elle dormait, voilà tout ! Ce qui a le don de m'énerver, je presse le pas jusqu'à la salle de bain de cette dernière pour arrêter le massacre en lui sifflant ses quelques mots :
— Qu'est-ce que vous avez encore fait ?
— Que faites-vous ? Je ne vous ai pas invité à entrer ! m'expose t-elle tout en me courant après.
Mais je ne l'écoute pas et entre dans sa pièce d'eau pour fermer les robinets. Elle arrive juste derrière moi et comprend tout de suite ce qui se passe en prononçant :
— Oh ! Zut ! La baignoire !
Je jette le peu de serviettes à ma disposition à terre et je lui grogne maladroitement dessus :
— Vous n'êtes qu'une inconsciente ! Et après, c'est moi l'imbécile de l'immeuble ?!
— Ok ! Je suis une idiote ! stipule t-elle tout en nettoyant le sol. Mais si vous ne passiez pas tout votre temps libre à baiser tout ce qui bouge, jamais une telle chose ne serait arrivée.
— Ah ! Maintenant c'est de ma faute ?
A ses yeux, je suis visiblement responsable de tout ce qui ne tourne pas rond.
Publié le vendredi 3 novembre 2023
La suite de ce chapitre est pour demain.
Soyez au rendez-vous !
Bonne journée !
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L'appart du Troisième (nouvelle version)
RomanceQuand l'amour frappe à la porte de Luisa Silva, en la personne de Fabio Monteiro, un homme arrogant, prétentieux et trop sûr de lui, Luisa n'a qu'une idée à l'esprit lui claquer celle-ci au nez. Du moins, c'est ce que sa tête lui dit de faire, mais...