Chapitre 28 Fabio 2/3

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Je file, direction le Troco, où j'ai mes habitudes, m'installe au bar et commande une bière.

Cette caverne, comme on aime l'appeler par ici, est une sorte de cave réhabilité en night coffee. On peut boire et danser jusqu'au petit matin sept jour sur sept. Les murs sont en pierre et le mobilier très industriel et un tantinet macho. On ne se trompe pas en disant que cet endroit a été créé par un ou plusieurs hommes pour des mecs comme moi. Le côté féminin est uniquement représenté par les belles serveuses. Tout est fait pour séduire les gars en recherche de sexe.

Le plus étrange est qu'il ne manque jamais de délicieuses poupées en porcelaine dans ce sous-sol. A croire que les femmes courent après la même chose que nous de nos temps. Tant mieux pour moi.

Je scrute la salle, à la recherche d'une belle paire de nichons, mais rien. Ce soir, les belles filles ne sont pas de sortie, alors que j'avais tellement besoin de me distraire. Comment vais-je me défouler ? Il faut d'une manière ou d'une autre, que je me sorte de l'esprit cette image de Luisa et Manu dans les bras l'un de l'autre. Je vais devenir cinglé, si ça continu. Pourtant je sais qu'il ne s'est rien passé entre eux ce soir. Mais c'est plus fort que moi, l'idée qu'ils couchent ensemble un jour m'horripile et me donne des envies de meurtre.

Je dois oublier ça, effacer mon désir de mettre mon poing dans la jolie gueule de Manuel. Je ne suis pas ce genre de garçon. Je ne l'ai jamais été. Ce n'est pas car j'ai un côté bad boy, que j'aime cogner les gens. Cependant, cette Luisa me fait perdre la tête ainsi que mon self contrôle depuis qu'elle a débarqué.

Plus néfaste pour ma santé mentale, il n'y a pas. Elle doit quitter l'appart du troisième. C'est une question de survie à présent.

— Fab !

Francisco et Fredo m'appellent. Ce sont deux jeunes garçons d'une vingtaine d'années qui sont sur la capitale pour leurs études. Ils sont très charmants, sportifs, musclés et très charismatiques avec leur tête d'ange. Toutes les jeunes femmes captivantes et très plaisantes craquent pour eux. Tandis que moi, je n'attire que les jeunettes. Elles doivent penser, que j'ai beaucoup plus d'expérience que mes deux compères. Elles n'ont pas tout à fait tort.

J'aimerais, toutefois, arriver à séduire une ravissante demoiselle pleine de charme et bien plus âgée que mes partenaires habituelles. Parfois, il y a du bon à se laisser guider par l'autre.

Les deux copains sont installés à une table, pas très loin de l'entrée du bar comme à leur coutume. De là, ils voient qui entre et qui sort. Ce sont mes camarades de beuverie.

Des vrais amis, je n'en ai pas. Je crois d'ailleurs n'en avoir jamais eu. Il y a un temps, j'avais des potes. Des gars sur qui je pouvais compter, mais ils ont tous disparu, en même temps, que ma sœur jumelle.

Quelquefois, je me demande, s'ils ne traînaient pas avec moi simplement pour Joana... C'était une belle fille avec beaucoup de charme et d'humour. De nombreux garçons ont tenté leur chance et ce sont brûlés les doigts. Ma sœur savait ce qu'elle recherchait chez un mec, et des abrutis sans nom, ce n'était pas sa came. Elle voulait son opposé en tout, une âme romantique et tendre, manuel et bricoleur, travailleur et charitable, et bien évidement un regard étincelant de vert. Tout ce qui représentait celui que je considérais comme un frère.

Même étant fiancée, ils étaient tous à son petit soin, et la draguaient ouvertement. Comment faisait Manu pour supporter ça ? Je n'en ai pas la moindre idée. Si, il m'avait sorti une fois, j'ai confiance. Comme si avoir confiance en quelqu'un, suffisait à ne pas souffrir.

Il est clair que je n'ai pas sa foi en l'être humain. Il m'aurait été impossible de voir Livia prisée par tant de mecs. Je les aurais tous butés. Je suis du genre méfiant, et encore plus, depuis ce qui s'est produit il y a trois ans. Je ne crois plus en rien, ni en personne. Il est hors de question que je m'attache de nouveau. On ne m'y reprendra plus.

Je me dirige vers la table de mes acolytes avec ma boisson à la main, on se checke, puis je prends place sur l'un des deux sièges libres. Francisco me demande :

— Alors mon gars, t'en fais une drôle de tête ?

Je ne suis pas du genre bavard avec eux, mais le problème Luisa, il le connaisse. Le soir de l'arrivée de la belle demoiselle, j'ai pété un plomb et je leur ai tout balancé.

— Rien de très potable ce soir ! attesté-je en redonnant à coup d'œil à la salle.

— Non ! Mais elles vont finir par passer cette porte ! promet Fredo, en pointant du doigt l'entrée du bar.

— J'espère oui ! J'en ai vraiment besoin aujourd'hui. Il faut que je me vide la tête.

Je ne peux pas aller travailler dans cet état. Je vais envoyer tout valser. Je me connais. Elle doit apparaître ! N'importe qui fera l'affaire, du moment qu'elle a de belles courbes.

— Elle te rend à ce point là cinglé ?

— Et c'est peu le dire...

Ils ignorent tout de ce que cette fille me fait subir au quotidien. Ils ne savent que ce que je veux bien leur dire. En réalité, pas grand-chose. Juste qu'elle a débarqué et qu'elle me fait perdre la tête.

— Si tu veux, je peux lui montrer ce que c'est un mec ! propose Francisco.

S'il continue avec ses insinuations, je vais lui péter les dents. Il ne doit pas la toucher, ni même la regarder.

Oh ! Oh ! Il faut que je me calme. Il n'a rien fait de mal. Il a simplement suggéré une proposition.

— Non, ça ira ! Des hommes autour d'elle, j'en ai ma dose !

— Alors, sautes-la ! Tu verras, que ça ira mieux après ? me suggère Fredo, qui croit que le sexe est le remède à tous les problèmes.

— Si seulement c'était aussi simple...

Ils n'ont vraiment aucune idée de l'effet « ouragan Luisa » sur ma personne. Coucher avec elle n'arrangera en rien mes soucis. Ils ne feront que les compliquer.

Il n'y a qu'une solution : elle doit prendre ses cliques et ses claques, puis déguerpir de mon immeuble.

— Regardez qui vient d'entrer ? nous informe Francisco.

Nos regards se dirigent vers la même personne, une belle blonde à forte poitrine. Elle est tout ce dont j'attendais pour passer une bonne soirée.

— Allez, vas-y, on te la laisse, me chante Fredo.

De toute façon, ils n'auront pas eu d'autres choix. Je n'aurais pas permis qu'ils me passent devant. Cette fille est ma bouée de sauvetage en cette déchaînée et turbulente soirée.

— Tu as intérêt à bien en profiter ! exige Francisco le plus petit de nous trois, en se levant pour m'inciter à aller à la rencontre de la demoiselle.

Je me hisse sur mes jambes sans quitter mon merveilleux cadeau des yeux. Elle se dirige vers le bar et s'assied sur l'un des tabourets, avant de jeter un œil à toute la pièce. Puis, ses yeux se posent sur moi pour ne plus m'abandonner.

— Merci les gars ! les remercié-je, avant que mes pieds ne me conduisent vers la poupée barbie. 




Publié le samedi 14 octobre 2023

Alors qu'avez vous pensé de Fabio et de ses compères ?

A demain pour la suite 

L'appart du Troisième (nouvelle version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant