Chapitre 5 Luisa 1/4

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C'est non rassurée, et avec mon caddie de courses à la main, oui, j'ai un chariot comme les mamies et j'en suis très fière, que je m'avance vers les escaliers en espérant ne pas tomber sur cet imbécile de voisin, car j'en ai conclu de part sa tenue qu'il ne pouvait pas sortir d'ailleurs que de cet immeuble. Ce serait plutôt étonnant s'il venait du bâtiment d'à côté...

Je respire un bon coup, puis je m'élance à travers les paliers.

Ouf ! Enfin un peu d'air ! Il faut dire que j'ai dévalé les trois étages en apnée, tellement j'étais anxieuse de le croiser.

C'est totalement rassurée, que je m'apprête à descendre la rue, quand un individu me fonce dessus en sortant de la pâtisserie. Je n'en crois pas mes yeux, c'est lui ! Il est encore plus séduisant que tout à l'heure, il porte désormais un jean brut qui moule ses jambes à la perfection et un simple sweat blanc. Ses cheveux châtain foncé sont continuellement en bataille et son regard infiniment sombre perce sans ménagement la carapace que je me suis bâtie pendant ces longues années de souffrance.

Je me mords la lèvre intérieure, et je ne peux malgré tout, toujours pas, esquiver un petit sourire. Il est tout simplement à tomber par terre !

Et sur cette réflexion, je manque de m'écrouler au sol, mes jambes me faisant faux bond. Heureusement, j'ai eu le temps de me raccrocher au mur en pierre de l'immeuble. Celui-ci ne risque pas de s'effondrer avec mon poids.

— Vous avez décidé de me gâcher la journée ! braille t-il d'une voix forte.

Je constate naïvement que sa mauvaise humeur n'a pas disparu. Je dirais même qu'elle s'est amplifiée.

— C'est vous qui me rentrez dedans et c'est moi la fautive ? m'énervé-je à mon tour, toujours dans l'incompréhension totale de ce qui se produit dans mon corps en sa présence.

Ce n'est pas parce qu'il est mal luné que je dois accepter ses assauts de fureur sans me défendre.

— Filez ! Je n'ai pas de temps à perdre avec une femme coincée et bornée comme vous, me traite t-il tout en passant sa main droite dans sa douce tignasse, ce qui le rend encore plus attrayant.

Il a vraiment le don de me faire sortir de mes gonds tout en me faisant perdre la tête. C'est déroutant !

Toutefois, je ne peux pas me laisser envahir par ce trop plein d'émotions contradictoires. Je dois rester forte et lucide face à ce Don Juan de pacotille.

— Coincée, moi ? C'est vous le frustré, pas moi !

Je viens d'irriter sa petite personne, il ne sait plus quoi dire. Il s'arrache presque les cheveux.

Tandis qu'il réfléchit, je décide de prendre la poudre d'escampette, mais je suis très vite rattrapée par son imposante et perturbante voix :

— J'ai tout de suite su que vous alliez me créer des problèmes.

— Qu'est-ce que je vous ai fait au juste ? lui demandé-je en rebroussant chemin.

— Vous vivez ! me crie t-il.

Je m'attendais à tout, sauf à ce genre de pique. Comment peut-il être aussi cruel ? Se lever du mauvais poil, ne lui donne pas le droit d'insulter les gens. Je n'ai pas à endurer son tempérament de grincheux mécontent. Jusqu'ici, je me sentais bien dans ce pays, ce n'est pas un ours mal léché qui va me gâcher la journée.

— Désolée de vivre alors, je bats en retraite, cependant j'insiste sur le fait qu'il devra faire avec. Mais vous allez devoir me supporter au moins pendant les six prochains mois.

— C'est ce qu'on va voir, m'intimide t-il, sans succès.

Il peut dire tout ce qu'il voudra, aucun de ses mots, ne pourra m'atteindre. Je suis confiante. Il ne peut rien contre moi. J'ai déjà vécu pire comme situation. Ce n'est pas un personnage revêche et grognon qui va me faire flancher. Il en est hors de question ! Qu'il aille au Diable !

— Ce n'est pas, parce que vous êtes un bel homme, qu'il faut vous croire tout permis. J'ai le droit d'être ici, tout comme vous, persisté-je.

Je n'y crois pas. Parfois, je devrais apprendre à me taire. Je viens de lui avouer que je le trouvais bon... enfin, beau. Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? Je dois à tout prix me ressaisir.

— Évitez alors de me croiser. Vous me rendriez un grand service, me recommande t-il.

— Faites de même ! accentué-je.

Puis, il entre dans l'immeuble et je poursuis mon chemin vers la supérette.

C'est fou l'emprise qu'a cet homme sur moi, plus précisément sur mon corps. Je ne contrôle pas mes gestes, ni même mes mots avec lui. Je suis comme hypnotisée. Mais je refuse que ce petit incident inonde mon esprit. Je préfère largement me concentrer sur ce joli quartier très atypique.

La majorité des ruelles sont étroites et en pente, dont seuls le fameux tram jaune, ainsi que les passants à pied ou à vélo, peuvent les emprunter. Les bâtiments de ces rues sont centenaires et mériteraient une rénovation complète afin de donner une meilleure image à cette partie de la ville.

L'allée dans laquelle je circule est bien plus accueillante. Il y a plein de petites boutiques colorées de jaune ou d'orange, de cafés, de restaurants, et si j'ai bien compris un habitant des lieux, tout au bout je trouverais ce que je cherche, la fameuse supérette.

Cette artère a été refaite à neuf. Les immeubles en pierre de taille ont été rénovés sans détériorer leur charme d'antan. L'agitation, le bruit, les rires donnent à cet endroit l'envie de se poser et de participer à cet engouement. Je m'installe à une table et attend qu'on vienne me servir le café que je viens de commander. Je m'insuffle de cette atmosphère où la vie semble suivre son cours.

Je fais défiler tous les clichés, que j'ai réalisé dès mon atterrissage ce matin sur mon téléphone, tout en savourant mon délicieux café.

Tout ici, semble prendre une saveur différente. Les images qui circulent sous mon pouce me paraissent sorties tout droit d'un rêve. Elles me dévoilent un monde apaisant et revigorant. Et ce nectar noir me fait voyager hors des frontières européennes. Avec ses aromes de cacao, de caramel et une onctuosité incomparable, j'ai l'impression d'être partie au Brésil, de l'autre côté de l'Atlantique.

Si j'étais encore dubitative, vu le sacré énergumène qui m'est imposé en tant que voisin, à présent, dans cette terrasse de café joliment décorée par des fanions de toutes les couleurs, je sais que je vais me plaire dans cette charmante capitale européenne.





Publié le samedi 20 mai 2023

La suite du chapitre est prévu pour la semaine prochaine en principe. Mais vu que vous vous êtes presque surpassée. Je m'autorise à vous offrir une nouvelle partie de ce chapitre demain. 

Dites moi ce que vous en pensez jusqu'à présent de ce remaniement ? L'histoire est-elle plus attractive ? Vous donne t-elle envie de poursuivre l'aventure avec ces deux énergumènes ? 

Je ne sais pas si vous l'avez remarqué, je viens de changer la couverture du livre. Qu'en pensez vous ? 

J'attends avec impatience vos avis et vos petites étoiles. LOL 

L'appart du Troisième (nouvelle version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant