Chapitre 48 Fabio 2/2

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Je me dirige vers la montée des escaliers quand je l'aperçois. Elle est resplendissante. Je dirais même qu'elle est étincelante. Mes yeux ne voient qu'elle. Ce n'est qu'après d'interminables secondes à la reluquer dans l'illusion de déceler une marque de fatigue, ou bien de tourment, qui ne parvient pas à mes pupilles, que je repère à ses pieds des valises.

Je me frotte instinctivement les paupières, ce qui me fait lâcher la porte qui claque derrière moi. Je sursaute et rouvre mes globes oculaires. Nos regards se croisent. Je la sens un peu gênée, un poil mal à l'aise. Il y a de quoi. Moi aussi, je serais embarrassé si j'étais dans sa position. Des bagages sont bel et bien auprès d'elle. Où va-t-elle ? Et avec qui ? Me fuit-elle ?

Après avoir repris conscience, je m'avance vers elle, j'ai besoin d'avoir une explication.

Cette nuit, alors que je tentais désespérément de m'endormir, une idée farfelue mais totalement plausible m'a interloqué, elle peut tout simplement n'avoir aucun souvenir de la nuit qu'on a passé ensemble dans ma cuisine. Je n'oublie pas qu'elle avait presque vidé à elle seule une bouteille de Tequila en plus des bières qu'elle avait déjà ingurgitées au Troco.

Sa mine déconfite m'annonce que j'ai sûrement tort de penser qu'elle a tout oublié. Et le fait qu'elle me tourne le dos ne me rassure pas du tout. Pourquoi se sentirait-elle si inquiète sinon ?

C'est pour cela qu'il faut que j'en aie le cœur net.

— Qu'est-ce que tu fais avec cet attirail ? lui demandé-je un poil irrité, voire complètement hors de moi. Je t'ai attendu hier ?!

La simple pensée qu'elle ait pu m'utiliser me donne mal au cœur. C'est peut-être sa façon à elle de me punir de ne pas avoir céder à ses caprices de femme excitée, en chaleur.

— Je m'en vais ! m'indique t-elle sans se retourner et sans répondre à ma seconde interrogation.

Ses derniers mots ont l'effet d'une bombe au plus profond de moi. Je me rends compte que ce n'est pas du tout ce que je voulais, qu'elle disparaisse de mon champ de vision. Au contraire, j'aimerais qu'elle se ravise et qu'elle accepte ma proposition de descendre d'un étage.

Elle a soudainement des difficultés à tenir debout, elle s'assoie comme si de rien n'était sur sa valise la plus haute qui se trouve près de la grosse porte d'entrée. De là, elle peut voir la voiture ou bien la personne qu'elle attend impatiemment. Elle est très nerveuse. Ses mains tremblent bien plus que les miennes.

Je ne devrais vraisemblablement pas insister, mais j'ai besoin de réponses.

— Si c'est pour l'autre nuit, il ne s'est rien passé. Tu étais ivre, l'informé-je dans l'espoir qu'elle me confirme qu'elle ne s'en souvient pas.

— Non !... Euh...Oui !... Pas que ! ose t-elle un bref regard envers ma personne toute fébrile, avant de se re-concentrer sur ce qui défile à l'extérieur.

Que se passe t-il avec elle ? Je ne comprends pas ce qu'elle dit. Elle semble un peu, pour ne pas dire énormément décontenancée par la situation.

Elle ne s'attendait visiblement pas à tomber sur moi. J'ai effectivement l'impression qu'elle veut décamper d'ici.

— S'il te plait ne remue pas le couteau dans la plaie, me supplie t-elle incontestablement troublée et à la fois tendue.

C'est la première fois que je la sens aussi intimidée. Elle, qui me toisait en permanence, la voici qu'elle m'évite.

Je tente de chercher ses yeux afin de déceler une piste à son comportement plus qu'étrange, mais elle s'y refuse. Elle préfère me tourner le dos.

L'appart du Troisième (nouvelle version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant