Alors que je reviens vers lui avec une tasse de café bien fumante, je lui réponds :
— C'est plus un défouloir, j'avais besoin d'extrapoler ce qui était en moi.
Je ne veux pas qu'il lise ce que j'ai écrit. C'est confidentiel ! Je referme en conséquence, dans un toc compulsif, mon écran qui s'abat un peu trop fort sur le clavier. Ce qui me fait sursauter. Je suis très fébrile ces derniers temps. Mes nerfs sont à vifs. Et quand la voix de mon invité se fait entendre en prononçant un seul nom :
— Fabio ?
Je suis toute tremblotante. Décidément, tout le monde sait que ma vie tourne autour de cet énergumène du deuxième. Ne tenant plus sur mes jambes, je me laisse tomber près d'Avo sur le confortable canapé.
— Il m'a mise hors de moi ! m'exclamé-je sans vraiment le vouloir.
Parfois, pour ne pas dire souvent, je perds le contrôle de mes actes et surtout de mes mots. Mon corps sent le besoin de s'exprimer avant même que j'en prenne conscience. Ce qui m'amène à me demander si je ne suis pas en train de perdre totalement la tête.
— Qu'est-ce qu'il t'a encore fait, cette fois-ci ?
Je suppose que je pourrais lui dire la vérité sans pour autant qu'il se moque de moi. Mais le fait est que j'ai moi-même l'impression que toute cette histoire est irréelle. Pourtant, j'ai cette nécessité d'en parler. Peut-être pour y voir plus clair.
— Il a ri, prononcé-je dans un soufflement.
Et à la vue de ses yeux qui s'écarquillent, je comprends qu'il ne saisit pas le problème.
— Où est le mal, ma belle ? Il était d'humeur joyeuse.
Bien évidement, il est de son côté. A quoi je m'attendais ? Moi aussi, je ne réalise toujours pas vraiment que mon voisin ait pu avoir une telle réaction face à mon vécu. C'est bien là le souci.
Je dois absolument le dire à voix haute afin de l'imprimer une bonne fois pour toutes. Fabio n'est pas quelqu'un de sérieux, digne de confiance.
— Je me suis confiée à lui au sujet de l'accident, de ma souffrance, et il a tout simplement rigolé. Ça m'a fait si mal. Quel genre de personne fait ça ?
— C'était peut-être nerveux ? le justifie t-il.
Mais pourquoi Diable tout le monde prend sa défense ? Ils ne peuvent pas me dire tout simplement que c'est dans sa nature d'être ainsi, un véritable crétin.
— On n'a pas le droit de rire des malheurs des autres, riposté-je mécontente qu'il vole au secours de l'autre abruti.
C'est vrai, non ? Comment peut-il excuser cet ignoble personnage ? Il n'y a aucune justification à son comportement plus que méprisant.
— Attention ma jolie ! Je ne suis pas en train de le disculper.
Si ! Vous l'êtes ! s'exprime ma conscience avant que mon cher ami ne poursuive.
— Je dis seulement que ça ne lui ressemble pas. D'accord, il est insupportable. Mais, je ne le vois pas faire une telle chose.
— Pourtant, il l'a fait ! attesté-je avec les larmes aux yeux.
— Luisa ! Ne pleure pas ! Il doit y avoir une explication, parle-lui ?
Il tente de sécher mes yeux avec ses pouces, en vain. Ma colère surgit de part et d'autre de moi.
— Une raison ? C'est un imbécile, un idiot sans cervelle, voilà l'explication ! m'emporté-je contre le vieux bonhomme qui n'y est pour rien.
— Je saisis parfaitement ton point de vue. Cependant, tu ne peux pas t'énerver de la sorte. Tu dois lui laisser une chance de se justifier, me propose t-il.
Non ! Je lui ai déjà octroyer plus qu'il ne lui en fallait. Qu'il aille au diable !
— Je ne sais pas si j'ai encore la force d'entendre ce qu'il a à me dire, avoué-je finalement, en me calmant et en me blottissant dans les bras de mon grand-père d'adoption.
— Ma belle, tu sais que je te considère comme ma fille ? Comme ma petite fille à vrai dire, se reprend-il.
— Avo ! Tu es le papi que je n'ai jamais eu.
Il me caresse les cheveux tout en poursuivant :
— Je n'aime pas te voir ainsi. Je veux revoir la femme que j'ai vue le jour de ton arrivé dans ce quartier. Tu étais en pleurs mais heureuse. Je veux retrouver cette lueur dans tes yeux, ma jolie.
— C'est impossible avec Monsieur Monteiro dans les parages !
— Ça, c'est parce que tu l'aimes, insiste t-il encore et encore avec cette ânerie.
C'est absurde !
J'ai bien réfléchi sur ce sujet. Entre mon voisin et moi, il existe que des ressentiments et une forte attirance, en tout cas de mon côté. Du sien, je dirai qu'il oscille entre attrait et allergie envers ma personne. Il ne sait visiblement pas sur quel pied danser. C'est un incapable ! Il est impossible !
— Moi ? Amoureuse de ce personnage ingrat ? Avo ! Vous n'êtes pas sérieux ? le réprimandé-je avant de me reprendre. Vous avez peut-être raison, mais... non ! Enfin... non !
Je refuse de croire un instant que je puisse en être amoureuse. Pourtant ça expliquerait tant de choses...
— Ma chérie ! Si tu n'étais pas si éprise, il ne te toucherait pas autant. Tout ce que cet homme pense, dit ou fait, tu le prends en plein cœur, et les répercutions sont désastreuses.
— Que dois-je faire Avo ? lui demandé-je de l'aide, ne sachant plus quoi faire.
J'ai une douleur lancinante et atroce qui règne en moi depuis que monsieur Fabio s'est permis de se moquer ouvertement de ma souffrance.
— A toi de savoir ce que tu veux ma belle. Si tu veux être avec lui, il faut le lui dire, si au contraire, tu penses que c'est peine perdue, alors quittes ce lieu.
— Pour aller où ?
En l'écoutant, on croirait que ses méthodes sont simples. Or, je ne sais pas du tout comment m'y prendre et encore moins quelle solution est la meilleure. Je suis complètement perdue. Et si je me trompais totalement... Je suis si confuse !
— Ma porte te sera toujours ouverte mon enfant. Mais avant de prendre une telle décision, tu dois me promettre de bien y réfléchir ?
Je ne fais que ça, penser à lui, que ça me rend malade. Il faudrait mieux l'oublier, trouver un autre centre d'intérêt que mon voisin du dessous.
Je me rappelle soudainement que je suis venue au Portugal pour me retrouver, revivre, pas pour m'enticher d'une personne qui ne s'intéresse pas à moi et qui n'en vaut pas la peine.
— Promis Avo ! accepté-je tout de même sa proposition, sachant pertinemment que ma décision est prise.
Je le remercie en lui faisant un bisou sur sa joue gauche, ce qui le fait sourire et devenir tout rouge. Il est tout gêné.
Publié le samedi 6 janvier 2024
La suite de ce chapitre est pour demain.
Bonne journée !
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L'appart du Troisième (nouvelle version)
RomanceQuand l'amour frappe à la porte de Luisa Silva, en la personne de Fabio Monteiro, un homme arrogant, prétentieux et trop sûr de lui, Luisa n'a qu'une idée à l'esprit lui claquer celle-ci au nez. Du moins, c'est ce que sa tête lui dit de faire, mais...