Chapitre 34 Fabio 1/2

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— Oui ! J'arrive !

Qui est-ce qui frappe à la porte à cette heure-ci ? Ils ne savent pas que je dors, en début d'après midi ?!

Dans ma précipitation, je me prends les pieds sur ma couette jonchée au sol et fais un plat en essayant de me rattraper au matelas. Allongé sur le ventre à même le plancher, je remercie le ciel que personne ne m'est vu m'étaler comme une vulgaire crêpe. J'en aurais eu, à coup sûr, pour des mois de railleries.

Je finis par me relever après un énième toc.

Qui que cela puisse être, il ou elle est pressé. Je m'avance vers l'entrée en faisant attention à tout ce qui se trouve sur mon passage. Je parviens à destination, pas sans quelques bleus, mais en un seul morceau. J'ouvre et je salue la personne qui ose me déranger en plein sommeil.

— Avo, que fais-tu ici ?

— Je suis venu te donner une correction ! me réprimande t-il en entrant chez moi sans y être invité.

Je ne sais pas pourquoi, mais tout le monde se croit comme à la maison dans mon appartement. A croire, qu'il est écrit sur ma porte : Tout est permis ici !

Je referme et me tourne vers l'intrus qui a pris place sur l'un de mes canapés.

— Qu'est-ce que j'ai fait ?

— Je t'avais recommandé de lire le livre de Luisa, mais bien évidemment monsieur...

— Recommandé, n'est pas le mot que j'emploierai, tu me l'as plutôt exigé ! le coupé-je dans son élan.

— Alors pourquoi ne l'as-tu pas lu ? me demande t-il en s'installant confortablement tout en croisant ses bras.

S'il pense me faire peur, il a tout faux ! Ce n'est pas un vieillard au cœur d'ange qui peut me faire perdre pied, pas comme ma couette de tout à l'heure. Et en plus de ça, je l'ai lu son livre. Je ne vois pas pourquoi il s'emporte ainsi contre moi.

— J'ai feuilleté ton bouquin. Et pour tout te dire, je l'ai trouvé super, lui réponds-je tout en m'asseyant à mon tour sur le canapé d'en face.

— Alors tu es vraiment un crétin ! Elle a raison !

De qui il parle ? Ne me dîtes pas que ma voisine du dessus s'est encore plainte de moi ?

— Oh ! Doucement ! Je ne suis peut-être pas un gentleman, mais ça ne te donne pas le droit de me traiter de la sorte. Qu'est-ce qu'elle me reproche ? Je nettoie ses bêtises, lui fais à manger et ce n'est pas suffisant ? Elle aurait peut-être voulu que je me jette sur elle lorsqu'elle me faisait du gringue ?

Sincèrement, je n'étais pas très loin de céder à ses avances, mais l'image de ma sœurette sur ce lit m'a fait revenir sur terre. Je ne pouvais pas souiller sa chambre. Mes souvenirs avec elle dans ce lieu doivent rester intacts. Personne n'a le droit de les profaner, et surtout pas moi. Son odeur, son aura sont toujours présentes là-haut, pour combien de temps encore ?

— Du gringue ? Qu'est-ce que c'est ? m'interroge Avo.

Question, à laquelle, je ne compte pas répondre. Il y a de nombreux sujets que je traite avec lui, mais mes relations privées, c'est un thème inenvisageable, tout comme le sexe. Et si je pouvais éviter la conversation qui va suivre je le ferais. Je suis persuadé que ma chère voisine a raconté à mon vieil ami mon comportement d'hier, sans pour autant lui dire tout ce que j'ai fait de bien.

Pourquoi Avo s'est-il entiché de mon insupportable et adorable voisine ? Il m'a vu grandir. Il me connaît. Il sait qui je suis, à l'inverse d'elle. Je ne comprends pas. Il prends s'en arrêt sa défense. Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?

L'appart du Troisième (nouvelle version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant