Chapitre 23 Luisa 2/3

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Je me retourne, et le vois me fixer avec agacement. Il n'a rien d'autre de mieux à faire que de me reluquer de la sorte ? Il pourrait aller donner un coup de main à sa maman, s'il était du genre aimable et serviable, mais c'est sûrement trop lui demander.

Mon mécontentement est tel que je finis par lui demander :

— Un problème ?

— Que faites-vous ici ?

Il est aveugle ? Ça ne se voit pas ?

— Je pourrais vous demander la même chose ? Vous ne devriez pas être en train de vous préparer pour sortir ?

— C'est ma cuisine ! Vous n'êtes pas la bienvenue.

C'est quoi son souci ? Je ne fais rien de mal.

Il a probablement peur que je saccage sa cage en inox ? Ce n'est pas l'envie qui me manque, j'admets, mais je suis bien trop gentille pour ces sottises.

— Désolée, mais vous allez devoir me supporter un peu, le temps qu'une place se libère de l'autre côté.

— Rentrez chez vous ! m'impose t-il.

Il croit me faire peur avec ses exigences à deux balles. Il peut se mettre le doigt dans l'œil, s'il pense un instant que je vais les suivre.

— J'ai promis à Carla de rester avec elle toute la nuit.

— Elle n'a pas besoin d'un chaperon.

— Je suis là, seulement pour rassurer votre mère.

— Je m'en occupe ! affirme t-il du haut de ses un mettre quatre vingt, si ce n'est pas plus.

Sérieusement, je ne m'attendais pas du tout à ça. Il resterait jusqu'à la fermeture pour tenir compagnie à son employée ? Qu'on me pince, je dois être en train de rêver ?

— Je croyais que vous n'en aviez rien à faire de son sort ?

— C'est toujours le cas ! Mais je ne veux pas d'une étrangère ici.

— Je ne suis pas une étrangère ! Je suis... riposté-je, sans vraiment avoir d'arguments en ma faveur.

— Et vous êtes quoi alors ?

Il s'approche de moi tout en me scrutant de son air désapprobateur.

Afin de lui tenir tête, je me lève de mon siège et le toise avant de perdre pied. Je n'ai pas uniquement envie de lui arracher les yeux, non, mais un désir venant de nulle part surgit en moi ce qui me fait tressaillir. Je refuse de répondre à cette pulsion de lui sauter au cou.

Pourquoi Diable me fait-il ressentir tant d'émotions contradictoires ?

Il va me rendre dingue !

Je me re-concentre sur sa dernière question, essayant d'oublier ses différents sentiments qui se bousculent en moi.

— Une amie ! Mais pas la votre, souligné-je en le pointant du doigt.

Je ne veux pas qu'il y ait de confusion entre nous. Je ne serais jamais son amie, ou quoique ce soit d'autre, tant qu'il se comportera de cette manière.

Il est de plus en plus proche. Je le somme de faire exprès. Il sait pertinemment que j'ai de grosses difficultés à rester maître de mon corps quand il est au plus près de moi.

— Qui voudrait d'une amie comme vous ? accentue t-il avec ses yeux fixés aux miens. Pas moi !

J'ai énormément de mal à me contenir. Si ses mots me font mal, sa façon qu'il a de me scruter me fait chavirer dans un plaisir inavoué. Mais il est hors de question de me laisser manipuler par cette effusion de malheur.

— Ça tombe bien, je n'ai nullement envie d'être votre copine. Je voudrais plutôt que vous me lâchiez les basques afin que je puisse travailler un peu, lui exposé-je très calmement.

Je n'ai pas l'intention de monter sur mes grands chevaux, il n'en vaut vraiment pas la peine. J'ai déjà assez perdu de temps avec lui pour aujourd'hui.

Mais c'était sans compter sur son obstination. Sa bouche s'approche dangereusement de la mienne, je recule jusqu'à être stoppée dans ma course par l'imposant îlot central. Mon cœur tambourine avec force dans ma poitrine. Je suis à deux doigts de suffoquer quand monsieur change subitement de trajectoire. Je retrouve instantanément mon équilibre et me redresse pour le faire face, avant qu'il me hurle à mon oreille :

— Vous voulez travailler ? Alors, disparaissez de mon champ de vision.

C'est vraiment un odieux personnage. Je me demande ce que je peux bien lui trouver de si attrayant pour flancher à chaque fois qu'il m'accoste.

Pour la énième fois, je bats en retraite.

— Avec plaisir. Vous êtes vraiment insupportable ! crié-je en rangeant mon ordinateur dans ma sacoche.

— C'est bientôt fini, là-dedans ? Vous allez faire fuir les clients, nous assène Maria.

— Oui, ne t'inquiète pas. Je m'en vais, car il est impossible de parler avec cet énergumène ! exposé-je.

— Énergumène toi-même ! m'insulte t-il.

Il est carrément ignoble ! J'ai beaucoup de mal à croire qu'il a été un jour un homme différent qu'il ne l'est.

Je rentre chez moi, très énervée. Je ne parviens pas à me calmer malgré les minutes qui défilent. Il est vraiment incroyable ! Il ne se remet jamais en question. C'est moi la fautive, quoi que je dise ou quoi que je fasse. Comment font les femmes avec qui il sort pour le supporter ? Il est ingérable. Et pourtant je n'arrive toujours pas à le détester.

Suis-je en train de devenir folle ? 





Publié le samedi 9 septembre 2023

Alors cette énième altercation entre nos deux tourtereaux, vous a-t-elle plu ? 

On se retrouve demain pour la suite du chapitre. N'hésitez pas à me laisser un petit message d'encouragement ou un minuscule commentaire. 

Bonne journée ! 

L'appart du Troisième (nouvelle version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant