Chapitre 16 Fabio 1/2

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— Quoi ? me réveillé-je en sursaut.

J'attrape mon téléphone sur la table de chevet et m'aperçois très vite que ce n'est pas lui qui retentit dans l'obscurité. Par contre, l'heure affichée dessus me met en rogne et me fait parler tout seul.

— Ce n'est pas vrai ! Je viens à peine de fermer les yeux. Qui me déteste à ce point là pour sonner comme un aliéné à ma porte à cette heure-ci ?

Je me lève doucement et avance à reculons jusqu'à l'entrée de mon appartement, avec mon cerveau dans le cul. J'ouvre sans regarder par le judas et qui je vois ?

Je secoue ma tête, car j'ai l'impression que je suis en train de rêver. Un air de déjà vu. Que ferait-elle ici, devant chez moi avec ce sourire aux lèvres ? Elle ne vient pas se plaindre du bruit. Il n'y en a pas. Je regarde tout de même autour de moi, pour me rassurer de je-ne-sais-quoi. Je suis dingue, je sais !

C'est un mirage, un ange, rien d'autre... Ou bien un cauchemar ? Elle est là, pour me tuer de sang froid ?

Je me mords la langue pour être certain d'être endormi et non en train de faire un cauchemar tout éveillé. J'étouffe un énorme « Aïe ! » dans ma barbe. Je ne suis pas aller de main morte. Un goût de fer se fait sentir dans ma bouche. La prochaine fois, je me contenterai de me pincer, il y aura moins de séquelles. Mais cela a néanmoins eu le mérite d'affirmer qu'il ne s'agissait en aucun cas de mon imagination. Elle est bien là ! Je ne sais pas si je dois sauter au plafond ou lui claquer la porte au nez... Que me veut-elle ?

— Vous ?

Je la scrute des pieds à la tête. Je ne sais pas si se sont mes yeux encore endormis, mais je la trouve encore plus belle aujourd'hui. Pourtant, rien ne semble avoir changé en elle. Elle n'est toujours pas maquillée et a de nouveau sa choucroute au-dessus du crâne. Elle est vêtue d'une robe courte à manches longues bleu marine à imprimé floral qui s'arrête à mi-cuisse avec des collants noirs. Seul son décolleté est mis en valeur. C'est peut-être pour ça que je la trouve ravissante. Sa poitrine semble avoir pris un bonnet de plus. Je pense que c'est sa tenue qui veut ça. Ou bien elle l'a fait exprès pour me narguer... Quoi qu'il en soit, tout ceci ne me dit pas pourquoi elle est venue me déranger de si bonne heure.

Elle me dévisage, puis devient toute chancelante. Elle se retient à l'ouverture avec difficulté. Ses joues se colorent dans un joli rosé. Si elle ne me détestait pas autant, je croirais qu'elle est pleine d'envie à mon égard. Ses yeux brûlent d'impatience. Ils me cherchent puis me fuient. Je lui fais de l'effet. Elle peut le nier et le cacher autant qu'elle le veut, mais je sais détecter ce genre d'effluve. Elle a ce petit réflexe tout mignon de se mordre la lèvre inférieure, quand le désir se manifeste. J'aime lui procurer cette sensation.

Mais il est temps de savoir pourquoi elle est ici ? Elle n'est tout de même pas là pour m'admirer ? Oui ! Je suis presque nu, mais ce n'est pas la première fois qu'elle me voit ainsi.

Etant sur les rotules, je décide de mettre fin à son petit plaisir.

— Que faites-vous ici et que voulez-vous ? l'asséné-je brutalement à la figure, qui a le résultat de la contrarier et de gommer immédiatement le beau sourire de son visage.

Son regard en dit long. Elle aimerait m'arracher la langue ou les yeux, peut-être même les deux. Elle hésite.

Puis, l'instant d'après, je la surprends essayant de reprendre ses esprits. Et quand cela est fait, elle entre chez moi, sans y être invitée, pour ensuite s'exclamer d'un grand :

— Waouh !

Il faut dire que mon intérieur est très chouette. Le mariage du bois avec des pièces uniques de créateurs fait de mon séjour un endroit plein de charme et de modernité. Je n'ai nullement besoin qu'on me le confirme. Son envoûtement est immédiat.

— Ravi de constater que mon appartement vous plaît. Mais je ne vous ai pas convié à y entrer, je vous signale ! l'informé-je d'un air renfrogné.

— La dernière fois, non plus, je ne vous ai pas proposé d'entrer, et vous n'en avez fait qu'à votre tête, se défend-elle.

— Ce n'était pas pareil ! riposté-je à mon tour.

Après avoir jeter un regard à toute la pièce, elle fait comme chez elle, et s'installe sur mon canapé chesterfield en cuir gris anthracite. Elle est sans gêne.

Bizarrement, ce n'est pas pour me déplaire. Au contraire, plus je la côtoie et plus je la trouve parfaite. J'aime son mélange de sainte nitouche, d'angélique et de désinvolture. Elle est d'une fraîcheur renversante.

— C'est fou ce qu'elle est belle et son derrière, Hummm... Je le mangerais bien ! murmuré-je peut-être un peu trop fort, car vu sa tête, elle m'a entendu.

Je fais celui qui n'a rien dit et m'approche d'elle à petits pas.

Elle est soudainement très tendue. J'ignore si ce sont les mots que j'ai prononcés à son effigie ou bien le fait que je ne suis plus très loin d'elle qui la met dans cet état, mais l'issue est la même. Elle est bien moins confiante qu'il y a une minute.

— Non ! Car ici, c'est chez vous et au troisième c'est chez moi, me sort-elle peu certaine de ce qu'elle avance, avant de s'inquiéter de sa présence. Je ne vous dérange pas trop ?

Elle me fait quoi là ? Elle croit sérieusement que je ne lis pas en elle ? Que je ne sais pas ce qu'elle fait ici ? Ce qu'elle me veut ?

J'ai beau avoir la tête en vrille quand elle est avec moi, ce n'est pas pour autant que j'en perds les pédales. Elle est à la recherche d'informations, afin de me contrer.

— Qu'est-ce que vous me voulez ? Si c'est pour revenir sur le pari, il en est hors de question !





Publié le vendredi 21 juillet 2023

La suite du chapitre demain. 

Bonne journée !

L'appart du Troisième (nouvelle version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant