Chapitre 5 Luisa 2/4

318 38 10
                                    

Je prends tout ce dont j'ai besoin et je file en caisse. Cet endroit est très petit mais j'y ai trouvé le nécessaire, il y a même des produits français comme le camembert, le brie, des vins bordelais, ainsi que du Champagne. Mais j'ai plutôt opté pour des produits régionaux tels qu'un fromage de chèvre typiquement portugais ; un salpicao, un saucisson très prisé par ici ; un frango churrasco, un poulet rôti à la braise ; et des produits de la vie quotidienne : des pâtes, du riz, du poisson, de la viande de bœuf, des céréales, du lait, de l'huile d'olive... et pour me faire plaisir deux petites tablettes de chocolat noir et un gros paquet de chips, mes deux pêchés mignons. Je sais, ce n'est pas très sain, mais il faut bien se faire plaisir de temps en temps, et avec un voisinage qui me prend la tête, j'ai bien mérité un peu de réconfort.

La caissière est une dame d'une soixantaine d'année, elle me fait penser à Maria la propriétaire de mon appartement, elle a un sourire qui fait plaisir à voir et qui donne la bonne humeur à chacun de ses clients. Il suffit de voir le rire avec lequel ils sortent d'ici. C'est un bon remontant !

— Bonjour, me dit-elle avec deux magnifiques fossettes dessinées sur son visage.

— Bonjour !

— Vous êtes nouvelle par ici ?

— Oui, j'ai loué un appartement au-dessus de la pâtisserie un peu plus haut.

— Vous êtes sérieuse ? me reprend-elle, la mine totalement défaite.

Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi, le fait, que je vive au dessus de la pâtisserie semble être un souci ? Mon appartement est parfait. C'est un merveilleux cocon de douceur. Alors où est le hic ? Serait-il hanté ? Non ! Que vais-je encore chercher ?

— Il y a un problème ?

— Non, Maria est super. Mais...

Et elle ne dit plus un mot. Je suis de son avis, la propriétaire est une extraordinaire hôte, mais j'ai besoin qu'elle me dise ce qui cloche.

— Mais quoi ?

— Non rien, oubliez ! me dit-elle avec un faux sourire.

Je range mes articles dans ma charrette, je paye mes achats avec le sentiment que la caissière me cache quelque chose d'important. Et quand je suis sur le point de partir elle me souhaite tout naturellement :

— Bonne chance !

Alors là, je suis sûre qu'elle ne me dévoile pas tout, il se passe forcément quelque chose avec mon appartement, mais quoi ? Moi, qui m'y sentais bien, elle remet tout en question. Enfin, pas tout à fait !

Après avoir tourné toutes les conclusions qui me venaient à l'esprit, je suis maintenant persuadée que tout ce cinéma est dû à un seul homme et non à l'appartement en lui-même. Il a sûrement une mauvaise réputation dans le coin. Il est certain que s'il accueille tout le monde de la même façon que moi, il n'est pas prêt à se faire des amis. A mon avis, il en a contrarié plus d'un par ici.

Mais tout cela reste des suppositions. Comment savoir ce qui se trame dans la tête des gens ?

Quoi qu'il en soit je décide de ne pas y prêter beaucoup d'attention, car depuis que je suis au Portugal, je me sens un peu revivre. Si on m'avait dit que partir allait me faire du bien, je ne l'aurais pas cru. Et pourtant... A peine, ai-je posé un pied sur le sol portugais, que j'ai l'agréable surprise de me sentir renaître et la bienvenue parmi cette accueillante population. C'est sûrement prématuré de penser ça, surtout qu'il existe de partout des personnes peu chaleureuses, et je suis bien placée pour le savoir, mais qu'est-ce qu'un seul individu peut-il faire parmi une multitude d'autres ? Je veux croire qu'il ne m'atteindra pas. Et c'est ainsi que je vais poursuivre mon chemin, en ayant la sensation d'avoir enfin trouvé ma place. 





Publié le dimanche 21 mai 2023

La suite est pour vendredi prochain. 

Passez une bonne semaine. 

L'appart du Troisième (nouvelle version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant