Chapitre 2.

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Le silence est sourd entre nous. Mon interlocuteur est décontenancé. Il ne devait pas s'attendre à une pareille requête. Malheureusement pour lui, rien au monde ne me fera changer d'avis. Je ne veux ni or ni bijoux, seulement cette carte. Le capitaine Whitley finit par me répondre, trahissant sa contrariété.

- C'est impossible.

- Vous savez que c'est faux. Vous avez juste à me la léguer.

J'expose des faits, aussi simples soient-ils. Rien ne m'assure que ce pirate compte me transmettre l'objet de mes désirs aussi facilement, mais, je suis prête à négocier. J'ai besoin de cette carte. Elle marquera le début de mon dernier périple. Un dernier voyage en mer..

- Ce n'est pas un objet qu'on peut marchander, lance-t-il agacé.

- Alors si cette pierre de lune que je me suis donnée tant de mal à trouver vous ait si indifférente, je pense que nous n'avons plus rien à nous dire.

Je me retourne pour pouvoir m'extirper de la foule mais suis stoppée presque instantanément par une main lourde. Elle m'attrape le poignet avec fermeté, menaçante. Malgré moi, je ne peux m'empêcher de laisser échapper un sourire franc. Ma ruse marche.

- Je n'ai pas encore fini.

La tension monte de manière inattendue. À travers sa poigne, je peux sentir la tension de de mon acheteur. Autour de nous, le paysage est grotesque. Les civils déchaînés m'évoquent des bêtes affamées. Ils hurlent. Ils couinent. Ils s'entrechoquent. Le sang des pirates les stimule.

- Vous savez ce que je souhaite. C'est ma seule monnaie d'échange.

- Vous ne comprenez pas, j'ai besoin de cette pierre de lune.

- Et bien moi j'ai besoin de cette carte.

Mes chuchotements se font de moins en moins discrets. Je me sens perdre patience. J'avais conscience qu'il ne me donnerait pas la carte aussi facilement mais j'espérais qu'il soit moins catégorique. Qu'est-ce que ça peut lui faire de m'échanger la carte, il a déjà tout ce qu'un pirate peut imaginer !

- La carte...N'est pas échangeable.

Son autorité naturelle me fait comprendre qu'il y a très peu de chances qu'il change d'avis. Sa main est toujours accrochée à mon poignet et il appuie un peu plus sur sa poigne. Il ne négocie pas, il ordonne. Il me prouve dans ses gestes que c'est un capitaine de renom et non un moussaillon de pacotille. Il a de l'expérience avec les receleurs sauf que je ne suis pas le genre de personne qui accepte les menaces. Il reprend calmement :

- Je ne prends pas tous ces risques pour repartir sans la pierre.

- Lâchez-moi immédiatement avant que je ne vous coupe la main.

De ma main encore libre, je tiens fermement mon poignard. Je lui suggère que je suis armée en faisant refléter la lumière que projette le soleil sur son poignet. J'ai affûté ma lame pour l'occasion. Venir sans arme dans un port aussi stratégique et fréqeunté que Longdale aurait été du suicide. Sans se précipiter, mon interlocuteur lâche mon poignet. Il demeure toujours aussi proche mais il n'exerce plus une pression physique sur moi. Je ne sais pas de quoi cet homme est capable, alors je préfère prendre ses menaces très au sérieux. Le fait de ne pas encore vu son visage me paraît comique. Je n'ai pas besoin de le voir, je sais très bien qui il est.

- Je ne peux pas...C'est le dernier cadeau que m'a fait mon père avant de périr.

- Votre père vous a légué bien des trésors, un de moins ne vous fera pas de mal.

- Ce n'est pas un trésor comme les autres. Vous en avez conscience.

Je souffle d'exaspération en jetant un coup d'œil à monsieur Smith qui attend toujours la mort. Notre discussion ne mène à rien et la tension monte petit à petit, l''air devient plus électrique. Il ne renoncera pas et moi non plus. Je n'avais pas imaginé qu'il serait aussi intransigeant. Il ne veut pas se séparer de la carte, sous aucun prétexte, même en sachant que je suis celle qui peut lui donner ce dont il a besoin. La seule chose qui ne lui appartient pas encore. La pierre contre la carte.

La carte des 1001 contrées est l'objet ayant le plus de valeur dans ce monde. Une carte qui est au centre de plusieurs centaines de légendes. Un objet capable de conduire vers des contrées encore inexplorées. Des milliers de trésors attendent ma venue. De nouvelles mers attendent d'être naviguées. J'ai besoin de cette carte. J'en ai besoin pour entrer dans la légende. Mon souhait le plus cher est de trouver le trésor le plus convoité des océans : le trésor d'Aëloria. Je veux que le monde sache que la première personne à traverser les brumes d'ombre et d'en revenir, est une femme.

L'amiral décoré de plusieurs médailles vient tout juste de terminer son discours.

- Tous ces crimes que vous avez commis sont passables de la peine de mort. Vous êtes donc condamné à être pendu haut et court jusqu'à que mort s'en suive.

- Sortons d'ici. Venez avec moi. Nous pourrons négocier ailleurs.

Je décide enfin de me tourner dans la direction de mon acheteur. Pour la première fois, je croise son regard. Je ne peux m'empêcher d'admirer chaque détail de son visage. Sa grande taille me ferait presque complexer sur la mienne. À travers sa longue cape, je devine une carrure imposante. D'ordinaire, il ne doit pas passer inaperçu. C'est une prouesse qu'il a réussi à faire aujourd'hui. Le haut de son crâne est couvert d'un capuchon pour couvrir une partie de son visage. Quelques mèches s'en échappent, ses cheveux noirs de jais et mi-long forment des ondulations. Ses sourcils fournis encadrent et mettent en avant le bleu de ses yeux.

Des yeux de la couleur de l'océan.

Sa mâchoire carré le trahit, il est tendu. Comme moi, le pirate a senti l'agitation des civils. Sa barbe naissante me prouve qu'il n'a pas eu le temps de se raser, crédibilisant son retard. Les rumeurs sont donc vraies, le capitaine Whitley est un bel homme.

- Vous me pensez assez idiote pour vous suivre sans avoir de garantie que je vais repartir saine et sauve ?

Du coin de l'œil, l'amiral s'approche et resserre la corde à monsieur Smith. J'en arrive presque à avoir de la compassion pour cet homme. Je ne peux que lui souhaiter que sa mort soit prompt.

- Je vous jure sur l'honneur de la famille Whitley que si vous venez avec moi, il ne vous arrivera rien. Vous ne serez victime d'aucune blessure.

Il a juré sur l'honneur de sa famille, de sa lignée. Je ne peux que croire à cette promesse. Il ne met pas seulement en jeu son honneur mais aussi celui de ses prédécesseurs. Quoi qu'il en soit, il me faut cette carte. Si je dois le pourchasser dans les contrées les plus lointaines, je le ferai sans hésiter. À travers la foule, je remarque une femme qui ne m'est pas inconnue, pointer du doigt dans notre direction. Elle discute avec un soldat et le regard de ce dernier finit par croiser le mien. Le plan se déroule à merveille.

- Capitaine Whitley.

- Oui ?

Ses pupilles n'ont cessé de me fixer depuis que nous avons découvert nos visages. J'ai entendu de nombreuses histoires sur ce pirate. Un fils prodige descendant d'une famille puissante. On dit que tout petit, il avait déjà d'énormes capacités pour la navigation. De père en fils. Le sang pirate coule dans ses veines. Comme depuis des générations, cette famille continuera de perdurer.

- Je dois vous informer que nous sommes repérés.

𝐋𝐄 𝐌𝐎𝐍𝐃𝐄 𝐄𝐓 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐄𝐍𝐂𝐎𝐑𝐄 [𝑒𝑛 𝑟𝑒́𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑡𝑢𝑟𝑒]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant