Chapitre 43.

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Je suis la première à mettre un pied à terre. Le sable noir épouse parfaitement la semelle de mes bottes abimées. Je me baisse et laisse filer les grains noirs entre mes doigts. Légalement, si je suis la première personne à poser un pied sur cette île, elle doit porter le nom que je lui choisis. Un sourire timide se dessine sur mes lèvres. Petit à petit, je monte les échelons. Il y a dix ans j'étais une simple moussaillon qui ne connaissait rien à la navigation. Depuis cette époque épouvantable, je ne fais que gagner en popularité. Mon statut de navigatrice a beau me plaire mais je veux plus que ça. J'ai besoin de plus.

Une culpabilité imprévisible me tombe sur les épaules. Comment puis-je penser à ça alors que l'une de mes filles s'est sacrifié pour nous, pour moi ?

Si je dois nommer cette terre, le nom sonne comme une évidence pour moi. L'île Aelis. Le soleil du Red Shell. C'est grâce à son sacrifice que nous sommes ici. Nous lui devons tous et toutes la vie. Elle a offert son corps aux monstres marins pour que nous puissions vivre. Je détourne mes pensées de la mousse que je viens de perdre par crainte de ne pas réussir à penser à autre chose.

La jungle qui se dresse devant moi est dense. Aucun son ne s'échappe de l'endroit. Ni les stridulations des insectes ni les rugissements d'animaux. La nature est beaucoup moins colorée que sur l'île de Qaffaya, là où logeait la sorcière Illu. Ici, la faune semble morte.

Octave, qui pensait sûrement qu'on ne s'en sortirait pas, se jette sur le sol lourdement. Nous tenons tous à peine sur nos jambes. Ce combat avec le monstre nous a tous épuisés mais nous ne pouvons pas nous permettre de nous reposer. Nous devons être efficaces si nous ne voulons pas rester indéfiniment sur cette île qui ne m'inspire rien de bon. Le visage d'Aelis me revient en tête et mon sourire se fane.

– En avant, ordonné-je.

Je me dirige vers la jungle quand la voix de Nox me reprend :

– Et où comptes-tu aller où comme ça ? On a aucune idée d'où aller !

– On...On va ratisser la forêt !

Bien que je ne sois pas assurée, je propose un plan. Un plan bancal certes, mais un plan tout de même. Nox rit aux éclats suivis de ses matelots.

– C'est n'importe quoi. As-tu perdu la raison ? On ne connaît rien de cette île et tu veux qu'on la traverse comme si de rien n'était ?

Je demeure muette. Il a raison mais je ne veux pas lui donner cet honneur.

– Ces monstres sont surpuissants, qu'est-ce qu'il nous dit que ce n'est pas aussi le cas de cette île ?

– Oh la ferme, murmuré-je en grinçant des dents.

𝐋𝐄 𝐌𝐎𝐍𝐃𝐄 𝐄𝐓 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐄𝐍𝐂𝐎𝐑𝐄 [𝑒𝑛 𝑟𝑒́𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑡𝑢𝑟𝑒]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant