Chapitre 15.

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Sans perdre de temps, je cours le plus vite possible vers le gouvernail. Je monte les marches par deux, suivie de près par Zephyra. Une fois à la barre, haletante, je redresse la trajectoire du navire.

– Abattez les voiles !

– Chargez les canons ! crie ma seconde.

– Non !

Zephyra se retourne vers moi, interloquée. Une fois qu'elle me voit tout sourire, elle saisit immédiatement le fond de ma pensée et laisse un petit ricanement s'échapper.

La coque du Shell tranche l'océan avec une détermination sauvage. Le grondement des canons résonne dans mes oreilles. Ils nous tirent dessus avec du beau matériel mais leurs canonniers sont bien moins précis. Le Red Shell abrite un équipage est vif et expérimenté. Nous approchons du navire ennemi. Les pavillons bleus de L'Ordre des Vents flottant au gré du vent. Le squelette du bâtiment est similaire à celui du Shell, il est aussi d'une taille correcte et bien entretenu. Mon cœur bat fort dans ma poitrine, amplifié par l'excitation de l'affrontement imminent.

Nos deux bateaux sont presque face à face, les soldats sont prêts à aborder. Un silence tendu enveloppe l'air alors que les deux navires se frôlent. Les hommes de L'Ordre sont alignés de manière disciplinée. Ils scrutent notre pont avec une intensité militaire. Comme bien souvent lorsqu'ils voient des femmes à bord, ils se mettent à rire. Ils perdent en concentration et pensent que la bataille est déjà gagnée. Sauf qu'à la fin, ils finissent tous par implorer ma pitié.

L'atmosphère est électrique et chargée d'anticipation. L'assaut est imminent. Les cris de l'équipage de L'Ordre des Vents résonnent comme une déclaration de guerre, annonçant le lancement inévitable de l'abordage. Une seconde plus tard, ils se sont presque tous infiltrés sur le Shell.

– Pas de quartier !

Mes mots motivent mes filles et les combats débutent. Le fer s'aiguise. Dès lors qu'ils posent un pied sur le Shell, les filles entrent dans une rage destructrice. Ils violent notre bulle de sororité et salissent notre havre de paix. Vite, les uniformes bleus se teintent de sang et les corps s'empilent. Je remarque que Aelis, bien qu'en apparence fragile, se bat comme un beau diable. Elle croise le fer avec un soldat qui fait le double de sa taille. Tout à coup, elle entend un cri qui l'interpelle. Sa demi-seconde d'inattention suffit pour le soldat pour lui abattre un coup sec. Elle lâche son arme et tombe au sol.

– Relève-toi !

Je crie mais personne ne m'entend. Ma gorge s'assèche et je serre si fort le gouvernail que le bois craque sous mes doigts. Le bruit du fer qui s'entrechoquent n'existe plus ni même les cris de douleur. Je ne perçois que ce long sifflement avec un arrière goût poisseux dans la bouche. Je suis sur le point d'assister à sa mort. Elle se sera faite tuer pour avoir penser aux autres. Le soldat s'apprête à lancer son coup fatal quand soudain sa tête tombe dans un bruit presque comique. Derrière lui, se trouve Zephyra, aussi appelée la faucheuse des flots. Elle tend la main à Aelis pour la remettre sur pieds et elles repartent aux combats à l'unisson.

Tout mon équipage se bat avec bravoure. À mi-chemin sur les escaliers, alors que je m'apprête à prendre part à la bataille, je me souviens de lui. Whitley. Je saute des dernières marches qu'ils me restent à descendre et tombe sur quelques soldats. Par manque de réaction, je plante ma lame dans leurs cœurs avant qu'ils n'aient le temps de le faire. J'esquive les coups d'épées et mes pas me guident vers le mât principal. D'en bas, il observe les batailles d'un œil envieux. Quand il remarque ma présence, un coin de sa bouche remonte, trahissant un demi-sourire.

– Tu es venu me chercher pour du renfort ?

– J'ai besoin que tu vives encore un peu.

– Tu es sûre que la carte n'est pas un prétexte pour passer du temps avec moi ?

Je tire la grimace et sors ma dague pour commencer à scier les cordages. Le bruit du choc des sabres a pris le dessus sur les hurlements. À mes pieds, le sol se recouvre de sang. L'odeur de la mort qui émane du navire pourrait faire tourner la tête à n'importe quel continental. J'espère qu'aucune de mes filles n'est gravement blessée.

– D'ailleurs comme tu m'as attaché au mât comme un malpropre, j'ai eu le temps de prendre des notes.

Ma lame de dent d'Eosum est affutée mais ce sont mes mouvements qui sont trop dispersés. Les fils cèdent un à un. À la hâte, mes gestes se font plus brusques. J'ai la crainte que l'on me prenne par surprise, je ne suis pas en sécurité. Faire dos aux combats est normalement interdit. Le pirate reprend :

– Tu navigues comme un singe. Tes techniques de combat doivent encore être améliorées. Ton navire manque d-

– Oh mais c'est fini oui !

Une fois libéré, Whitley m'attire vers lui. Son visage est proche du mien. Je peux sentir son souffle mentholé s'écraser contre mes lèvres. Je me noie dans ses yeux bleus, capturant la beauté de l'océan. La blessure à sa lèvre inférieure n'a pas cicatrisée. Elle vient de se réouvrir, laissant apparaître quelques gouttes de sang.

– Si je ne t'avais pas rencontré dans ses circonstances, je t'aurais sûrement toléré Drachen.

– Que veux-tu ? Le destin a fait que l'un de nous deux finira par assassiner l'autre.

Son sourire narquois me captive assez pour que je baisse ma garde. Sa grande main attrape le pistolet accroché à ma ceinture. Quand je comprends que c'est lui qui aura ma peau en premier, mon visage se décompose. Il braque mon arme dans mon dos et tire. Il ne m'a pas tiré dessus, il vient de me sauver la vie.

– Je ne laisserai personne m'enlever le plaisir de t'abattre moi-même demi-portion, ricane-t-il.

Je me tourne vers l'homme qui se vide de son sang, gisant au sol. Celui qui était prêt à me tuer quelques secondes plus tôt. À la vue de sa jambe ensanglantée, je m'exclame :

– Tu l'as raté ! Tu ne l'as même pas tué.

– Ce n'était pas le but.

Je fronce les sourcils à cette remarque et me relève. Il me tend mon pistolet que je remets à ma ceinture. Il se penche pour attraper un sabre qui appartient à l'ennemi. Je lui déclare d'une voix méfiante :

– Aujourd'hui et seulement aujourd'hui, je m'allie à toi.

Sans que je ne l'anticipe, un soldat se jette sur moi mais je pare son coup avec précision.

– Fais attention, tu risques d'y prendre goût.

– Permets-moi d'en douter !

Le soldat face à moi est encore si jeune, sa peau aussi lisse que celle d'un bébé. Mon estomac se soulève en observant ses traits. Il devait avoir son âge quand il s'est engagé pour L'Ordre des Vents. Nous nous battons avec bravoure et la rage de vouloir protéger notre sanctuaire. Nous finissons par prendre l'avantage et après ce combat acharné, les derniers survivants jettent leurs armes. Ils se rendent, pourtant, les affrontements n'étaient qu'un avant-goût. Que les choses sérieuses commencent.

𝐋𝐄 𝐌𝐎𝐍𝐃𝐄 𝐄𝐓 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐄𝐍𝐂𝐎𝐑𝐄 [𝑒𝑛 𝑟𝑒́𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑡𝑢𝑟𝑒]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant